Demande le moi.

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PDV Victoire.

Cette femme était tout simplement divine, mais une haine incalculable faisait partie de moi et je ne pouvais m’en séparer. Comment peut-on passer d’un amour intense à une haine monstrueuse ? 

Je faisais un pas en arrière afin de m’éloigner au plus vite d’elle qui se rapprochait dangereusement de moi. 

Mes omoplates collées contre la porte m'indiquaient que plus aucun recul n'était possible. 

Sa main se levait et dans une appréhension totale je fermais les yeux pensant qu’une gifle monumentale allait s’abattre sur mon visage. Mais à la place ses fins doigts traçaient les contours de mes yeux, de mon nez, de ma bouche.

-”Ouvre tes yeux” Sa voix était douce, je pouvais sentir une pointe de tristesse. 

Sa main prenait une partie de mon visage en coupe et son pouce caressait ma pommette. 

“Si tu savais à quel point tu m’as manqué Victoire. Si tu savais à quel point j’ai espéré que tu reviennes dans ma vie. Si tu savais comme mon corps brûle de ta présence et comme mon coeur souffre de ne pas t’avoir pour moi, et moi seule.” Une larme coulait sur sa joue, et ses yeux rejoignaient enfin les miens. Une tristesse immense prit possession de mon être. 

Finalement même après deux ans, même après tout les épisodes de notre histoire, les hauts, les bas, cette femme avait une place intégrale dans mon coeur, et personne pourrait faire la différence. Aucun mot ne sortait de ma bouche. Ma main séchait ses larmes, et replaçait ses cheveux derrière son oreille. 

-”Tu sais, je savais qu’en venant ici nous allions nous recroiser, mais je ne pensais pas te retrouver presque implorante à ce que je refasse partie de ta vie, je te pensais reconstruite, mariée, heureuse, et toute cette image de toi me rendait la tâche facile. Parce que je sais très bien au fond de moi que je n’allais pas savoir faire sans toi si tu étais encore la femme que j’avais laissé derrière moi lors de son mariage. Je sais à quel point cela à dû te faire mal en voyant Ava, mais il faut que tu comprennes qu’elle a ramassé tes pots cassés, qu’elle a passé des mois à me sortir du cyclone dans lequel j’étais. J’ai tout perdu quand je suis partie, mon amour propre, ton amour, toi, ton odeur, tes bras, ta bouche, ton corps, ton coeur, tes mimiques, enfin tout ce qui me remplissait de gaieté. “ Elle baissait les yeux. “Non, je ne veux pas que tu baisses les yeux devant moi, tu ne l’as jamais fait, et je t’interdis de le faire, nos chemins se sont séparés et je veux que tu sois heureuse Grace, sincèrement, même si cette partie sera sans moi, je suis là maintenant, plus à la même place qu’avant mais je suis là.” 

Les larmes coulaient abondamment sur mes joues, et encore une fois, ses mains les essuyaient. Nos yeux se croisaient et parlaient. Pourquoi diable suis-je revenue ici ? Même si au fond de moi je savais pertinemment que résister n’allait pas être une partie de plaisir, je comptais y arriver, pour moi, pour elle, pour Ava. Je n’avais pas d’autres choix et seul celui-ci s’offrait à moi. 

Une sensation perdue, une sensation intense et chaude prennait possession de moi, quand mon cerveau analysa la situation. 

Grace m’embrassait, et j’y répondais plus que ce que je ne le devrais. 

Sa main dans ma nuque, l’autre sur ma hanche, je retrouvais toutes les sensations perdues depuis deux années. Elle m’embrassait comme-ci sa vie en dépendait. Et je ne l’arrêtais pas, parce que cette sensation de plénitude m’avait manqué. Atrocement manqué. 

Mes mains prenaient son visage en coupe, ma bouche intensifia le baiser, nos corps s’entrechoquaient, nos gestes étaient pressés. J’allais m’y perdre totalement, j’allais perdre pied et rompre ma promesse faite à moi-même. 

Elle reculait et reprit sa respiration. 

-”Je suis prête à te regarder être heureuse avec une autre, si tu me le demandes. Je suis prête à te regarder te marier avec cette femme, prête à ne plus t’adresser un mot d’ambiguité, prête à t’aimer sans l’exprimer, je suis prête à faire en sorte que ta vie se déroule comme tu le souhaites avec cette femme si c’est ainsi que tu le veux, demande le moi et je le ferai.” 

Mes pensées étaient dispersaient, incohérentes, je n’arrivai plus à faire abstraction de son corps à moitié découvert, de sa bouche qui articulait chaque mot pour que je comprenne le sens, à sa voix rauque, à ses yeux pétillants, à ses mains qui avaient retrouvées les miennes. Je ne pouvais pas lui demander ça, comme je ne pouvais pas lui demander de faire en sorte à ce que je me perdre encore dans cette relation, mes pensées étaient contradictoires, affolées et insouciantes. 

-”Je ne veux pas que tu sois spectatrice de tout ça. Mais je ne veux pas trahir Ava non plus. Laisse-moi du temps.” Puis je lui tournai le dos, et la laissais seule dans cette pièce témoin de notre baiser. 

Cette passion ne s’était pas éteinte et cela me faisait peur. 

Qui domine la raison ? C'est bien la passion : cette impression de ne plus se posséder, de ne plus être raisonnable. Je pourrais la décrire comme une folie. C'est en quelque sorte, une perte de contrôle et c'est cet aspect qui nous effraie et qui nous fait dire, après coup, jamais plus, sauf quand il s’agit de Grace Lord. 

Le vrai visage de la passion est dur à accepter, sauf quand la passion est provoquée par Grace. S'il y a une certitude avec la passion, c'est qu'elle ne dure pas. Il arrive inévitablement un moment où la réalité nous rattrape. Ce retour à la réalité est toujours douloureux. Et avant que se produise cette déchirure, il y a une déresponsabilisation des amants, une perte d'identité, une incapacité à vivre l'un sans l'autre. Bref, ce sont les montagnes russes où on passe par l'euphorie, le bonheur, le calme, l'anxiété, le désespoir. On ne parle pas d'amour, en tout cas pas du type d'amour sur lequel on peut bâtir une relation durable, et je ne suis même pas sûre que celà soit possible. Mais encore une fois il était question d’interdit, comme il l’a toujours été avec Grace. 

Depuis le jour où nous nous sommes croisés l’interdit, le jeu, la passion, la domination, tout ça faisait partie de la relation que nous avions installée. 

Mais est-ce que tout ça pouvait refaire partie de ma vie ? Maintenant que je connaissais la sérénité ? 

-”Tu es rentrée tôt, ça ne s’est pas bien passé ? Les retrouvailles avec ta professeure n’était pas agréable ?” Perdue dans mes pensées je n’avais même pas fait attention que j’étais arrivée chez moi. 

-”Si, tout s’est bien passé, mais j’avais envie de rentrer et de te retrouver.” Mensonge. J’avais juste envie de résister au diable, à la luxure et au péché de te trahir. 

Demain, les sections littéraires se retrouvaient afin de parler des futurs projets en commun. 

Donc demain était une journée où Grace et moi serions proche. 

Comment faire ? Comment faire pour reprendre les rênes de ma vie ? Mise à part quitter de nouveau la ville ? 

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Bonjour !

Voici le chapitre 33 :)

J'espère avoir vos retours sur celui-ci, à votre avis que compte faire Victoire ?

Bonne journée !!!





D'Amour et de Haine [CORRECTION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant