Tome 2 _ Why did you bring a shotgun to the party?

Chapitre 23

Andréa fouillait depuis plus d'un quart d'heure et elle n'avait rien trouvé. Pourtant, elle ne se décourageait pas : elle retrouverait Jason. Telle une héroïne de jeux vidéo, elle s'était emparée d'un sac à dos qui traînait dans un des tiroirs de Jason, et y fourrait tout objet croisé qui lui semblait utile.

Inventaire :

Téléphone de Jason

Veste de Jason

Dossier sur l'affaire

Scotch

Tournevis

Bloc-cylindres de Harley cassé.

Boulettes de papiers de la corbeille

Deux paires de chaussettes

Pain de savon

Essuie-main

Lacets

Elle avait parcouru les pièces ouvertes mais cela fut rapide car la plupart des portes étaient fermées à clé.

De retour dans la chambre de Jason, la jeune femme se laissa tomber sur le lit dans un soupir las. Elle était bel et bien coincée. Bien que le matelas soit confortable, sa position, à moitié dans le vide, elle, ne l'était pas. Andréa se tortilla pour remonter son corps sur ce dernier.

Cela faisait des semaines voire des mois que Jason n'avait pas dormi dans cet endroit. Pourtant, l'air et la literie étaient encore chargés de son odeur : un mélange d'hespéridées, de cèdre et de ce "je-ne-sais-quoi" qui faisait que c'était l'odeur de Jay, peu importe le gel douche qu'il pouvait utiliser.

Les yeux fermés, elle se laissa quelques secondes bercée par la sensation familière de ces draps sur sa peau et de cette odeur qui avait le don de l'apaiser. Lorsqu'elle rouvrit les paupières, ce n'était pas tant pour ne pas s'endormir que pour éviter de laisser la nostalgie d'une relation passée se manifester.

D'un regard mou, elle balayait son environnement sans rien regarder de particulier. Sa respiration était lourde et régulière. D'un coup, elle se redressa et s'éjecta du lit, un sourire satisfait.

Le pas décidé, elle se dirigea rapidement vers le bureau et saisit la chaire. Elle avait vu cela dans des films. Elle ferma la porte et tenta de bloquer la poignée ronde avec le dossier : plus facile à dire qu'à faire. Finalement. Elle prit de l'élan pour pousser le bureau en bois massif qui pesait une tonne. Après trois prises d'élan, elle parvint à plaquer ce dernier sur le panneau de la porte. Si Bruce, Gar ou pire Beast Boy voulaient pénétrer dans cette pièce, ils y parviendraient rapidement, elle ne se faisait pas d'illusion. Mais cela lui ferait gagner de précieuses secondes.

Puis, elle se rua vers la cheminée en pierre de taille trônant fièrement au milieu de la pièce. Jason lui avait dit qu'elle ne servait plus depuis des années, vestiges passés d'une époque où le chauffage central était moins performant. Tous les joints étaient noircis, bien que propres, pourtant les angles des pierres restaient saillants. Toutes sauf une dont les bords s'étaient arrondis, comme érodés par des frottements réguliers.

D'un geste assuré, Andréa posa la paume de sa main sur le bloc froid et le pressa de toutes ses forces. Rien ne se produisit. Le bloc de pierre resta solidement fiché dans l'édifice.

– Fais chier, marmonna-t-elle entre ses dents serrées.

Elle tenta alors de pousser la pierre de droite à gauche, puis de gauche à droite. Toujours rien. Le grognement de rage qui jaillit de sa gorge illustrait sa frustration. Elle venait de se barricader dans cette pièce, persuadée d'avoir trouvé un accès secret à quelque chose, et elle était bien bête maintenant.