Chapitre 27 : Nina

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— Je meurs de faim, gémit Nina.

Violette ne lui accorda pas la moindre attention, concentrée sur le devoir qu'elle rédigeait, mais Marius redressa aussitôt la tête.

— Moi aussi.

— Vous voulez pas parler moins fort ? les interpela Violette. Je vous rappelle qu'on est à la BU, bande de sauvages.

Nina lança un regard autour d'elle pour vérifier que Marius et elle n'avaient énervé personne en discutant à voix haute. À l'exception d'un jeune homme qui lisait, son casque sur les oreilles, ce secteur de la bibliothèque était désert. À cette période de l'année, les étudiant·es n'étaient pas nombreux·ses à réviser parce que les prochains examens n'arriveraient pas avant trois mois.

— Il est dix-huit heures trente, c'est un peu tôt pour aller manger, de toute façon, ajouta Violette, le nez toujours plongé dans ses notes.

Si elle se penchait un peu plus, elle se mettrait de l'encre sur le nez.

Nina échangea un regard avec Marius et iels se comprirent sans avoir besoin de mots.

— Je connais un super endroit qui fait des burgers et des milkshakes, dit-il.

— Je te suis.

Dix-sept secondes plus tard, Nina avait fourré toutes ses affaires dans son sac à dos. Violette lui lança un regard en coin et soupira, mais un sourire étirait ses lèvres.

— Tu restes là ? demanda Nina.

— Oui, j'ai envie d'avancer, et de toute façon j'ai rendez-vous avec ma copine dans une heure. Amusez-vous bien !

Marius tira Nina par la manche pour l'entraîner à sa suite, traversant les allées de la bibliothèque universitaire. Au moment où iels s'apprêtaient à dévaler les escaliers, poussé·es par la faim, une exclamation arrêta net Nina. Elle reconnut la voix et grimaça, mais se tourna toutefois vers Jean, les mains dans les poches de sa veste.

— On peut parler ou tu comptes encore m'ignorer ? demanda-t-il, le visage fermé.

Dans le dos de Nina, Marius laissa échapper un gloussement. Même si Jean espérait avoir l'air en colère pour faire culpabiliser son ex, il ne pouvait effrayer qu'un nourrisson, tout au plus. La jeune femme s'efforça de rester sérieuse et de paraître contrite, même si elle s'en voulait surtout d'avoir cru qu'elle pourrait tomber amoureuse d'un mec aussi ennuyeux que Jean.

— Je t'ai répondu, se défendit-elle.

— Pour me dire que tu voulais pas continuer avec moi, alors que ça faisait à peine deux semaines. Quand j'ai demandé des explications, tu m'as laissé en vu.

— Tu voulais que je te dise quoi ?

— T'es vraiment qu'une allumeuse, marmonna Jean.

— Tu me connais pas, répliqua Nina, furieuse à son tour. J'ai cru que je pourrais t'aimer, je me suis rendu compte que c'était pas le cas et j'ai préféré mettre un terme à tout ça avant que ça devienne trop important. La vérité, c'est que t'es rien qu'un fils à papa qui n'a aucune notion du fric ou de ses privilèges. Et tes anecdotes sont franchement inintéressantes, je t'écoutais jamais parce que tu me donnais envie de dormir. Ça te va comme explication ?

Nina recula d'un pas pour reprendre son souffle et blêmit en se rendant compte que plusieurs des ami·es de Jean se tenaient derrière ce dernier et avaient entendu sa tirade. Marius l'attrapa par le bras tandis que Jean la fixait avec un air stupéfait, comme si elle l'avait frappé, et iels s'engouffrèrent dans la cage d'escalier. Son cœur battait à tout rompre. Cette altercation lui avait coupé la faim ; désormais, elle voulait seulement s'éloigner de son ex autant que possible.

Comme une comédie romantiqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant