Chapitre 4

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Elle s'apprêtait à escalader un autre bloc d'aération quand une main gantée lui saisit fermement la cheville, la tirant au sol.

– Lâchez-moi ! Hurla-t-elle, donnant des coups de talons aussi puissants que son corps fatigué par l'effort le lui permettait.

La main se retira et Andréa se retrouva à plat ventre, gisant au sol. Après quelques secondes où aucun coup de feu ni coup de poing ne se firent entendre, elle se décida à rouler sur le côté pour faire face à son agresseur. Personne.

Ses yeux rencontrèrent le ciel noircit par la nuit levante, et ce fut alors qu'elle réalisa que le silence était revenu. Au loin, elle reconnut la silhouette de Red Hood, traînant les corps inanimés des cinq malfrats contre une imposante sortie de conduits de cheminée en brique.

La jeune femme finit par se relever et se risqua à s'approcher du héros occupé.

– Est-ce que...

Elle n'eut pas le temps de réfléchir à sa question qu'il lui coupa la parole, lui intimant sans même tourner la tête de lui donner les cordages et menottes de son sac, posé quelques mètres plus loin. L'atmosphère était tendue et elle s'exécuta sans un mot. Toujours en retrait, elle observait l'homme qui avait tant fait pour elle ficeler les corps mous entre eux. Une fois son labeur terminé, Red Hood remit ses affaires dans son sac à dos, réajusta son costume et s'immobilisa, tournant le dos à Andréa.

Elle voulait courir et prendre dans ses bras, lui dire combien il lui avait manqué et tout le poids de la monotonie depuis son départ, mais elle n'en fit rien. L'atmosphère était suffisamment tendue pour qu'un geste malheureux ou un mot mal choisi fasse voler en éclat ce qui était peut-être sa dernière chance de tourner la page. Andréa restait stoïque, ses plantes de pieds profondément ancrées dans le béton du toit, comme pour retenir le reste de son corps qui tentait de se propulser en avant. Chaque inspiration, profonde et lente, l'aidait à maintenir ses questions en cage.

– Tu n'aurais pas dû venir.

Ce fut avec ces mots prononcés sur un ton froid et monocorde qu'il rompit le silence. Le son de chaque syllabe pénétra en elle comme une salve de lames invisibles. Finalement, le silence était plus appréciable que l'indifférence.

– Mais je suis venue... Après tout, vous m'avez formé pour vous filer un coup de main de temps en temps, non ? ! Se risqua-t-elle avec une assurance factice.

Le grognement qui jaillit de la silhouette rouge en face d'elle lui indiqua que sa tentative pour détendre l'atmosphère était un échec. Jason se tendit petit à petit, ses épaules se redressèrent, ses poings se fermèrent et sa respiration se fit plus rapide. Finalement, sans qu'elle n'ait le temps de réagir, il fit volte-face et l'attira loin des bandits inconscients.

– Non, Andréa ! On a fini par accepter de t'entraîner pour que tu aies une chance de survivre assez longtemps pour qu'on élimine la menace qui planait sur toi. Il n'y a plus de menace, tu n'as plus besoin de ces compétences.

– Tu n'avais pas l'air en très bonne posture quand je t'ai vu alors...

– Je m'en sortais très bien. Combattre le crime, c'est accepter de prendre des coups et de saigner de temps en temps, ma belle ! On n'est pas dans un film à deux balles où les héros sont de bons samaritains sans aucune égratignure !

Il lui aboyait dessus plus qu'il ne parlait, sa voix devenant caverneuse avec son casque. Andréa connaissait suffisamment Jason, caché sous sa carapace high-tech, pour savoir qu'elle devait attendre. La moindre tentative pour dialoguer le ferait fuir pour de bon. Le jeune héros fit les cent pas tel une mouche sous acide avant d'enlever son casque et de se planter face à elle, le regard dur.

Tome 2 _ Why did you bring a shotgun to the party?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant