Comme une comédie romantique

Chapitre 45 : Nina

— Tu vas trop me manquer, dit Nina en serrant Dalal dans ses bras.

— Je sais, je suis indispensable dans ta vie.

— Non, t'as juste la grosse tête, mais je t'aime quand même.

— Tu viendras à Troyes à Noël, de toute façon ?

— Évidemment, sinon ma mère me déshérite. En plus, ma sœur me manque trop. Je vais la détester dès que je la reverrai, mais c'est un détail, ajouta Nina en riant.

Dalal se hissa sur la pointe des pieds pour lui planter un baiser sur le front.

— Il faut que j'y aille, sinon je vais manquer mon train, mais c'était vraiment trop cool de te revoir. Fais plein de bêtises et raconte-moi tout.

— Désolée, c'est ton truc, ça.

Dalal sourit, fière de ce qu'elle avait accompli en moins d'une semaine à Strasbourg, et Nina leva les yeux au ciel. Même si elle désapprouvait souvent le comportement de sa meilleure amie, elle ne l'aurait changée pour rien au monde. Elle espérait simplement que Dalal murisse et devienne une meilleure personne.

Nina regarda Dalal s'éloigner, à la recherche de son train, en retenant ses larmes. Hors de question de pleurer sur le quai de la gare, même si sa meilleure amie allait lui manquer atrocement. Elle ne voulait pas se donner en spectacle, une pudeur qu'elle avait héritée de sa mère, alors qu'une jeune femme non loin d'elle fondait en larmes dans les bras de son petit ami qui ne savait pas comment la réconforter. Nina aurait voulu lui crier de la prendre dans ses bras au lieu de rester planté comme un plot, mais elle était trop timide.

De toute façon, il valait mieux ne pas se mêler des affaires de couple des autres, comme elle l'avait appris à ses dépens lorsqu'elle avait voulu aider Dalal avec son copain, quand elles étaient en première. Depuis, Nina s'abstenait de donner le moindre conseil relationnel à ses ami·es, sauf s'iels le lui demandaient – ce qui n'arrivait pas souvent, parce qu'il était de notoriété publique que Nina savait à peine s'occuper de sa propre vie sentimentale.

Même si elle faisait n'importe quoi, Dalal semblait heureuse ; peut-être qu'elle était seulement dans sa phase d'expérimentation, dans laquelle elle testait les limites afin de trouver ce qui lui convenait. Marius était ravi de son célibat, Violette et Camille filaient le parfait amour – ce qui était vraiment déprimant – et Ivan draguait une fille de sa classe avec son flegme habituel, en prenant tout son temps. Nina était la seule insatisfaite de sa situation amoureuse, mais elle commençait à comprendre pourquoi tout le monde lui avait conseillé de prendre du recul : elle voulait tellement une relation qu'elle sautait sur la moindre opportunité, ignorant son instinct qui lui soufflait qu'il s'agissait d'une mauvaise idée. Pourtant, rien ne lui garantissait qu'elle ne retomberait pas dans ses travers à la première occasion.

« J'espère pour toi que t'as pas oublié l'entraînement, sinon Solange va te tuer. »

Nina jura entre ses dents. Heureusement que Camille le lui avait rappelé parce qu'elle avait complètement oublié. Et elle n'avait plus qu'une demi-heure pour se rendre de la gare au terrain de foot, ce qui aurait été faisable en temps normal, sauf qu'elle avait également oublié de prendre son sac de sport.

« Mon excuse, c'est que Yuumi est malade. Mais je me dépêche. »

Ça ne suffirait sans doute pas à calmer Solange ; toutefois, ça valait le coup de tenter. Nina fourra son téléphone dans sa poche et se dépêcha de sortir de la gare avant de s'élancer sur le trottoir en se maudissant pour avoir refusé d'accompagner Camille lorsqu'iel lui avait proposé d'aller courir. Elle n'avait presque aucune endurance et ses muscles la brûlaient après à peine cinq minutes, mais elle s'accrocha parce qu'il fallait absolument qu'elle arrive à temps à l'entraînement, sous peine d'un traitement bien pire que cette course à travers Strasbourg.