Chapitre 21 : Nina

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Nina adorait Strasbourg, mais Troyes serait toujours la plus belle ville du monde à ses yeux. À peine avait-elle posé un pied sur le quai qu'elle observait les alentours avec un grand sourire, quand bien même la gare n'était vraiment pas intéressante. Son sac pesant une tonne sur les épaules, elle se fraya un chemin parmi la foule pour arriver parmi les premier·es en haut des escaliers, où l'attendaient ses parents.

Alors que Nina mesurait à peine un mètre soixante-cinq, son père dépassait tout le monde d'une tête et sa mère était presque aussi grande que lui. Elle n'avait vraiment pas hérité des bons gènes, contrairement à Louisa, sa petite sœur, qui se tenait derrière ses parents et qui la dominait de cinq bons centimètres, même quand elle ne portait pas ses bottines à semelles épaisses. Le sourire de Nina s'élargit et elle se jeta dans les bras de sa cadette pour la serrer contre elle de toutes ses forces.

— Vous m'avez trop manqué !

— Ça ne fait qu'un mois, remarqua son père.

— Je sais, mais laisse-moi être sentimentale.

Nina embrassa ses parents ; sa mère en profita pour la recoiffer, comme elle le faisait toujours.

— Tu as fait bon trajet ? demanda-t-elle.

— Un peu long, mais tout s'est bien passé. Je suis contente de vous voir.

— Tu feras gaffe, t'as la marque de ton pull sur la joue, dit Louisa en souriant.

Nina haussa les épaules – elle se moquait complètement de son apparence à cet instant – et observa la tenue de sa sœur, qui s'affirmait de plus en plus.

La jeune fille portait comme à son habitude un jean noir déchiré aux genoux, des bottines lacées décorées au marqueur et un T-shirt à manches longues sous un débardeur à motifs écossais bordeaux. Elle avait choisi comme bijoux un collier ras-du-cou, de nombreuses bagues en argent, des roses noires en guise de boucles d'oreille et un faux piercing au nez, en plus de son maquillage sombre qui lui allait tellement bien. Nina aurait aimé savoir faire un trait d'eyeliner aussi impeccable, mais elle avait abandonné tout espoir des années auparavant.

Les cheveux de Louisa, plutôt courts et laissés au naturel, étaient rasés sur les côtés ; leur mère y dessinait régulièrement des motifs avec une tondeuse achetée spécialement pour l'occasion. Même si elle avait pâli lorsqu'elle avait vu pour la première fois la nouvelle coupe de cheveux de Louisa, elle s'était habituée au style alternatif de sa cadette, aussi sombre que celui de son aînée était coloré, et l'aidait désormais à entretenir sa coiffure.

— Venez, je n'ai pas envie de payer le parking et j'ai bientôt dépassé l'heure, dit leur père en consultant sa montre. Vous préférez le restaurant chinois ou la pizzeria ?

— Chinois ! s'exclama Nina au moment où Louisa disait :

— Pizza, sans hésiter.

Elles échangèrent un regard plein de défi.

— Pierre feuille ciseau ? proposa Nina.

Louisa acquiesça et elles s'arrêtèrent au milieu du chemin pour déterminer la gagnante. Nina choisit pierre en pensant que sa sœur ferait ciseau, comme à son habitude, mais celle-ci fut plus maline et l'emporta avec feuille.

— T'en fais pas, on mangera chinois demain.

— Ah non, on ne mange pas au restaurant deux jours de suite ! répliqua leur mère.

— Maman ! protesta Nina. Je reviens pas souvent, c'est pour me faire plaisir.

— Pas de ça avec moi, jeune fille.

Comme une comédie romantiqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant