Lorsque Jean sonna chez elle, Nina venait de terminer de cacher tous ses vêtements sous son lit. Elle se passa une main dans les cheveux afin de calmer les mèches qui rebiquaient, puis ouvrit la porte. Jean était super mignon, comme à son habitude, même s'il s'habillait comme un blanc qui avait trop d'argent – c'est-à-dire mal.
— Tu as l'air fatiguée, ça va ?
— Oui, j'ai passé la journée à me reposer.
— T'es malade, c'est ça ? J'ai demandé à Violette, mais elle m'a rien dit.
Nina grimaça. Expliquer à son copain qu'on avait de l'endométriose n'était pas la chose la plus romantique qui soit.
— C'est rien de grave, t'en fais pas. Au moins, c'est pas contagieux, ajouta-t-elle avec un sourire.
Jean se pencha pour l'embrasser et elle se fondit dans son étreinte. Pourtant, elle ne ressentait pas le même engouement que quelques jours plus tôt, lorsqu'iels se trouvaient dans les escaliers de la fac. Nina avait eu suffisamment de relations pour savoir ce que ça signifiait : ses sentiments pour Jean disparaissaient aussi vite qu'ils étaient apparus. Elle l'embrassa avec plus d'ardeur dans l'espoir de réveiller la flamme, mais rien à faire : elle ne ressentait qu'une totale indifférence et même un vague dégoût, ainsi qu'une profonde déception. Une nouvelle fois, elle s'était trompée.
Elle ne put cependant se résoudre à en parler avec Jean et l'invita à s'installer sur le canapé avec elle pour qu'iels discutent. Ou, plutôt, qu'elle écoute Jean lui raconter sa vie. Est-ce qu'il avait toujours parlé autant ? Comment ne s'en était-elle pas rendu compte plus tôt ?
Au bout d'une heure, Nina prétendit être fatiguée pour se débarrasser de Jean ; elle se sentait coupable de le rejeter ainsi alors qu'elle avait cru que ça pourrait devenir une belle histoire d'amour entre elleux. Dès que la porte se referma, elle s'empressa d'appeler Dalal parce qu'il fallait absolument qu'elle se plaigne à quelqu'un qui pourrait la comprendre, sans la juger, sans lui rappeler qu'elle s'emballait toujours dès qu'un mec lui accordait de l'attention. Sa meilleure amie répondit à la première sonnerie.
— Je suis tellement contente que tu m'appelles, j'avais pas du tout envie de réviser. Comment ça va ?
— Je me suis encore plantée, gémit Nina en se laissant tomber sur son lit. Ça me saoule trop. C'est vraiment si difficile que ça de trouver un mec qui me plaît, à qui je plaise et avec qui ça fonctionne ?
— Essaie les meufs.
— Ça marche pas comme ça. Mais j'aimerais bien parce que ça a l'air tellement plus simple.
— C'est faux et tu le sais très bien, gloussa Dalal. Bon, c'était quoi le problème de celui-là ?
— Trop gosse de riche, trop imbu de lui-même, intéressant en apparence, mais aussi profond qu'un pédiluve. Mais il est vraiment mignon, donc je me suis fait avoir. Comment on sait quand quelqu'un nous intéresse pour de vrai et quand c'est seulement passager ?
Il y eut un silence, puis Dalal éclata de rire.
— Tu me demandes vraiment des conseils sur les relations ? À moi ? Je suis la pire personne sur Terre pour ça !
— C'est pas faux, dit Nina en souriant. Mais je suis perdue et t'es ma meilleure amie.
— Prends ton temps au lieu de te lancer dans une relation juste parce que tu penses que ça peut fonctionner. Comme ça, tu connaîtras les défauts du mec avant de sortir avec lui, ça t'évitera de devoir le quitter. Ou de découvrir qu'il est raciste au mauvais moment.
Nina éclata de rire au souvenir de ce copain qui s'était cru malin de lui dire que d'habitude, il n'aimait pas les noires, mais qu'elle était l'exception. Évidemment, elle l'avait quitté immédiatement, en regrettant d'avoir mis de côté ses réticences pour coucher avec lui. Dalal lui donnait un bon conseil, mais il n'était pas si facile à appliquer.
— Je vais essayer, mais je suis tellement sûre de moi au début ! Et après, je me sens bête.
— Parce que tu l'es, répliqua Dalal.
— Je te déteste.
— Mais non, je suis ton gourou amoureux. Laisse-moi te guider pour que tu trouves une relation épanouie. En échange, tu devras seulement me donner deux cents balles.
— Arrête d'essayer de me gratter de la thune, je suis plus pauvre que toi !
— Et sinon, ton voisin beau gosse ?
Nina soupira.
— Il est gay, j'arrête pas de le répéter.
— T'es suffisamment belle pour le faire changer de bord, bébé.
— Dire que t'es bi... Pourtant, tu dis un sacré nombre de conneries.
Elles continuèrent à discuter durant plus d'une heure, ne se quittant à regret que lorsque la mère de Dalal vint vérifier si celle-ci avançait bien dans ses révisions – ce qui n'était évidemment pas le cas. Nina dut raccrocher pour éviter que sa meilleure amie ne s'attire plus d'ennuis. Elle se leva pour aller réchauffer sa bouillotte et prit un nouveau médicament afin de calmer la douleur qui s'éveillait dans son bas ventre. Il ne restait qu'une journée à endurer ; ensuite, elle serait tranquille jusqu'au mois prochain.
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Comme une comédie romantique
RomanceMalgré ses nombreux échecs amoureux, Nina rêve d'une histoire digne d'une comédie romantique. Alors, lorsqu'elle rencontre son nouveau voisin sexy, elle croit avoir enfin une chance de vivre comme dans un film. Sauf qu'elle apprend qu'Ayden a déména...