Chapitre 27

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Andréa lança un dernier coup d'œil dans le rétroviseur, laissant le manoir disparaître derrière elle. Le calme qui s'installait peu à peu dans l'habitacle ne parvint pas à masquer la tempête qui grondait en elle.

Pas besoin d'eux. Ni de leur protection, ni de leur jugement, se répéta-t-elle, mais les papillons agités au creux de son estomac la trahissaient, lui rappelant que sa détermination n'était pas si inébranlable.

Elle savait pertinemment que c'était la perspective de leurs regards qu'elle fuyait autant que la scène elle-même : le regard blessé de Gar, plein de déception et de tristesse contenue, celui de Gavin, aussi perdu qu'envieux, et surtout... le regard dur et torturé de Jason, celui de l'homme à qui elle venait de jurer une indépendance totale, quelques heures à peine après avoir succombé à un moment de faiblesse et de proximité.

Le bitume défilait rapidement sous les roues de la Maserati, et en à peine dix minutes, elle atteignit l'immeuble de son appartement. La tension commençait à retomber légèrement. Elle savait que sa fenêtre de répit serait courte avant qu'un des deux justiciers de Gotham ne débarque, peut-être Gar, transformé et prêt à prouver qu'il pouvait la raisonner, ou Jason, fou de rage et bien décidé à s'expliquer.

Pas de temps à perdre.

Elle avait anticipé ce genre de fuite il y a quelques mois, quand elle attendait encore secrètement que Jason vienne la retrouver, prêt à tout pour la récupérer... À l'époque, elle avait discrètement préparé un sac avec de quoi se débrouiller en cas de besoin : quelques vêtements, un couteau dissimulé, un carnet, quelques packs de nouilles instantanées, et surtout ses papiers d'identité. En quelques secondes, elle attrapa le sac dissimulé sous le lit et redescendit en trombe, traversant le hall d'entrée pour retourner à la voiture. L'objectif était clair : l'affaire Fries. Elle ne se contenterait pas de simples hypothèses ; elle avait bien l'intention d'avoir les réponses qui lui échappaient.

Alors qu'elle s'engageait de nouveau sur la route, les tours de Gotham défilaient de chaque côté, imposantes et sombres, à l'image des ombres de son passé qu'elle s'efforçait d'éloigner. En moins de vingt minutes, elle atteignit les abords de la prison d'Arkham, où elle s'arrêta sur le bas-côté. Avant de passer les portes de l'un des endroits les plus sécurisés de la ville, il lui fallait se fondre dans un rôle. Elle sortit de son sac un tailleur noir strict, élégant mais sobre, et enfila une jupe crayon qui se marierait parfaitement avec l'image d'une journaliste ou d'une avocate de second ordre. Après s'être assurée que personne ne l'observait, elle troqua ses lentilles pour celles d'un brun neutre et rabattit sa perruque blonde, attachant ses cheveux en un chignon aussi sévère que professionnel.

Arrivant au poste d'entrée d'Arkham, elle inspira un grand coup avant de se présenter. Le gardien, un homme d'une trentaine d'années au sourire étiré et à l'air nonchalant, consulta ses papiers d'identité avec une lenteur calculée.

— Alicia Chaumontel, murmura-t-il, comme pour graver ce nom dans sa mémoire. Un léger sourire s'étira sur ses lèvres, traînant un peu trop longtemps sur son visage tandis qu'il observait Andréa d'un air presque lubrique. D'un ton appuyé, il ajouta :

— Je suppose que vous êtes là pour un scoop, comme tout le monde.

— Visites jusqu'à vingt heures seulement, dit-il sans détourner le regard d'elle, même après lui avoir rendu ses papiers. Ses yeux passaient de ses lèvres à son chemisier comme un scan trop long. Ah, et pas de matériel extérieur, hein ?

Andréa lui répondit d'un sourire rapide mais glacial, pressée de mettre fin à son examen douteux. Elle serra son sac contre elle, et sans attendre, passa dans l'enceinte. La porte principale d'Arkham se referma derrière elle avec un bruit sourd, comme si elle scellait un pacte silencieux avec la folie qui rôdait dans les murs. La sensation de froideur la traversa de part en part, mais elle n'hésita pas, acceptant les instructions d'un des gardiens qui lui tendit une feuille et un crayon en carton avant de la guider dans le dédale de couloirs.

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⏰ Dernière mise à jour : 2 days ago ⏰

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Tome 2 _ Why did you bring a shotgun to the party?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant