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Un pic de chaleur s’est abattu sur Paris. Je pénètre dans l’appartement et balance mon sac à main sur un tabouret tandis que je pose avec plus de précaution celui renfermant mon ordinateur portable.
Ambre me tend une petite bouteille d’eau pendant qu’elle est en train d’en descendre une d’un trait.e

─ On se croirait sur la côte d’Azur, dit-elle en s’essuyant la bouche d’un revers de main.

Je ne peux qu’acquiescer.
Ambre, cette jolie fille à la chevelure châtaine et aux grands yeux verts mystérieux fait partie de mes colocataires. J’étais incapable de rester dans l’appartement que j’avais loué avec Tony où je ne sais combien de fois il s’est attelé à l’odieuse tâche de me trahir. Quelques mois plus tard, me voici ici, dans le quartier de Montmartre à cohabiter avec deux nanas géniales.
Sabrina est la seconde fille qui clôt notre trio d’enfer. Elle est minuscule et arbore de long cheveux de la blondeur du blé doré par un soleil d’été et ses yeux sont de la teinte d’un ciel azur derrière ses grandes lunettes de vue à la monture dorée.
Étonnamment, nos tempéraments qui diffèrent nous complètent parfaitement finalement car toutes trois sommes créatrices. Ambre est styliste et Sabrina conceptrice de jeux video.
Tous les soirs, nous nous retrouvons à partager notre canapé fleuri, penchées sur nos propres ordinateurs. Je suis graphiste donc c’est mon outils de travail. Ambre fait ses croquis également sur le sien et Sabrina crée de nouveaux univers 3D. Et l’ambiance est top ! Nous  nous comprenons.
Nous nous sommes rencontrées il y a trois mois. Je venais de rendre les clés à mon ancien propriétaire avec lequel je venais de faire un dernier tour d’état des lieux en compagnie de cet enfoiré de Tony. Le bail était à nos deux noms donc il été logique qu’il soit présent pour cette étape.
Je m’en serai bien passée, surtout qu’il a tenté de me la faire à l’envers en tirant sa tronche de chien battu tout en me soufflant de discrètes excuses dès que nous pénétrions dans une pièce pour vérification.
Résultat : il n’a obtenu pas un regard ni même un mot de ma part.
Je me suis barrée à l’instant où j’ai laissé tomber les clés dans la paume ouverte du proprio qui nous jetait des regards en biais. Il a parfaitement évalué la situation, soit qu’il y avait le feu au lac.
Enfin, c’est la colère qui me dominait dès que j’ai pris un autre chemin en voie de rejoindre une collègue du boulot open pour m’héberger le temps de trouver autre chose. C’est là, en approchant du quartier dans lequel vit cette collègue, que je suis tombée sur une pancarte brandie au-dessus d’un pub. Je m’étais demandée si c’était encore un coup tordu du destin. Cela disait « journée portes ouvertes aux cœurs brisés ».
Je me souviens avoir regardé le ciel en mode : Vous vous foutez de moi ?!
Et puis, je me suis dit que c’était pile mon cas, bien que c’était un peu trop gros pour représenter un signe me soufflant d’attraper la perche qu’on me tendait, je me suis lancée sur un coup de tête. Alors j’ai changé de cap et y ai foncé sans plus réfléchir.
Meilleure décision de toute ma vie.
À l’intérieur, j’ai fait la connaissance d’Ambre et de Sabrina. Elles n’avaient pas le cœur brisée, mais étaient venues là seulement pour soutenir des personnes dans mon cas. Je les ai aussitôt adorées et ai appris qu’elles cohabitaient l’appartement du dessus.
Nous nous sommes immédiatement adoptées si bien que le soir-même, nous foncions chez ma connaissance de boulot, quelques rues plus haut, récupérer mes affaires pour rejoindre leur équipe de colocataires de choc.
Depuis, j’ai pris leur habitude à me rendre une fois par semaine dans ce pub lorsqu’il s’agit de la journée des cœurs brisés en leur compagnie. Je tente de guérir mes blessures en même temps que je remonte le moral à d’autres gens formidables ayant été abusé de biens des manières.
J’ai découvert que nous étions des tas à avoir mal au cœur à cause de parents ignobles, de collègues de travail cruels, d’amoureux.ses infidèles et gens croisés au mauvais endroit au mauvais moment.
C’est tout naturellement qu’une amitié de plus s’est tissée avec la patronne des lieux, Jeanne. Mère d’un fils formidable ayant subi des tortures de la part d’un groupe de jeunes homophobes tandis qu’il s’apprêtait à rejoindre son petit-ami sur un des quais de la Seine.
Je n’étais pas la seule marquée à vif.
C’est ce qui m’aide. Bizarre, mais cela me fait tenir. Une rupture n’est jamais évidente. Mais elle l’est d’autant plus quand elle met également fin à une amitié née sur les bancs d’écoles maternelles.
Tony et moi étions amis depuis ce temps-là. Cela explique l’ampleur de ma douleur, les dégâts occasionnés en moi. J’ai perdu mon premier amour, mais également le plus précieux de mes amis en plus de ma cousine que je considérais comme ma sœur.
Maudits soient-ils !

Un road-trip contre la déprime Où les histoires vivent. Découvrez maintenant