Chapitre 26 : Ayden

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Dès qu'il avait gagné suffisamment d'argent, Ayden s'était acheté un ordinateur puissant et deux écrans. Celui à gauche diffusait une comédie des années quatre-vingt-dix, tandis que celui de droite lui servait à retoucher les photos qu'il devait envoyer à un magazine avant la fin de la semaine – c'est-à-dire, d'ici le lendemain. Son casque sur les oreilles pour mieux se concentrer, Ayden n'entendit pas immédiatement le tintement strident de la sonnette.

Il se leva aussitôt pour aller ouvrir, le cœur battant à tout rompre dans l'espoir que ce soit Nina. Quand il tomba face à Steven, il eut peur de faire une crise cardiaque. Qu'est-ce que son ex faisait là ? Pourquoi ne lui avait-il pas envoyé un SMS comme la dernière fois ?

— T'en fais une tête, dit Steven, un sourire charmeur aux lèvres.

— Je ne m'attendais pas à te voir ici.

— Je m'en doutais. J'ai amené des trucs, je peux entrer ?

À ce moment, Ayden remarqua le sac de sport vert d'eau et orange vif à ses pieds. Steven allait à la salle presque tous les jours, mais jamais il ne se serait montré en public avec une telle abomination, alors qu'il se vantait toujours d'être à la pointe de la mode.

— Il restait encore quelques fringues à toi chez moi et je me suis dit que tu voudrais les récupérer.

— C'est gentil.

Ayden ramassa le sac et le posa dans l'entrée sans vérifier ce qu'il contenait. Tout ce qui lui importait était que Steven s'en aille ; il n'aimait pas être aussi proche de son ex alors qu'il tentait de l'oublier. Pourtant, Steven entra dans son appartement sans lui demander la permission et admira la décoration.

— J'ai toujours su que t'avais bon goût. Et que t'étais très doué pour la photo, ajouta-t-il en admirant son collage sur le mur. On était vraiment mignons, tous les deux.

Ayden grogna pour toute réponse.

— T'as perdu ta langue ?

— Qu'est-ce que je peux répondre à ça ? Tu m'as largué, je te rappelle.

— Oh ça va, pas la peine d'en faire un drame.

— C'était plus important pour moi que pour toi, tu le sais très bien. Alors évite de te foutre de moi, s'il te plaît.

Steven lui tournait le dos, mais Ayden le connaissait suffisamment pour savoir qu'il était gêné. Sauf que ça ne lui suffisait plus. Son ex n'avait rien à faire dans son appartement, surtout si c'était pour ignorer ses sentiments comme il l'avait fait de nombreuses fois par le passé.

— Je voulais juste voir comment tu t'en sortais. Je suis content que t'aies trouvé un appart aussi cool et que tu puisses ranger comme le maniaque du contrôle que t'es.

— C'est sûr que tu n'étais pas du genre à aimer l'ordre.

— J'ai juste des standards différents des tiens, se défendit Steven avec un sourire en coin.

Quelque chose se serra dans le ventre d'Ayden. Il était tellement beau... Et le fait qu'Ayden lui en veuille ne l'empêchait pas de le désirer comme lorsqu'ils sortaient ensemble. Pourtant, il ignora cette sensation parce qu'il ne voulait plus rien avoir à faire avec Steven, plus jamais. Il se détourna et Jayce se frotta contre ses jambes, comme s'il avait senti que son maître avait besoin de son soutien. Ayden enfouit la main dans son pelage pour se donner du courage.

— J'espère que tu trouveras un autre taf que des shootings, t'es trop doué pour ça. C'est ce qui m'a plu chez toi au début.

— À quoi tu joues, Steven ? demanda Ayden en croisant les bras sur la poitrine.

Il détestait quand son ex jouait de son charme, il détestait y être aussi sensible.

— C'est pas parce qu'on est plus ensemble qu'on peut pas passer du bon temps.

— Tu sais très bien que je ne suis pas comme ça. Et puis, tu as un copain, à moins que tu ne l'aies quitté lui aussi.

— J'ai été exclusif avec toi uniquement parce que tu serais parti, sinon. Mais mon nouveau mec est pas comme toi, il est beaucoup plus ouvert d'esprit.

— Ça n'a rien à voir, répliqua Ayden, la mâchoire contractée. J'ai toujours admiré que tu sois... toi, mais ça ne veut pas dire que je dois être pareil. Ce n'est pas pour moi, c'est tout. Alors laisse-moi tranquille et drague quelqu'un qui en aura vraiment envie. Tu as eu raison de rompre, c'était sûrement mieux pour nous deux.

Il fallut qu'Ayden prononce ces mots pour réaliser à quel point ils étaient vrais. Il souffrait de la rupture parce qu'il avait été amoureux, mais ça ne signifiait pas pour autant qu'il regrettait l'époque où il était en couple avec Steven.

Celui-ci dut le comprendre car il recula, s'efforçant de garder un air impénétrable même si sa souffrance était aussi visible qu'un phare en pleine nuit.

— Ouais, t'as raison. Je ferais mieux d'y aller. Passe une bonne journée.

Ayden ne fit pas mine de le retenir et resta planté sur place même quand Steven claqua la porte derrière lui. Le bruit effraya Jayce qui se réfugia dans son panier, la queue entre les jambes. Pour un chien extraverti, il était aussi terriblement peureux. Après quelques secondes, Ayden se mit en mouvement à son tour. Avec des gestes machinaux, il rangea les vêtements dans son placard, balança le sac de sport sous son lit pour ne plus l'avoir dans son champ de vision et s'installa de nouveau face à son ordinateur.

Il remit son casque pour étouffer les bruits du monde extérieur, lança une playlist de rock et relança son logiciel de retouche. Quand il n'arrivait pas à démêler ses émotions, il n'y avait que le travail qui puisse lui changer les idées.


Comme une comédie romantiqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant