Comme une comédie romantique

Chapitre 38 : Nina

Grâce à Ayden, Nina avait survécu à la première journée de règles. Le lendemain, elle aurait dû rejoindre Ivan et Camille à la BU pour réviser avec elleux, mais plutôt que d'annuler cette séance de travail, elle préféra les inviter chez elle. Avec un peu de chance, iels rencontreraient ainsi Ayden, dont iels n'avaient vu pour l'instant que des photos floues – il devait être l'une des seules personnes sur Terre à ne jamais montrer son visage sur les réseaux sociaux. De toute façon, Nina était complètement shootée aux médicaments et aurait été incapable de sortir de chez elle, même si elle l'avait voulu.

À quatorze heures précises, Camille sonna chez elle. Pantalon cargo noir, baskets et sweat-shirt rouge, son ami·e portait la même tenue que d'habitude, à croire qu'iel n'avait rien d'autre dans son placard. Ivan arriva avec vingt-trois minutes de retard, un délai tout à fait raisonnable pour lui – il ne fallait jamais s'attendre à mieux.

— Désolé, je m'entraînais pour un morceau à la guitare et j'ai pas vu le temps passer. Vous avez commencé sans moi ?

— Moi, je mange juste du chocolat, dit Nina, la bouche pleine. T'en veux ?

Il accepta avec un large sourire, ce même sourire qui avait séduit Nina la première fois qu'elle l'avait rencontré, avant qu'elle ne se rende compte qu'elle appréciait certes Ivan, mais pas de cette manière. Heureusement qu'il ne lui en avait pas voulu quand elle l'avait quitté, elle aurait gâché une belle amitié. Sous ses airs enfantins, Ivan était bien plus mature que Camille et elle réuni·es.

— Tu aurais dû te reposer, dit Camille.

— Mais j'ai pris du retard sur les cours et je me connais. Si je le rattrape pas maintenant, je le ferai jamais. En plus, j'ai presque pas mal.

— Mais tu planes à cause des médocs, ricana Ivan.

— Objection, Votre Honneur !

Camille lui donna un coup de trieur sur le bras pour la faire taire.

— Tout le monde se concentre pendant au moins quinze minutes s'il vous plaît, il faut absolument que je termine cette fiche pour le cours d'ethnographie.

— Tu pourras me la prêter ? demanda Ivan.

Camille soupira, ce qui voulait dire « tu me saoules, mais oui ».

Au bout d'une demi-heure de travail plus ou moins efficace, la douleur dans le bas-ventre de Nina gagna en intensité et elle se leva pour prendre sa deuxième dose d'aspirine de la journée. Camille en profita pour faire des chocolats chauds à tout le monde, avec de la cannelle pour Nina et ellui et de l'extrait de vanille pour Ivan, qui avait vraiment des goûts étranges. Ce dernier fouilla dans les placards de la cuisine jusqu'à trouver le dernier paquet de gâteaux : des biscuits bretons dont Nina avait oublié l'existence – c'était sûrement sa mère qui les lui avait achetés lors de sa dernière visite.

— Je crois que Seth a rencontré quelqu'un, dit Camille en se hissant sur le plan de travail.

— Ah bon ? s'étonna Ivan au moment où Nina disait :

— C'est Jenna qui va être ravie de l'apprendre. Mais attends, tous tes potes sont en couple, non ?

— À part Min-ah, oui.

— Elle a un partenaire queerplatonique, ça compte quand même. De toute façon, elle sortira jamais avec qui que ce soit. Vous êtes vraiment comme les Winx.

— Qu'est-ce que tu racontes ?

— Bah à la fin de la série, tout le monde doit absolument finir en couple, du coup c'était n'importe. Les scénaristes ont créé des relations aberrantes juste pour éviter qu'un personnage soit célibataire. Et c'étaient toujours des couples au sein du groupe des personnages principaux, sinon c'est pas drôle. Comme Nolan et toi, comme Gauthier et Ophélie. Bon, Min-ah, Seth et Sameera, c'est différent, mais ça me fait quand même penser à ça.