Coeur Noir

Maman !

Le soir venu, Victor appela sa mère pour prendre des nouvelles. Cela faisait belle lurette qu’il ne l’avait pas entendue. Lorsqu’elle décrocha, il y’avait des bruits de fond de série Télénovelas.
-Bonsoir Maman, Comment vas-tu ?
-Bonsoir mon fils, je vais bien. Et toi ?
-Je vais bien Maman, rien de grave.
-Et comment est le climat là-bas ces temps-ci.
-Bon, tu sais ce n’est pas comme au Cameroun mais je m’y suis adapté.
-OK. Mais n’oublie pas que tu es là-bas pour progresser dans ton boulot et devenir un grand ingénieur. Comme disais ta grand-mère : « Le chasseur ne va pas perdre son temps en brousse sans rapporter de gibier ».
-Oui maman je sais, tu me le répète tout le temps. En passant je suis en stage dans une entreprise qui fait dans les produits de beauté.
-Comme Tata Nancy ?
-Non, c’est une grande boite qui fabrique elle-même ses produits. Tata Nancy ne fait que les vendre.
-Ne me dis pas que tu as fini une formation d’ingénieur pour vendre les shampoings, là on ne va pas s’entendre jeune homme.
-Non maman, je ne vends pas des shampoings. Je suis là-bas en tant qu’ingénieur maintenancier et je gère aussi les problèmes électriques liés au fonctionnement des machines.
- Je n’ai pas tout compris mais je pense que tu t’en sortiras très bien.
-Oui moi aussi, enfin je l’espère. Tu sais je pense beaucoup à Yasmine et à Ethan.
-Tu sais que tes frères poursuivent comme toi leur rêve ; On n’est pas la famille la plus saine mais au moins, votre père et moi vous aimons tous autant que vous êtes et peu importe ce que vous êtes. Entre Yasmine qui est à Yaoundé avec tante Nancy et ton frère Ethan qui ne donnes plus de nouvelles, j’avoues que je suis dépassée.
-Et comment se portes papa ?
-Ton père n’a pas changé. Il est toujours aussi travailleur et il fait toujours autant attention à sa ligne.
-Je te souhaite beaucoup de courage maman, ta vie n’est pas facile.
-C’est la vie que j’ai choisie, et je l’assume complètement.
-En faites, je t’appelle parce que Charles revient encore.
-Tu es sûr de toi ? Je pensais que le pasteur t’avait aidé à le faire partir définitivement.
-Je pense qu’il est revenu et que si je retombe sous son influence, je risque de devenir une personne que je ne suis pas.
-Ne t’inquiètes pas mon bébé, il partira et tu reprendras une vie saine.
-Tu penses que je devrais aller voir un psy ?
-C’est chose là, c’est pour les blancs. Je te conseillerais juste de faire attention à toi.
-Merci maman, pour tout.
- Bon ton père est arrivé, je dois l’accueillir. On se parle plus tard.
-Oui d’accord Maman. Je t’aime. Prend soin de toi.
-Toi aussi mon fils prend bien soin de toi également. Tu manges bien et tu dors tôt, tu as du travail demain.
Il raccrocha, alla faire son rituel du soir et s’est endormi.