15.

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Assise sur le sable, mon téléphone devant moi sur mode vidéo grâce à Whatsapp, j’écoute et regarde Sabrina qui n’en revient pas de ma nuit passée, soit disant à l’abri, derrière les barreaux.

─ Raphaël ne pouvait pas faire autrement vu qu’il y a eu une plainte déposée, dit-elle.

Elle m’a expliquée que Ronan, se trouvant à Paris, a souhaité prendre des nouvelles de nous et a joint son cousin il y a quelques instants. D’où l’appel dans la foulée de ma copine. Elle se faisait du mouron pour moi, bien qu’apparemment Raphaël ait tenté de l’apaiser après leur avoir appris mon dérapage de la soirée de la veille et de ma nuit.
 
─ Je ne lui en veux pas, soupiré-je, embêtée. J’étais vraiment intenable.
─ De plus, si j’ai bien compris, cet agent des forces de l’ordre est une connaissance de Raph ? demande-t-elle.
─ C’est ça. Et fort heureusement, d’ailleurs. 
─ Le cas contraire, Raphaël n’aurait pas permis que cela dérape de la sorte, il t’aurait sortie de là de force avant que ça prenne cette proportion. Enfin, je suis tout de même sidérée. Tu ne t’es jamais lâchée comme ça. Ma cop’ a fait un tour en taule, se marre-t-elle.

Je grogne tout en levant les yeux au ciel, agacée parce que je n’ai pas fini d’en entendre parler.

─ Un commissariat riquiqui, la corrigé-je.
─ Peu importe, tu es une rebelle, Ella ! J’adore ! s’enthousiasme-t-elle. J’aime cette nouvelle version de toi.
─ T’es tarée, soupiré-je dans un ricanement en secouant la tête.

Je dévie la discussion sur Ronan, car je préfère autant ne plus parler de ma mésaventure de la veille.

─ Donc, tout roule avec ton blond sexy ?
─ Qui l’aurait cru, hein ? me lance-t-elle en retour.
─ Bah moi ! déclaré-je sans hésitation. Je maintiens haut et fort que tu préfères les blonds depuis toujours. Tu t’es vraiment voilée la face, ma chérie.
─ Si tu le dis, fait-elle dans un haussement d’épaules.
─ Donc il t’a bien rejoint pour visiter la capitale.
─ Ça fait deux jours qu’il est arrivé ! s’exclame-t-elle en sautillant de joie.

Je rigole de la voir dans cet état. Elle a l’air vraiment accroché.

─ Et ? la poussé-je à m’en dire plus.

Elle joint ses mains sous son menton en se mordant la lèvre.

─ Awnnn Ella, il me plaît toujours autant si tu savais, déclare-t-elle des étoiles plein les yeux. T’es au courant qu’on n’a pas pu nous éloigner de notre téléphone tant nous ressentons le besoin de rester constamment en contact !
─ C’est géant !
─ Mais oui ! s’exclame-t-elle, heureuse, avant de pincer les lèvres. Mais c’est trop beau pour durer, tu ne crois pas ? s’inquiète-t-elle.

Je saisis parfaitement ce qui la turlupine. Je suis moi-même interrogative quant à ma relation amicale pleine de retenue afin de ne pas déraper avec Raphaël. C’est récent et à la fois évident. Trop bizarre.

─ Non, Sabrina. Rien ne l’est. C’est juste parfait. Et tu as une chance inouïe de vivre pareille expérience. Chéris-la tout simplement.
─ C’est ce que je fais, crois-moi, m’assure-t-elle dans de frénétiques hochements de tête. Je prends ce qui vient sans rechigner. Autant ne pas faire la fine bouche. Il est si beau, Ella, s’extasie-t-elle radieuse.

Je pouffe devant son air totalement pâmé.

─ Où se trouve-t-il, d’ailleurs ?
─ En bas, au pub chez Jeanne. Il s’est aussitôt proposé pour l’aider à repeindre le mur du fond comme elle souhaitait. Après ce que Raphaël lui a dit te concernant, je l’ai abandonné et me suis précipitée chez nous récupérer mon téléphone pour te joindre illico presto. Enfin, je ne lui suis d’aucune utilité niveau travaux et peinture, alors autant prendre mon ordinateur pour m’avancer sur le boulot qui m’attend à mon retour de congés.
─ Ne m’en parle pas, grogné-je dans une grimace.

Un road-trip contre la déprime Où les histoires vivent. Découvrez maintenant