Chapitre 26

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Jason et Garfield échangèrent un regard paniqué avant de bondir vers la porte d'entrée en même temps, une lueur d'inquiétude brûlant dans leurs yeux. Bien qu'ils ne patrouillent plus ensemble depuis des mois, les années de pratiques avaient laissé des réflexes, et leurs mouvements se coordonnèrent à la perfection. Les deux hommes scannaient les environs à la recherche de ce ronronnement qui les avait alertés : le bruit d'un moteur qui démarrait.

— Andréa ! Hurla Jason en ouvrant grand la porte du manoir, suivi de Gar, tous deux laissant Gavin seul, planté tel une plante verte au milieu de l'immense hall.

Ils craignaient d'avoir relâché leur vigilance au point qu'un ennemi s'en prenne à elle. Outre les malfrats de Fries qui semblaient l'avoir dans leur collimateur maintenant, les habitants du manoir avaient suffisamment d'ennemis pour qu'Andréa devienne un otage de choix. Mais en s'élançant à l'extérieur, la vérité s'imposa rapidement : une voiture élégante et luxueuse, une rare Maserati Ghibli de 1970 d'un noir profond, s'éloignait à vive allure dans l'allée. À travers la lunette arrière, la silhouette d'Andréa, déterminée, les ignora complètement. Ils n'eurent que le temps de la voir franchir la grille en contrebas avant que celle-ci ne se referme avec un claquement métallique sec.

Jason resta figé, serrant les poings. À ses côtés, Gar, partagé entre l'indignation et la panique, fixait la Maserati disparaître.

— C'est de ta faute ! Grogna Jason en se tournant vers Gar, ses yeux flamboyant de rage contenue. Si t'étais pas venu foutre la merde avec tes histoires, elle serait encore là !

Gar sursauta, surpris par l'agressivité de Jason, mais il ne céda pas.

— Ma faute ? C'est toi qui as tout compliqué ! Je suis certain qu'au fond d'elle, elle a toujours su que t'étais un danger ambulant, et voilà que tu l'entraînes à nouveau dans tes combines douteuses ! À mon avis, elle en a eu assez, c'est tout. Peut-être que tu devrais enfin comprendre ça, Jason.

Jason avança d'un pas, sa mâchoire se serrant, laissant son regard percer celui de Gar.

— Écoute bien, Gar, tu t'imagines pouvoir la protéger, mais tu n'as pas la moindre idée de ce que ça implique. À chaque fois qu'elle a eu besoin d'être secourue, d'être protégé, t'étais jamais le premier sur place ! Depuis le début, tu lui compliques la vie avec tes idéaux à deux balles, à faire comme si tu comprenais ce qu'elle endurait, ce qu'elle ressentait, mais tu n'as fait que penser à toi et à tes couilles en chaleur ! Je suis le seul ici à vraiment la connaître.

Gar ne se laissa pas impressionner, une détermination froide remplaçant maintenant l'hésitation qu'il avait eue face à Jason.

— Elle n'a pas besoin de toi, Jason ! Elle mérite de respirer, d'être loin de toi et de ton foutu ego. Tu penses que "tu la connais" parce qu'elle est tombée dans ton jeu du pauvre gars torturé et que t'as eu la chance de la voir nue ? C'est pas ça, connaître ou aimer quelqu'un ! Crois-moi, si elle prend cette voiture aujourd'hui, c'est pour t'échapper, pas parce qu'elle espère que tu la suivras !

Jason sentit sa patience s'évaporer, et, dans un élan d'impulsivité, il attrapa Gar par le col, écrasant son poing sur sa pommette droite. Ce dernier, loin de se laisser faire, riposta en le repoussant violemment d'un coup de coude dans les côtes.

— Ça suffit, gronda Gar, le visage maintenant tout près de celui de Jason. Tu veux vraiment en venir aux mains ? Parce que j'attends que ça, mec.

La tension entre les deux hommes monta d'un cran, leurs souffles lourds, leurs regards perçants comme des lames. La peau de Gar ondulait de reflets verts alors que Jason prenait fermement appui sur ses jambes, les muscles de son dos se tendant un à un. L'instant d'après, le jeune homme aux cheveux verts bondit comme un animal. Jason esquiva d'une roulade sur le côté et atterrit dans le parterre fleuri adjacent, écrasant plusieurs bottes de pensées orangées.

Tome 2 _ Why did you bring a shotgun to the party?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant