Chapitre 7

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De retour à son appartement, Andréa se plongea dans l'analyse des documents qu'elle s'était envoyée par mail. Assise face à son tableau d'enquêtrice, un feutre effaçable à portée de main, elle commença à éplucher les différents dossiers de patients.

Parmi les onze restants, seuls deux semblaient être une piste possible. Elle nota leurs informations sur des post-it jaunes avant de les ajouter à la toile de son écran blanc rétractable.

Kamelyn Fries, 37 ans, admise trois semaines plus tôt à l'hôpital du quartier nord pour blessure à l'abdomen. Pénétration sur quatre centimètres. Arme non identifiée. La patiente n'a pas souhaité communiquer les causes de son traumatisme.

Jeune homme sans papiers d'identité, 23 ans, admis il y a un mois pour blessure par balle lors d'une bataille entre gang dans le quartier ouest. À dit s'appeler Aeron Fries. Pas de témoin pour corroborer ou invalider son identité.

Assise en tailleur au milieu de la chambre d'amis, Andréa scrutait la toile d'indice qui s'offrait à elle, tentant d'en démêler les secrets, de lui donner un sens. Malheureusement, sa concentration était mise à mal par la fatigue et son estomac qui se crispait sous la faim et lui hurlait de faire une pause et se restaurer. La jeune femme se décida alors à s'éloigner, à contrecœur, pour se cuisiner un repas aussi rapide que possible. Elle mit la bouilloire électrique à chauffer, sortit un bol et s'apprêtait à ouvrir un sachet de nouilles asiatiques lyophilisées quand son portable sonna.

Numéro inconnu

Compte tenu de l'heure, il s'agissait probablement d'un veilleur, de Bruce, de Gar ou peut-être même de Jason qui pensait finalement un peu à elle. Andréa jeta le sachet orange sur le plan de travail et se rua sur son téléphone quand elle comprit que quatre vibrations avaient déjà eu lieu.

– Allo ! Exalta-t-elle.

– J'espère ne pas vous déranger. Vous semblez être en pleine occupation à entendre votre souffle...

Andréa ne parvenait pas à associer cette voix d'homme à une personne de son entourage et se voyait difficilement répondre la vérité.

– Euh... Non, pas du tout ! Je... faisais simplement un peu de sport ! Puis-je me permettre de vous demander qui vous êtes, votre numéro n'apparaît pas sur mon écran ?

– Oh, excusez-moi ! Je manque à toute la bienséance. Gavin Mcdowell, nous nous sommes rencontrés plus tôt aujourd'hui, à la clinique.

La jeune femme resta silencieuse un instant. Elle ne s'attendait pas à un appel de sa part, et encore moins à cette heure-là.

– Bien sûr, je me souviens de vous M. Mcdowell, comment vont vos dents ? Demanda-t-elle avec naïveté, n'ayant aucune idée de la raison de son appel.

La question ingénue arracha un petit ricanement rauque à son interlocuteur qui activa l'usine hormonale d'Andréa. Et les paroles qui suivirent ne l'aidèrent pas à se sentir plus à l'aise dans cet échange téléphonique.

– Quel soulagement de voir que j'ai marqué votre esprit, ne serait-ce qu'un peu, car moi je n'ai pas réussi à effacer votre image du mien depuis notre rencontre, pour être honnête...

L'homme semblait sincèrement embarrassé par sa propre audace, une touche de fragilité et de candeur qui fit battre le cœur de la jeune infirmière à vive allure. Cela faisait bien longtemps que personne ne l'avait courtisée de la sorte. Elle se demandait même si cela lui était déjà arrivé. Elle avait vécu le viol, le sexe pour oublier, pour ne pas être seule, la courte tentative de Gar et sa relation intense mais totalement hors de la "to-do list" romantique de base avec Jason, mais n'avait aucune clé concernant cette approche-ci.

Tome 2 _ Why did you bring a shotgun to the party?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant