Juliette

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Il était dix-sept heures tout pile. Les autres apprentis devaient déjà être arrivés, mais j'étais seule dans la salle. Peut-être que les tunnels ne s'étaient pas ouverts quand ils avaient voulu y aller. Je commençais à me demander s'ils voulaient toujours m'aider ou s'ils avaient changé d'avis et qu'ils étaient restés chez eux. Mon cœur s'alourdit à cette idée, mais au fond, ça me paraissait logique. Ils n'avaient aucune raison de risquer leur sécurité alors qu'ils pouvaient rester chez eux et vaquer à différentes activités moins dangereuses. C'est alors que j'entendis des bruits de voix venant du tunnel de Terre. Mon cœur s'accéléra quand je reconnus le son heureux de la voix de Martin. En effet, l'apprenti de Feu apparut par le même tunnel que Michael, qui était là aussi. Christine arriva de sa galerie environ une dizaine de secondes plus tard.

- Voilà le plan. Il est un plus détaillé qu'avant, mais reste très simple grâce à nos pouvoirs à tous. Je vais le répéter une dernière fois au cas où. J'ai passé toute la matinée à inspecter le commissariat le plus discrètement possible. Michael, tu te posteras derrière le bâtiment, pour détruire le mur. Christine, tu te posteras devant et tu feras diversion avec l'aide de Martin. Utilisez vos pouvoirs, je pense qu'ils occuperont les policiers, mais évitez de vous faire repérer.
- Les policiers ? Qu'est-ce que c'est ? s'étonna Michael.
Je ne compris pas tout de suite ce qui le rendait perplexe avant de me rappeler qu'ils n'existaient pas au XVIIIe siècle.

- C'est l'équivalent des gardes, ou des gens qui s'occupent de votre sécurité, je ne sais plus comment vous les appelez. Il y en a dans toutes les villes, m'empressais-je de répondre avant de continuer d'expliquer mon plan. Moi, pendant ce temps, je serais avec Michael et j'aiderai Norbert à sortir, au cas où il serait blessé. Je pourrai aussi lui expliquer la situation. Il est déjà au courant pour les tunnels, alors n'ayez pas peur d'en parler devant lui.
Martin parut légèrement blessé de ne pas être avec moi, mais je lui fis comprendre que moi aussi d'un regard en sa direction que je me rachèterai.

- Êtes-vous prêt ?
- Oui ! s'exclamèrent mes trois amis en chœur.
- Tant mieux. En route !
Nous étions tous à nos postes. Martin et Christine étaient devant pendant que Michael et moi restions cachés dans les fourrés juste derrière le poste de police. Normalement, le mur devant nous était celui des prisons provisoires, avant que les détenus ne soient emmenés ailleurs. C'était à l'apprentie de Vent de donner le signal. Nous n'attendions pas longtemps. Un cri retenti à l'entrée du commissariat. Michael se leva et donna un énorme coup de poing dans le mur qui s'écroula immédiatement. Normalement, Norbert était censé se trouver de l'autre côté. Je sautai par-dessus les débris en essayant de retenir une quinte de toux causée par la poussière, pour ne pas nous faire repérer.

- Qui êtes-vous et que me voulez-vous ? tonna la voix de mon ami qui n'avait pas dû me reconnaître.
- C'est moi, Juliette, chuchotais-je en m'étouffant à moitié tant la poussière s'accumulait autour de moi. On est là pour t'aider à t'évader, mais il faut faire vite.
- Juliette ? Mais c'est hyper dangereux ! Merci.
Il m'épaula par mon bras encore fort et nous sortions de la prison. Michael était là et montait la garde pendant que Christine et Martin arrivaient en courant.

- Il faut se dépêcher, haleta ce dernier. Ils nous ont vus et ils nous poursuivent. J'ai été obligé de laisser l'incendie sans contrôle.
- Tu as créé un incendie ? fit Norbert, stupéfait.
- Oui, et Christine s'occupait qu'il ne blesse personne, mais ils nous ont obligés à rebrousser chemin. Tant pis pour eux.
- Il faut que nous rentions, et en vitesse.

Nous détalions sans demander notre reste. Nous avions assez de problèmes comme ça, pas besoin d'en avoir plus en se faisant attraper maintenant.
Sur le chemin, mes amis firent connaissance de mon hôte, et vice-versa. Heureusement, Norbert perdit rapidement son air sombre et silencieux pour rire à leurs blagues et échanger un peu. Il leva son pouce gauche en l'air quand il vit la main de Martin emmitouflée dans la mienne qu'il retira aussitôt, gêné. Je ne savais pas lequel d'entre nous avait prit celle de l'autre, mais ce contacte ne me dérangeait pas, tout le contraire même. Ce fus arrivé devant chez moi que je m'aperçus de la chance que j'avais aujourd'hui, d'être entourée par tant de monde. Je n'avais pas espéré être avec autant de personnes que j'aimais et en qui j'avais confiance à la fois, mais je ne m'en plaindrais jamais.

Les quatre élémentsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant