Chapitre 5

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Andréa était assise sur un canapé en velours vert démodé mais très confortable. Ce lieu lui était totalement inconnu, pourtant, elle s'y sentait en sécurité, presque comme chez elle. Les murs en briques rouges étaient percés de larges fenêtres dans le style industriel, laissant filtrer la lumière des belvédères malgré le traitement opacifiant qui prévenant toute observation depuis l'extérieur.

De l'intérieur, on voyait presque parfaitement, mis à part un léger filme laiteux. Elle trouvait cela étrange et grisant d'observer le monde, depuis le quatrième étage, sans que personne ne sache qu'elle était là. Étrangement, malgré les événements qui s'étaient produits moins d'une heure plus tôt, un sentiment de quiétude planait en elle.

Était-ce ainsi que se sentait un veilleur après la tempête ?

Lorsqu'elle vivait au manoir, le sentiment était différent, la jeune femme était traquée, cloîtrée, mais là, le danger ne la visait pas. D'ailleurs, Andréa s'interrogeait sur la suite. Qu'allait-elle faire ? Rien ne l'impliquait dans la mission des héros de Gotham. Devait-elle reprendre le cours de sa vie ? Tout cela lui semblait aussi logique qu'irréaliste.

Perdue dans ses pensées, la jeune femme ne remarqua pas que le bruit blanc de l'eau de la douche avait cessé. Ce furent les pas de Jason sur le plancher qui la sortit de ses rêveries. Frottant une serviette sur ses cheveux humides, Jason était torse nu, un jean noir pour seul vêtement. Andréa ne résista pas à admirer cette silhouette sculptée qui lui avait, un bref instant, appartenu.

Tout à coup, son sourire béat s'effaça et elle courut dans sa direction. La peau tendue et perlée de gouttelettes d'eau de son dos affichait d'importants hématomes, mais ce qui attira l'attention de la soignante furent les deux profondes entailles sur son flanc droit, et le trou sanglant dans son biceps du même côté.

– Merde, Jason ! Il faut soigner ça ! Où est ta trousse de secours ? S'affola Andréa en posant ses doigts autour des plaies pour les voir plus clairement.

– Laisse ! J'ai déjà géré pire. Je vais me débrouiller.

Andréa reçut ses paroles comme un énième rejet de son ami et ex-amant. Pourtant, il n'en était rien. Jason tentait simplement de lui épargner le poids de ses choix de vie, mais il constata, au regard triste qui se dessina sur le visage d'Andréa, que l'effet n'était pas celui escompté. Il décida donc de lui indiquer l'emplacement du matériel de soin d'urgence.

Une demi-heure plus tard, Andréa acheva de suturer la plaie par balle de Jason. Elle avait fouillé avec une pince, tâtée les parois de l'orifice d'entrée, mais aucune balle. Et là encore, pas d'orifice de sortie.

– Tu ne trouveras pas de balle, la plaie est "propre". Avait-il dit tout naturellement.

Andréa pensa un instant qu'il avait dû retirer la balle alors qu'il était sous la douche, puisque ce n'était pas sa première blessure, et qu'il se soignait seul jusque-là. Pourtant, elle ne pouvait taire cette petite voix qui lui murmurait que cela ressemblait aux blessures de l'homme de l'autre soir. Cette intervention qui avait déclenché le plan d'urgence Wayne, même s'il se refusait à l'admettre, et mené à son transfert à la clinique centrale. Mais poser des questions risquant de gâcher ces retrouvailles qu'elle n'espérait plus, la jeune femme ne dit rien.

Il devait être près de minuit et la conversation n'avait pas été des plus riche. Le malaise s'installa rapidement, malgré les tentatives de Jason pour paraître naturel. Le jeune héros, maintenant vêtu de la tête aux pieds, questionna Andréa sur son quotidien, ses passe-temps, son travail. Des banalités auxquelles elle s'efforça de répondre sans aucune conviction.

– Rien d'extraordinaire tu vois ! Conclut-elle.

– Donc, tu ne joues plus de musique ? T'adorait ça avant ! S'étonna Jason.

Tome 2 _ Why did you bring a shotgun to the party?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant