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Alors que Raphaël m’aide à retrouver mes deux cops, noyés au milieu de tout ce monde, mes yeux ne cessent de s’agrandir face à une multitude de choses qui m’interpelle.

─ Pourquoi, au fur et à mesure que nous évoluons dans le festival, j’ai de plus en plus l’impression de me retrouver dans un club de strip-tease, puis dans un saloon country ou encore un club libertin ?

Raphaël tourne son visage vers le mien, hilare.

─ Tu ne connais vraiment rien au monde biker, alors ? m’interroge-t-il avec stupéfaction.
─ Bien sûr que non, c’est Ambre qui a l’air d’en savoir une tonne sur le sujet. Mes ressources se limitent à quelques reportages sur ces groupes de motards américains qui font flipper un max, si tu veux mon avis.

Il ricane tandis que je marmonne :

─ Je savais bien que j’aurais dû regarder la série Sons of anarchy. Ambre et Sabrina n’ont fait que me le rabâcher ces derniers jours. Peut-être voulait-elle m’éviter un choc.
─ C’est vrai que cela t’aurait aiguillée sur le milieu, reconnaît-il en souriant. Mais d’après ce que je sais des expériences dans lesquelles tu t’es jetée sans tergiverser une plombe, je suis certain que tu ne peux plus être choquée par quoi que ce soit.
─ Tu plaisantes ! Vise un peu ce vieux au visage noyé dans les seins nus de cette jeune fille !

Raphaël interrompt notre avancée parmi la foule et me fait face.

─ Bon, je vais tenter de me la jouer « Les bikers pour les nuls ».
─ Je t’en prie, dis-je dans une moue revêche.

Il me pince gentiment la joue.

─ Je ne dis pas que t’es nulle, je suis sûr que t’as compris le topo.
─ D’accord, alors ô grand maître des deux roues, éclaire donc ma lanterne d’ignorante.

Il secoue la tête d’amusement face à ma répartie.

─ D’un, il y a plusieurs sortes de motards : ceux du dimanche, ceux qui imitent les clubs dont tu fais part, mais sans le côté dangereux avec des trafics en tous genres et les vrais clubs qui eux traficotent. Ici, tout le monde se rejoint en terrain neutre pour une chose : la fête. Nous partageons tous la même passion et nous nous focalisons uniquement sur cela. De deux, dans un club nous trouvons les membres du club aussi appelé MC et dans celui-ci y traînent des filles. Des filles faciles qui ont bien des surnoms : brebis, joli-cul, sweetie, etc. Ce sont ces filles que tu peux voir ici. Elles sont là pour divertir les hommes et faire ce que bon leur semble en totale liberté avec eux.
─ Elles forniquent quoi !
─ Voilà ! affirme-t-il dans un clin d’œil. Mais il n’y a pas qu’elles. Les régulières sont également de la partie.
─ Des régulières ?
─ Ce sont les femmes choisies par un des motards. Il s’agit de leur femme. Elles sont protégées par tous les membres du club et respectées.
─ Si je comprends bien, il s’agit de l’inverse des brebis et compagnie.
─ Tu vois, tu as tout pigé !

En jetant un autre coup d’œil à ce qui nous entoure, je déclare :

─ Ça reste tout de même un monde à part.
─ Oui, et c’est ce qui nous fait l’apprécier davantage. Nous pouvons nous montrer tels que nous sommes sans crainte du jugement.

Je capitule en levant les mains.

─ D’accord, j’ai saisi ; j’arrête de juger.

Il m’adresse un sourire de reconnaissance.
Nous nous tournons pour reprendre notre marche, mais un homme entièrement nu passe devant nous en courant derrière une fille à moitié dénudée riant aux éclats et un autre homme asperger le premier d’un jet d’eau pour lui rafraîchir les idées.
J’arque un sourcil.

Un road-trip contre la déprime Où les histoires vivent. Découvrez maintenant