Une semaine et demie s'était écoulée depuis que j'étais arrivé dans la maison de Norbert. En ce peu de temps, j'avais appris à bricoler des objets simples, comme des horloges, ou des petits jouets où il suffisait de tourner une clé pour qu'il fasse de la musique. J'avais aussi beaucoup parlé avec lui, et je le connaissais comme si ça faisait des années que nous étions amis et pas une semaine. Une des premières choses que j'avais apprises sur Norbert était qu'il ne travaillait plus en tant que mécanicien même si on gardait souvent cette image de lui, il vivait simplement du travail de ses mains et de ce qu'il ne mangeait pas et qui provenait de son agriculture. En effet, il avait une véritable passion pour le travail du bois, et un petit champ derrière, avec lequel il nourrissait quelques personnes du quartier.
Avec tout ça, j'avais complètement oublié les tunnels, et quand j'y repensais, j'étais occupé à aider mon ami à l'atelier ou bien, j'étais trop fatigué pour les chercher... Et pourtant, un soir où je me couchais plus tôt que les autres, je fus étonnée de voir le même tunnel que celui dans la rue des adultes. Il m'avait suivi ! Il devait donc être magique, même si je m'en étais déjà un peu douté dès le début. Heureuse, je descendis dedans. Une fois arrivée dans la salle centrale, je vis Eau. Je lui demandai gaiement :
- Bonjour Eau, que fais-je faire aujourd'hui ?
Son visage s'illumina quand elle me vit, et j'étais sûre que la lumière n'y était pour rien.
- Tu vas aller chercher les autres apprentis. Cela fait plus d'une semaine qu'aucun de vous quatre êtes venus ici et nous sommes inquiet. Normalement, vous devriez venir ici tous les trois ou quatre jours pendant votre formation. On s'inquiète beaucoup que plus personne ne vienne, car vous devez être prêt pour...
Elle s'arrêta au milieu de sa phrase, comme si elle était à deux doigts de dire quelque chose qu'elle ne devait pas divulguer.
- Tu iras d'abord voir l'apprenti de Feu, un dénommé Martin, continua-t-elle finalement. Puis pendant qu'il s'occupera d'aller voir l'apprentie de Vent, tu iras voir l'apprenti de Terre. Bonne chance à toi, j'espère sincèrement que tu y arriveras, car c'est peut-être notre dernier espoir de sauver le monde.
J'étais très étonnée. D'abord, je pouvais aller dans le couloir des autres apprentis, cela allait être tellement amusant ! En revanche, je n'en voyais pas en quoi la terre était en danger. Mais je faisais confiance à Eau, et je l'écoutais attentivement, prête à exécuter ses ordres quelques minutes plus tard. Une fois qu'elle eut fini de parler et qu'elle me souhaita encore bonne chance, je partis à toute allure dans le tunnel du feu.
Une fois arrivée au bout du tunnel, je vis une porte avec des reliures dorées, et j'étais étonnée. Chez moi, il y avait juste un drap de tissu à moitié déchiré. Puis je compris, chacun avait sa porte comme de l'autre côté ! Au moins, je savais quelque chose sur ce Martin. Ce devait être le fils de quelqu'un de riche, différemment à moi. J'ouvris donc la porte et je débouchai dans un long couloir, rempli de tapisseries représentant Louis XVI. Le ou la propriétaire devait être un ou une fan de ce roi. Je m'avançai dans le somptueux corridor, mais trois gardes débouchèrent au bout du couloir. Ils étaient vêtus comme ceux de l'époque. Peut-être étais-je dans un théâtre. Quand ils me virent, ils m'ordonnèrent de ne pas bouger. Je les écoutais. Leurs armes me semblaient assez réelles pour blesser quelqu'un. Je n'avais pas besoin de m'attirer des ennuis ici. Une fois qu'ils furent arrivés à mon niveau, un des gardes se mit à ma droite, un autre à ma gauche et le dernier se positionna devant moi. Je n'avais pas prévu ça, mais ça allait peut-être pouvoir m'aider. Au moins, on m'emmenait directement à quelqu'un qui pourrait m'être utile. Mais dans un carrefour d'un des nombreux couloirs, je vis un adolescent qui devait avoir à peu près le même âge que moi. Il avait un air sûr de lui, un petit sourire malin en coin qui lui allait bien, des cheveux indomptables et un air de rebelle. Il me fit un petit geste de main et mon cœur s'emballa. Non, j'avais une mission à faire, me dis-je. Je ne devais pas me laisser me distraire. Je regardais devant moi pour faire comme si je ne l'avais pas vu, mais je vis du coin de l'œil qu'il avait l'air attristé. Il se tourna alors vers les gardes qui me surveillaient.- Bonjour messieurs, fit-il alors que nous nous apprêtions à tourner dans un couloir qui me sembla sans fin. Qui est cette prisonnière ?
- Cela ne te regarde pas. Va jouer ailleurs.
Je remarquais que malgré le fait que l'autre les dérangeait, ils ne lui parlaient pas mal. Je sentais comme une sorte de respect et de crainte dans leur voix. L'adolescent maintenant derrière moi ne semblait pas s'en être rendu compte, ou alors il avait l'habitude. Quoi qu'il en soit, il poursuivit du même ton :- Je ne veux pas qu'elle vous embête plus que cela. Laissez-moi l'emmener auprès de mon père.
- Mais c'est notre travail de faire ça, s'exclama le garde devant moi.
- Oui, mais je préfère l'emmener moi-même à mon père, il sera content que je fasse quelque chose de bien, pour une fois.
Comme le garde situé à ma gauche hochait la tête, le premier qui avait parlé me laissa aller à mon sauveur, car je doutais qu'il m'emmène vraiment à son père, comme il l'avait dit. Une fois que les trois soldats furent hors de vue, il me demanda aussitôt :- Qui es-tu et d'où viens-tu ?
- où sommes-nous, déjà ?
- À Versailles, pourquoi ?
- Au palais des Tuileries ? Plus personne n'habite ici de nos jours ! Mais à quel siècle sommes-nous ?
- Au XVIIIe siècle. Il fronçait maintenant les sourcils. Pourquoi ?
Je sentais le sol vaciller sous mes pieds. Au XVIIIe siècle ! Je comprenais mieux maintenant ! «- Je viens du XXIe siècle, lâchais-je enfin.
- Bien sûr, fit-il ironiquement. Et moi aussi !
Mais en voyant mon regard sérieux, il comprit que ce n'était pas une blague.
- Tu viens vraiment du futur ?
Comme j'opinais, il me regarda, ébahit.
- C'est par les tunnels que je suis venue ici.
Il avait compris à quoi je faisais allusion et je le voyais dans son regard.
- Tu dois donc avoir entendu parler de mon père, louis XVI ! Enchaîna-t-il.
Mais avant que j'aie pu dire un mot de plus, une voix grave se fit entendre derrière moi :
- Oui, j'imagine qu'elle a entendu parler de moi, qui qu'elle soit. Et toi, tu vas entendre parler de moi, déclara-t-il en pointant du doigt son fils. Mes gardes m'ont dit que tu devais arriver avec une intruse, mais j'ai vite compris que tu ne viendrais jamais me voir. Et là, je te trouve en train de parler tranquillement avec elle, comme si elle était de ton rang ! Quelle honte à notre famille, finit-il en se passant la main sur le visage.Les gardes, qui étaient revenus, commençaient à s'approcher de moi pour m'encercler de nouveau, mais je ne me laissai pas faire. Je mordis le plus proche et montrai les dents en second. Je pris ensuite le fils du roi par la main et je partis en courant dans un couloir que je ne connaissais pas.
- Par-là, fit soudainement l'autre en entrant dans une salle presque vide. Il y a un passage secret sous une des cagettes.
En effet, plusieurs cagettes comportant des légumes étaient éparpillées en vrac sur le sol. Chacun de notre côté, nous déplacions les cagettes, une par une. Il y en avait plus d'une vingtaine et la salle était grande. J'avais donc le temps de faire la connaissance avec le prince.
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Les quatre éléments
ParanormalMichael, Christine, Martin et Juliette ne vivent pas dans la même époque, mais ils ont un destin commun à accomplir... Ils doivent sauver le monde, que ce soit du passé ou du futur, car absolument tout sera impacté si l'esprit des ténèbres réussi à...