Chapitre 17

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Cela faisait déjà trois jours depuis sa dernière entrevue avec Jason. Elle lui avait fait promettre de la prévenir s'il avait du nouveau, et, afin de ne pas l'agacer outre mesure, la jeune femme avait réfréné ses envies de lui envoyer dix messages par jour pour lui demander où il en était.

Après deux prescriptions pour des hémorroïdes, quelques ballonnements dus à un excès de gluten, et le nettoyage de quelques pansements suite à une opération du col du fémur, Andréa était sur le point de finir sa journée. Gavin lui avait envoyé un message pour lui demander à quelle heure elle finissait.

Tu as déjà oublié ?

Lui avait-elle répondu par message. Trois jours plus tôt, "Un jeune homme très classe", d'après les dires de sa collègue standardiste, était venu se renseigner sur ses horaires de la semaine. Mais Gavin était également très occupé, et elle ne lui en tint pas rigueur.

18 h 45

Heureusement pour elle, son dernier rendez-vous s'était désisté, ce qui lui offrit une vingtaine de minutes pour se rafraîchir, refaire sa coiffure et réajuster son jean slim et son T-shirt, malmenés par le port de la blouse. Enfin, elle retira ses baskets de sport, très confortables lorsque l'on piétine toute la journée, et les troqua contre une paire de ballerines en suédine beige.

Il était dix-huit heures trente lorsque l'on toqua à la porte de la salle de pause des infirmières. Jennifer, la jeune standardiste, se glissa par la porte. Un large sourire illuminait son visage alors qu'elle s'approchait de l'infirmière. Arrivée à sa hauteur, elle se planta à quelques centimètres d'Andréa en trépignant.

Après quelques instants, la jeune femme l'invita à parler du regard.

– Il est là ! S'émerveilla-t-elle

Andréa ne comprenait pas. D'un froncement de sourcil, elle demanda à sa collègue de clarifier sa pensée.

– Le monsieur classe de l'autre jour, avec sa belle veste et son chapeau noir. Je pense qu'il vient vous chercher ! Et vu comme vous êtes magnifique, Andréa, il va probablement être très heureux de vous voir arriver...

Le rouge monta aux joues de la jeune infirmière. Gavin était déjà là, et l'idée que sa collègue la trouve séduisante lui réchauffa le cœur, peut-être aurait-il la même pensée en la voyant arriver ? Mais le voulait-elle vraiment ?

Jennifer avait déjà quitté la pièce en sautillant, et après avoir pris une dernière inspiration, Andréa lui emboîta le pas. Lorsqu'elle passa l'angle du couloir pour arriver dans le hall d'entrée, quasiment désert à cette heure-ci, mis à part Jennifer et Harvey, l'agent d'entretien, elle l'aperçut.

Il lui tournait le dos, un manteau trois quart noir et un chapeau borsalino tout aussi sombre sur la tête. A quelques mètres de lui, elle comprit soudain qu'il était plus grand et plus large d'épaule qu'à l'accoutumée. Cet homme n'était pas Gavin !

Il se tourna soudain vers elle, un sourire carnassier sur ce visage qu'elle peinait à apercevoir, camouflé sous l'ombre de son chapeau. D'un coup, tout s'accéléra. L'homme prononça son prénom, il la cherchait, puisqu'elle aussi tentait de les trouver. Il sortit un pistolet silencieux de l'intérieur de son manteau et le pointa dans sa direction.

Jennifer se mit à hurler qu'on la laisse en vie, se jetant sous le bureau, tétanisée. Elle ne pensa ni à saisir un téléphone, ni même à appuyer sur l'alarme silencieuse située sous son bureau. Harvey interpella le malfrat, lui ordonnant de ne pas faire de bêtises.

– Cher Monsieur, c'est vous qui venez de faire une bêtise. Répondit l'homme avec un calme glaçant.

L'instant d'après, un bruit sourd, comme celui d'un pistolet à bouchon, retentit, et l'homme d'entretien s'écroulait dans un râle de douleur, une main sur son épaule droite. Fort heureusement, Andréa avait déjà vécu ce genre de situation, et elle avait appris à affiner ses réflexes. Les quelques secondes qu'Harvey lui avait fait gagner lui permirent de faire machine arrière et de courir dans le couloir qui menait vers son bureau.

Tome 2 _ Why did you bring a shotgun to the party?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant