Chapitre 37 : Marius

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— Ma mère va croire qu'on sort ensemble.

Violette se laissa tomber sur le lit de Marius en ignorant sa remarque et plaça les mains derrière la tête, les jambes croisées comme si elle se trouvait à la plage. Marius referma la porte de la chambre et la contempla en soupirant.

Un an plus tôt, son cœur aurait dansé de joie si la jeune femme s'était trouvée ainsi allongée chez lui ; aujourd'hui, ça ne lui provoqua qu'un pincement à l'estomac. Il aimait être amoureux d'elle, ressentir ce frisson de joie quand il la voyait, mais il se satisfaisait de leur amitié sans ambiguïté. L'attirance sexuelle avait disparu au fil du temps, ne laissant plus que ces sentiments persistants et cette euphorie quand elle lui souriait. Comme en cet instant.

— Tu me rappelles pourquoi t'es venue ici ? demanda Marius en haussant un sourcil.

— Parce que je m'inquiète pour toi, mon pote.

— Ça explique pourquoi tu t'es vautrée sur mon lit.

Marius s'installa sur sa chaise et Violette se redressa sur un coude pour l'observer.

— J'ai bien le droit de me mettre à l'aise, quand même. En plus, c'est la première fois que je viens chez toi, depuis le temps qu'on se connaît. Sympa, ta chambre.

Elle promena ses yeux sur les posters de Charmed et Buffy contre les vampires qui couvraient les murs. Des figurines des personnages étaient exposées sur les étagères d'une bibliothèque remplie de mangas et de bandes dessinées. Marius avait conscience que la décoration semblait avoir été choisie par un adolescent de treize ans, mais il assumait complètement d'être un nerd.

— Pourquoi tu viens plus en cours ? demanda Violette, reportant son attention sur lui.

Surpris par cette question, Marius mit quelques secondes à répondre.

— Parce que je suis plus sûr que ça me plaise.

— C'est une bonne raison. T'as un autre plan ?

— Non. Pour l'instant, je fais juste une crise existentielle, ça me prend pas mal de temps.

— Je suppose que te poser plein de questions, ça va pas t'aider ?

Marius secoua la tête en souriant. Violette le connaissait trop bien.

— Les enfants, vous voulez un goûter ? demanda la mère de Marius de l'autre côté de la porte.

— Maman ! J'ai dix-neuf ans.

— Ça ne répond pas à ma question.

— Oui, on veut un goûter ! cria Violette sans attendre la réponse de Marius.

Lorsqu'il la fusilla du regard, elle se contenta de hausser les épaules en souriant, tellement mignonne qu'il ne pouvait pas lui en vouloir.

— T'es vraiment une gosse.

— Et fière de l'être ! En plus, ta mère fait des pâtisseries trop bonnes, je peux pas dire non.

— Vu comme ça... Tu veux faire quoi, puisqu'il est hors de question qu'on parle de tu sais quoi ?

— On peut regarder un film, sauf si t'as envie de sortir, mais bizarrement, j'en doute.

— Pourquoi tu dis ça ?

— Parce que ta seule motivation pour mettre le pied hors de ta chambre, c'est la possibilité de pécho et t'y arriveras jamais tant que je serai là pour t'en empêcher. Alors je pense que regarder un film, c'est une idée beaucoup plus réaliste.

Marius sourit. Difficile de lui donner tort. Il alluma son ordinateur portable, entra son mot de passe et tendit l'appareil à Violette.

— T'as qu'à choisir ce qu'on regarde pendant que je vais chercher le goûter, sinon ma mère va faire des allusions gênantes. Ni toi ni moi n'avons envie de ça, n'est-ce pas ?

Son amie leva les yeux au ciel.

Marius rejoignit sa mère dans la cuisine et s'appuya contre le plan de travail à côté d'elle.

— Comment va Violette ?

— Elle avait besoin de parler.

Ce qui n'était pas totalement faux. Il espérait que sa mère ne lui poserait pas plus de questions parce qu'il ne lui mentait jamais et n'avait aucune envie de lui parler de son problème concernant les cours – du moins, pour l'instant. Ça le touchait que Violette s'inquiète pour lui, mais il aurait préféré qu'elle ne remarque rien : il était complètement perdu concernant ses projets d'avenir et ne savait pas comment aborder le sujet. Au moins, elle avait accepté qu'il ne voulait pas en parler ; toutefois, elle reviendrait à la charge dans les prochains mois, si ce n'étaient les prochaines semaines.

Et Marius avait intérêt à trouver une réponse rapidement, parce qu'il détestait la situation d'incertitude dans laquelle il se trouvait.


Comme une comédie romantiqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant