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Je ne sais pas si j’ai bien fait de craquer, mais nous sommes vendredi soir, et je suis officiellement en congés pour un mois. Tout le mois d’août loin du bureau. Je suis entrée dans le bureau de Jules, mon boss, dans l’espoir de mettre fin à notre… marché ? Non, employons plutôt entente mutuelle.
Je ne sais pas comment il a pu me démasquer, ce qui m’a trahie, mais il avait senti un changement s’opérer en moi. Et il a tout mis en œuvre ce soir pour me faire changer d’avis. Résultat : je n’ai pas changé d’avis, mais je l’ai laissé me sauter dessus quand il est devenu super entreprenant et que ma tête s’est renversée en arrière tandis que, pour la première fois, il m’a fait l’amour.
Pas de fessées, pas de liens autour de mes poignées, ni de jouets. Juste lui et moi.
Avant de quitter la pièce, je lui ai répété ce que j’avais déclaré juste avant :

─ Je préfère que nous en restions là.

Il n’a pas cillé. Jules m’a seulement fixée d’une manière tout aussi intense, mais où brillait un certain désemparement au fond de ses prunelles turquoise. Toutefois, il n’a rien trouvé à redire à ma décision. Me faire tendrement l’amour ayant signé sa tentative à m’étaler une autre option : l’exclusivité. 
Hélas, elle n’a rien fait d’autre que m’éloigner davantage. Je n’ai pas apprécié cet élan de tendresse. Je l’ai vécue d’une manière malvenue. Je ne voulais pas de cette intimité. Je ne veux plus de cette intimité. Je pense qu’il l’a compris en revenant sur terre après nous avoir fait décoller à quelques mètres du sol en direction du septième ciel.
Ambre a souvent raison concernant ce genre de sentiments. Et elle avait raison concernant Jules et son besoin de se rapprocher de moi. J’ai pu l’apercevoir, un soir, dans notre quartier quand nous sortions les filles et moi de notre appartement pour nous engouffrer dans le pub présent au rez-de-chaussée, assister à notre soirée quotidienne chez Jeanne.
Est-ce l’affiche érigée « Journée portes ouvertes aux cœurs brisés » qui l’a aiguillé sur ma situation ? Sans aucun doute. Je suis bel et bien un cœur brisé, mais je ne souhaite en aucun cas qu’il tente de me le guérir.
Il ne se passe strictement rien entre lui et moi hormis ces moments que nous avons partagés ensemble chaque vendredi soir. Enfin, il ne se passe rien de mon côté. Pas de cœur emballé, pas besoin d’échanges visuels, pas besoin de lui sauf pour aider à apaiser mon corps dans une évasion bienvenue également pour mon esprit toujours aussi morose.
Franchement, la déprime ça craint. Surtout quand elle s’est installée comme une maladie incurable.
Mais Ambre pense avoir la solution. Elle m’a imposée un itinéraire pour nos premiers jours de vacances.

─ C’est pile ce dont tu as besoin, m’a-t-elle soutenu.

Elle pense que je dois absolument quitter la capitale pour me sortir de la tête tout ce qui est en raccord avec mon ex. Après tout, si je me retrouve ici, c’est par rapport à lui. Sans cela, je ne me serais jamais éloignée de chez moi. Je n’aurais jamais quitté Pignan, petit village aux portes de Montpellier. Il s’est bien agrandi au fur des années, et malgré le changement qui s’y est opéré depuis mon absence, il reste un endroit cher à mon cœur. 

Nous voilà dans le train, en partance pour Roquebrune-sur-Argens. Je n’ai même pas cherché sur internet quoi que ce soit sur cette soi-disant Hell’s week. Je préfère garder l’intégralité de la surprise. J’aime découvrir de nouvelles choses par moi-même. Alors l’expérience en sera plus chouette en la découvrant totalement une fois sur les lieux.

─ Je te jure que c’est de la torture, lance Sabrina à Ambre tandis que je contemple le paysage défiler.

Installées dans nos sièges attitrés dans la même voiture du TGV, j’écoute mon amie se plaindre de ses séances d’épilation au laser, tout comme l’ensemble des passagers présents autour de nous qui profitent de leur échange pileux.

Un road-trip contre la déprime Où les histoires vivent. Découvrez maintenant