11.

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Je traîne une migraine affreuse dès le réveil et ai la surprise de voir apparaître un café fumant devant mon nez.
Raphaël me lance un sourire éblouissant tandis que je note que le jour se lève à peine.
Je récupère la boisson en fronçant les sourcils avec beaucoup de difficulté à garder les yeux ouverts.

─ Je ne voulais pas spécialement avoir à faire à la Ella ronchonne d’après cuite, le fameux effet Drac’, pour nos dernières heures passées ensemble, me dit-il en prenant place sur son fauteuil.
─ Merci, c’est gentil, murmuré-je la voix cassée. Où as-tu dormi ? l’interrogé-je en notant qu’il s’est douché à un moment donné et s’est changé.
─ Ici, m’informe-t-il en désignant sa place actuelle.
─ Tu aurais dû t’installer à côté de moi, me désolé-je pour lui.
─ T’en fais pas. J’ai l’habitude de roupiller ici, dit-il dans un haussement d’épaules. Tu as du doliprane juste ici, ainsi qu’un petit verre de jus d’orange si ça te dit.
─ T’es formidable, tu le sais ça !

Il sourit en coin de façon modeste en m’observant avaler le médicament suivi du jus de fruit. 

─ As-tu bien dormi ? s’enquiert-il.
─ Oui, et maintenant à travers mon brouillard, je commence à sentir la déprime liée à mon départ m’assaillir. Enfin, il y a une fin à toutes bonnes choses, hein.

Il ne dit rien, se contentant de hocher la tête sans l’ombre d’un sourire pour égayer son si beau visage.

─ Nous ne devrions pas tarder. Tu as encore le temps de te rafraîchir un peu si tu le souhaites et je te dépose ensuite chez Ambre.
─ Parfait. Mes valises sont bouclées de toute façon.

Il m’adresse un signe de tête et me laisse seule en disparaissant de sa chambre au style rigolo ado mêlée à sa passion du dessin en virant atelier de dessinateur par endroit. Je m’adosse à la tête de lit et prends soin de détailler chaque recoin de cette pièce. La nostalgie prend naissance en moi et les larmes montent dans mes yeux tristes de devoir me passer de cette vue, de cette atmosphère que j’apprécie tant.
Une boule d’angoisse se forme et obstrue ma gorge en m’empêchant de terminer mon café. Je délaisse la tasse sur la petite table de chevet en apercevant le carnet sur lequel Raph semble beaucoup travailler dernièrement. Ma curiosité me pousse à l’ouvrir, mais mon respect pour son intimité est bien plus fort et m’interdit de profaner cette partie privée de Raphaël.
Je prends donc la direction de la petite salle de bains et le rejoins plus tard dans la cuisine où sa mère règne par son absence. Sur ma demande, Raph me prête une feuille et un stylo avec lesquels je laisse un dernier mot à cette merveilleuse femme ayant mis au monde d’incroyables enfants en la remerciant pour cela aussi, car son fils représente la personne la plus fabuleuse qui m’ait été donné de rencontrer.

Raphaël coupe le moteur devant chez Ambre tandis que j’entends les filles s’activer à l’intérieur. Elles n’ont jamais su gérer les départs en courant dans tous les sens, paniquées d’oublier quelque chose.
Je descends de moto et stoppe Raph dans son élan tandis qu’il s’apprête à en faire autant.

─ Je déteste les adieux. Je sais que si tu t’attardes ici et nous suis jusqu’à la gare, je vais souffrir plus encore que maintenant.

Il me regarde longuement, ses yeux parcourant à plusieurs reprises mon visage avant de consentir de hochements de tête en pinçant les lèvres. 

─ D’accord, souffle-t-il.

Je déglutis bruyamment en le fixant avant de l’enlacer brusquement en plantant mon nez dans cou tandis que ses bras se referment sur moi en caressant doucement mon dos.

─ Tu vas me manquer, lui soufflé-je à travers un début de sanglot.
─ Pareil, murmure-t-il d’une voix impactée.
─ Merci pour tout, Raph. J’ai tout adoré de la minute à laquelle je suis tombée sur toi jusqu’à celle-ci.
─ C’était pour moi le plus réel des plaisirs, Ella. Je suis heureux que tu aies tout adoré. 

Un road-trip contre la déprime Où les histoires vivent. Découvrez maintenant