Martin

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J'étais encore essoufflé du sprint que je venais de faire pour fuir les gens qui me poursuivaient après ce que j'avais fait au beau-père de Christine, un dénommé Émilien. Mais maintenant, je devais trouver un moyen de rentrer chez moi, et vite. Je savais que le passage qui ramenait au tunnel était dans un buisson dans le jardin de Christine, mais je ne savais absolument pas comment y revenir sans être encore poursuivi. Surtout après le désastre que j'avais laissé derrière moi.

Créer un feu venant de nulle part m'avait utilisé beaucoup d'énergie. Je m'asseyais, épuisé, sur le perron d'une porte pour reprendre un peu de souffle. Je devais réfléchir à un plan pour revenir dans mon époque, où mon père devait m'attendre avec impatience pour me faire regretter de m'être rebellé. En attendant d'avoir un plan qui tenait la route et qui pourrait m'aider à retourner chez moi, je décidais de rester là et de me reposer plus longtemps. Je n'avais pas besoin de me perdre dans cette ville trop moderne pour être sûr d'être au calme.

Le soir était tombé, et j'avais plus ou moins planifié ce que j'allais faire. Je n'étais pas expert pour élaborer des plans, je n'avais jamais eu besoin d'en faire avant aujourd'hui.

Dès que la lune avait commencé à monter dans le ciel, je sortis de l'ombre de la porte d'entrée où personne n'était venu me déranger et je commençai à revenir sur mes pas, dans la direction de la maison de Christine. J'avais de la chance, il n'y avait personne dans les rues. Une fois que je fus arrivé devant la maison de ma collègue de tunnel, je me mis à marcher sur la pointe des pieds. Ils guettaient peut-être mon passage, et, dans ce cas, je devais rester prudent. J'arrivai doucement devant la clôture, et, après avoir vérifié que personne ne traînait dans la ruelle, je sautai au-dessus du muret de bois qui barrait mon chemin. J'atterris parfaitement derrière, me réceptionnant sur mes deux pieds. Je retrouvai aussitôt mon sens de l'équilibre. Je courus jusqu'à buisson où j'étais apparu. Mais en fouillant dedans, je remarquai que les tunnels n'y étaient pas ! Mon cœur se mit à battre de plus en plus fort. J'allais être coincé ici pendant combien de temps ? Je m'asseyais au sol, réfléchissant désespérément à un moyen de rentrer dans mon époque, totalement désemparé par la tournure des événements. Soudainement, la porte de la maison à qui appartenait le jardin s'ouvrit et une lumière aveuglante en sortit. Je me cachais les yeux avec mes mains pour ne pas être éblouis. Une silhouette apparue dans la lueur, faisant dans le cercle de lumière une ombre humanoïde. J'eus un mouvement de recul. Était-ce un des parents de Christine ? Car si c'était le cas, j'allais passer un très mauvais quart d'heure. Je fus immédiatement soulagé quand je me rendis compte que la personne qui se tenait en face de moi était juste Christine.

- Tu cherches les tunnels ? s'enquit-elle en me voyant à moitié enfoui sous le buisson.

- Oui, mais ils ont disparu.

- Non, je ne crois pas, fit-elle en se retenant d'éclater de rire. Tu t'es juste trompé de buisson.

Je regardais plus attentivement. En effet, plusieurs autres buissons se trouvaient à mes côtés, camouflés dans la pénombre.

- Je n'y avais pas songé, m'expliquais-je, honteux. Et puis on ne voit pas grand-chose dans le noir.

- Je sais, dit-elle, compatissante. Viens, je vais te montrer où se trouvent les tunnels avant que tu ne retrouves complètement couvert d'épines.

Les quatre élémentsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant