Les quatre éléments

Juliette

Je me réveillai tranquillement. Aujourd'hui, j'allais pouvoir enlever mon plâtre. J'avais guéri en quatre jours, un temps record. Je ne savais pas pourquoi, mais j'étais sûre qu'Eau y était pour quelque chose. Je regardai mon réveil, qui indiquait qu'il était dix heures trente. Heureusement, Norbert n'avait pas eu besoin de moi dans l'atelier ou dans le potager, car, même si nous étions dimanche, nous devons travailler. Cela ne nous dérangeait pas, nous étions tous les deux des travailleurs, surtout quand c'étaient des choses qu'on aimait faire.

Je pris le temps de sortir de mon lit, pas totalement sortie de mon sommeil, mais ce que je vis par la fenêtre me ramena aussitôt à la réalité : une épaisse fumée s'envolait dans le ciel. Quand j'essayais de voir d'où elle provenait, je me rendis compte avec horreur qu'elle devait provenir non loin de la rue où Jack et son groupe m'avaient recueilli quand j'étais poursuivi par les gens de l'orphelinat.

Sans plus réfléchir, je troquai mes chaussons contre des chaussures, enfilai rapidement mon manteau et sortis en vitesse.

- Où vas-tu comme ça ? me demanda Norbert du jardin, voyant que je filai en direction de la ville.

- Je vais aller rendre visite à Jack, voir s'il va bien, mentis-je à moitié, mon vrai objectif étant de savoir d'où provenait cette étrange fumée noire qui ne promettait rien de bon.

Il ne dit rien. Il devait savoir ce que je comptais vraiment faire. Je vivais avec lui depuis maintenant un peu moins de deux semaines, mais j'avais l'impression qu'il me connaissait depuis toujours et anticipait tout ce que je voulais faire.

Je marchai d'un pas tranquille tant qu'il pouvait me voir, sachant très bien qu'il me suivait du regard, mais, dès que je fus hors de portée de sa vue, je me mis à courir, le cœur battant à tout rompre. J'espérais qu'il n'était rien arrivé à mes amis qui m'avaient sauvé.

Environ deux ou trois minutes plus tard, j'étais arrivée dans la rue du groupe. Je fus terrifiée de voir qu'une maison avait brûlé, et que c'était bien la leur. Ma supposition était donc vraie. Maintenant, la bâtisse était éteinte et une odeur de carbonisé flottait dans l'air. Je me dépêchais d'aller voir le groupe qui était un peu plus loin, essayant de voir si tout ceux que je connaissais étaient encore en vie et en un seul morceau. Après un rapide tour, je m'aperçus que tout le monde allait bien. C'était rassurant.

Peu de temps après mon arrivé dans la ruelle, les pompiers arrivèrent à leur tour. Ils préparaient du matériel pour éteindre l'incendie, mais Jack les arrêta net.

- Que faites-vous ? Vous êtes arrivés trop tard, l'incendie est déjà éteint !

Les sauveteurs, un peu étonnés, firent demi-tour sans demander leur reste. Ils pensaient probablement être tombé dans une mauvaise farce.

De mon côté, je menais l'enquête. Qui avait bien pu éteindre cet incendie ? Le printemps venait à peine de débuter, et il n'avait pas plu, sinon le sol aurait été mouillé, alors ce n'était pas la météo qui avait aidé.

J'entrais dans ce qu'il restait de la maison brûlée. Là, devant moi, se tenait une jeune fille, qui devait avoir quinze ans, comme moi. Son tee-shirt était déchiré au niveau du dos et je voyais des drôles de marques violettes, comme si elle avait été frappée. Elle avait des cheveux blonds, et une petite marque sur son bras gauche qui ressemblait à trois traits qui ondulaient. Ils ressemblaient au signe du vent qui se trouvait dans la grotte... Dès que je vis le symbole, je compris immédiatement qui se trouvait en face de moi. Ce devait être l'apprentie de vent ! Je la réveillais doucement. Elle semblait fatiguée. De gros cernes étaient visibles sous ses yeux, et elle peinait à se relever, même quand je l'aidais.