Comme une comédie romantique

Chapitre 17 : Nina

Dès qu'elle se réveilla, Nina sut qu'elle serait incapable d'aller en cours tant elle avait mal au ventre à cause de ses règles. Elle envoya un message à Violette pour que son amie lui apporte les cours à la fin de la journée et se rendormit aussitôt, épuisée par son week-end alors qu'elle n'avait rien fait d'autre que regarder des séries. L'endométriose, c'était vraiment la pire chose au monde.

Nina ne rouvrit les yeux qu'à quinze heures trente-sept. Elle avait une trentaine de messages non lus. La plupart venaient de Marius qui lui racontait sa journée avec beaucoup trop de détails, mais il y avait aussi deux SMS de Jean s'inquiétant qu'elle ne soit pas venue en cours, un « bon courage » de Camille – iel lui avait apporté des courses samedi parce qu'il était hors de question que Nina mette le pied dehors – et un dernier de Violette : « S'est tellement plus chiant quand t'es pas la, Marius est vraiment pas très drole. » Comme elle n'avait pas l'énergie de répondre, Nina se contenta d'ouvrir ses réseaux sociaux pour regarder les publications de ses connaissances et se perdre dans les méandres de l'univers infini d'Internet, oubliant toute notion du temps.

Le son strident de la sonnette la tira du visionnage d'une vidéo de dessin.

— C'est ouvert ! cria Nina.

Elle avait eu la flemme de fermer après le départ de Camille.

Violette poussa la porte et s'approcha à grands pas, un large sourire sur le visage. Ce jour-là, elle avait attaché ses cheveux blonds en deux tresses qui lui donnaient l'air d'une écolière allemande et portait un pantalon cargo avec un sweat-shirt à capuche informe, loin de ses tenues habituelles. En revanche, son maquillage était toujours soigné, démontrant bien plus de maîtrise que ce dont Nina était capable.

— T'es tellement de bonne humeur que c'en est agaçant, marmonna cette dernière.

— Toi aussi, tu m'as manqué.

Son amie posa son sac sur la table et en sortit plusieurs documents photocopiés.

— Je sais que tu préfères réviser sur papier, alors je suis passée à la BU pour te faire des copies. Mais bon, t'as pas loupé grand-chose, c'était vraiment ennuyeux aujourd'hui.

— Marius me l'a dit, oui. Merci beaucoup, tu gères, meuf.

— Me parle pas de Marius, il a été insupportable aujourd'hui. Vraiment, je sais pas comment tu fais pour être pote avec lui. Le mec a rien trouvé de mieux à faire que de draguer sa voisine pendant tout l'amphi d'histoire de la philo, à lui faire les yeux doux et tout. Évidemment, elle a craqué parce qu'il est BG, pourtant j'ai essayé de la prévenir que Marius est pas la flèche la plus affûtée du carquois.

Nina se redressa en riant. Elle n'avait aucun mal à imaginer la scène car ses ami·es se chamaillaient toujours de cette manière, souvent parce que Marius draguait sous le nez de Violette qui n'aimait rien tant que déranger ses plans.

Violette posa ses notes sur le bureau, avec les autres affaires de cours de Nina – qu'elle ne rangeait jamais et qui s'empilaient en un désordre inextricable – puis fouilla dans les placards de la cuisine pour trouver de quoi manger.

— J'ai plus rien chez moi, alors je me permets.

— Je te dois bien ça, de toute façon, dit Nina. Tu veux rester un peu ? Je regarde Sex Education, si ça t'intéresse.

Violette hésita, puis s'empara d'un paquet de Pim's framboise et rejoignit Nina sur son lit.

— Tu sais comment me parler, toi. Vraiment, cette journée m'a achevée, j'avais pas envie d'aller en cours.

— Pourquoi ? s'étonna Nina.

— Je sais pas, je me sentais trop moche ce matin.

Violette grimaça en regardant sa tenue en mode « schlag de l'ouest », comme elle le disait elle-même. D'ordinaire, elle faisait plus attention à la manière dont elle s'habillait, mais elle n'avait pas toujours l'énergie de choisir des vêtements aux couleurs harmonieuses et de les assortir avec des accessoires. De son côté, Nina avait fait l'impasse sur les bijoux et se concentrait uniquement sur des tenues plus colorées les unes que les autres. C'était beaucoup plus facile ainsi.