Mon histoire poursuit sa route aussi banalement qu’une autre. Ceci dit, elle fait mal. Nous avons beau nous dire qu’un tas de personnes traverse les mêmes épreuves que le destin place sur notre route, cela ne change pas grand-chose à la douleur qui nous assaille de toutes parts.
Mon problème : je suis cocue !
Je l’ai dit, pas d’originalité dans ce qui me touche de plein fouet. Être cocu est le commun des mortels, non ? Peut-être bien, mais moi, j’en ai ma claque ! Je jette l’éponge.
Des parents centrés sur eux-mêmes pour lesquels je suis totalement transparente ou pas assez comme il faut, au choix, une grand-mère formidable que j’ai enterrée le mois dernier, un patron n’en voulant qu’à mon fessier. D’ailleurs, pourquoi diable caresse-t-il autant la maudite règle qui traîne sur son bureau dès lors que j’y pénètre ? Carrément flippant, si vous voulez mon humble avis.
Et enfin, la cerise sur le gâteau : un petit-ami, – ex – cela s’entend, qui semblait avoir tous les atouts d’un compagnon de rêve. Le problème est là : il semblait… Le voir forniquer tel un lapin dans le cagibi de notre hall d’immeuble avec nulle autre que ma maladivement jalouse de cousine, a signé le clou du spectacle ainsi que la fin de notre relation.
Après avoir déguerpi, en ayant tout d’abord pris soin de jeter toutes ses affaires dans le couloir de notre étage, je prends un bol d’air dont j’avais cruellement besoin. Un choix s’offre à moi désormais. Enfin, plusieurs en fait. Mais prenons ce qui me paraît le plus accessible dans l’immédiat.
Sous la pluie battante, je me hâte de trouver un abri en esquivant d’autres passants pressés de fuir le déluge qui s’abat sur Paris. Le temps n’a pas été un frein dans ma tentative d’échapper à mon malheur, mais j’en ressens désormais toute sa froideur.
Je trouve refuge sous le porche d’une entrée d’immeuble. Essoufflée, mes larmes mêlées à l’eau tombant en trombe d’un ciel coléreux dégoulinant sur mon visage toujours crispé d’horreur, j’énumère mes possibilités les plus raisonnables. Enfin, presque.
Un : tuer mon ex et ma saleté de cousine.Possible. D’autant plus que j’en meurs d’envie.
Deux : les laisser en vie.
Après tout, aucunes de ces ordures ne méritent que je me salisse les mains et encore moins que je passe les vingt prochaines années en prison à y moisir pendant qu’ils auront tout le loisir de poursuivre leurs batifolages.
Trois : payer un truand qui pourrait se charger d’une telle besogne ?
Envisageable, mais j’ai pas un rond. Enfin, pas un cents qui mérite d’être gaspillé pour de pareilles enflures. Et toujours trop risqué. Qu’est-ce qui me garantit que le truand ne se retournera pas contre moi pour s’assurer de mon silence et s’enfuir avec tout le pognon ?
Quatre : baiser avec le meilleur pote de mon petit-ami. Ex !
Simon est pas mal. Il pourrait amplement faire l’affaire. De plus, c’est un vicelard de première qui n’hésiterait pas à trahir mon… ex. Cependant, il est bête comme ses pieds. Je ne peux pas niquer avec un con pareil.
Cinq : baiser avec le fiancé de ma cousine la sale peste.
Non, Robert a une tête de nœud-nœud. Même avec tout le lubrifiant du monde, je serai aussi aride qu’un désert s’il tentait quoi que ce soit avec moi. Même avec de la bonne volonté. Mais ce cas de figure n’arriverait jamais au vu de ses principes moraux. Et puis, beurk !
Je soupire en fermant les yeux de dépit.
La vengeance n’est pas une voie à suivre. Je n’arrive pas à croire à tout ce que m’envoie mon esprit en ébullition. Je suis incapable d’agir de la sorte. Qu’est-ce que cela ferait de moi ?
La réplique de ma cousine la putain !
Ça jamais ! Plutôt crever. Et c’est pile ce que j’ai envie de faire : crever.
Mourir me semble une des options que je devrais plus sérieusement envisager. D’un côté, je veux vivre et poursuivre mon petit bout de chemin en emmerdant royalement les êtres infâmes qui m’entourent, et de l’autre, je me sens épuisée par l’ampleur de la mesquinerie semblant ne pas vouloir se décrocher de mon destin aux allures fatalistes.
Je m’accroupis et porte mes mains froides et tremblotantes à ma tête que j’agrippe avec force. Que faire ? Je suis au fond du gouffre. Je ne vois même pas comment m’en remettre. Je ne m’en sens pas la force.
Soudain, des hurlements rageurs, mais également désespérés, m’extirpent de mon auto-apitoiement interne. J’abaisse mes bras et jette un œil sur ce qui se passe à côté de moi.
Un homme se tient au milieu de la rue en face d’une des fenêtres de l’immeuble sous lequel je me suis abritée. Il paraît agité. Très agité. Quand il se remet subitement à hurler.
VOUS LISEZ
Un road-trip contre la déprime
HumorElla se sent désemparée après sa rupture. Elle fait la connaissance d'un inconnu avec lequel elle va prendre la décision de passer la nuit. Autant dire qu'elle sort des sentiers battus. Le lendemain, en retard pour son job, elle plante cette rencon...