Chapitre 1

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Le soleil d'été filtrait à travers les panneaux des baies vitrées. Appuyée contre le montant de la fenêtre, Andréa scrutait la ville de Gotham depuis son appartement du 4e étage. La pollution aérienne rendait cette ville pratiquement hermétique aux rayons du soleil, une journée comme celle-ci était fort rare. Pourtant, aucun des traits de lumières ne parvenait à réchauffer le cœur de la jeune femme. Leur caresse paraissait une langue glaciale sur sa peau diaphane alors que ses yeux se perdaient sur les toits des immeubles environnant.

Cela faisait près de quatre mois que Bruce Wayne l'avait installée dans ce nouveau logement, qu'elle recommençait une nouvelle vie et que tout avait basculé.

"Recommence sans nous ! "

Ces mots restaient irrémédiablement gravés dans sa mémoire. La jeune femme avait tout d'abord tenté de les refouler, se consacrant corps et âme à son examen pour devenir infirmière, à sa musique, mais le fait était que plus elle tentait de les oublier, et plus elles revenaient au galop. Finalement, cette prose maléfique faisait partie de sa vie à présent, comme une cicatrice que l'on ne peut cacher et qu'il faut apprendre à assumer.

Ni Jason ni Red Hood n'avaient donné signe de vie depuis ce jour fatidique. Andréa lui avait envoyé des messages, mais le numéro n'était plus attribué, et Gar, aussi adorable fut-il, restait également fidèle à son ami et n'avait pas divulgué ses coordonnées.

– Il va bien, Lui avait-il dit. Mais tu dois passer à autre chose Andréa...

Sa dernière entrevue avec Gar remontait à quelques jours, et la jeune infirmière avait été plus que cinglante dans ses propos. Elle n'allait pas bien ! Et elle n'irait pas mieux tant qu'elle n'aurait pas pu constater de ses propres yeux que Jason l'avait oublié, qu'elle n'entendrait pas de sa bouche que leur courte mais intense histoire était finie. Gar était reparti en haussant les épaules, un air compatissant et triste sur le visage qui avait tordu les entrailles de la jeune femme.

Andréa avait perdu son inspiration musicale, toutes les notes, les mélodies, les harmonies lui étaient rapidement apparues vides, sans émotion. La musique, c'est partager ce que l'on ressent avec son public, mais la mélancolie ayant laissé place au vide et à la résignation, elle ne ressentait plus grand-chose. Sa basse dépérissait sous un fin manteau de poussière dans un placard.

Quand elle n'était pas de garde, Andréa tentait d'occuper son temps en préparant des listes de courses, de choses à faires (qu'elle ne ferait probablement pas), à parcourir les annonces de chats et chiens à adopter (ce qu'elle ne ferait pas car ses horaires lui semblaient une contrainte trop grande pour les imposer à un être vivant). Mais une fois tout cela épuisé, les fenêtres devenaient son seul loisir, contempler la ville avec l'espoir de voir un héros au casque rouge bondir quelque part...

La jeune femme partit dans un rire nerveux en s'imaginant en train de regarder par la fenêtre à travers les yeux du voisin d'en face. Plaquant une main sur son visage, elle s'éloigna.

– Tu es pathétique ma pauvre ! Soupira-t-elle.

Andréa extirpa un sachet de nouilles à réchauffer au micro-ondes. Une fois son repas avalé, elle alla, comme tous les soirs depuis quatre mois, se coucher, seule et nostalgique.

**********************

Le lendemain, Andréa était de garde, maintenant officiellement diplômée, elle exerçait comme infirmière urgentiste à temps partiel, l'hôpital de ce quartier défavorisé de la ville n'ayant pas les moyens de la prendre à temps plein. Mais cela n'était pas un problème dans le fond, Bruce s'assurant régulièrement qu'elle ne manquait de rien, lui faisant livrer un panier primeur par semaine, et lui envoyant régulièrement un chèque ou un chéquier de bons d'achat dans des boutiques de prêt-à-porter.

Tome 2 _ Why did you bring a shotgun to the party?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant