L'exil d'Oedipe

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Vous aussi vous avez du mal à croire les révélations de Tirésias ? Je vous rassure, c'était le cas de toutes les personnes présentes ce jour-là ! Comment croire à cette histoire connaissant mon oncle qui avait toujours été un bon roi ?

Tous les nobles furent mis à la porte. Jocaste se trouvait mal en point suite aux récents évènements. Ça se comprend en même temps. Qui ne serait pas bouleversé en apprenant que son second époux n'est autre que le meurtrier du précédent ?

Malheureusement, je n'ai pas eu l'autorisation d'assister à la suite des évènements. Mon oncle a plongé dans le déni et ne voulait absolument pas croire que, depuis tout ce temps, c'était lui le coupable. Ma mère nous a donc conduites, Antigone et moi, en dehors de la salle du trône pour laisser les adultes discuter entre eux.

Ainsi, je n'étais pas présente quand Oedipe apprit la vérité sur ses origines. De ce que j'ai compris plus tard, il s'avère que mon oncle était en réalité le fils de ma tante et de Laïos. C'était donc mon cousin si vous avez bien suivi. La généalogie et ma mythologie c'est pas compliqué !

La Pythie, encore elle, avait prédit que cet enfant tuerait son père et épouserait sa mère. Afin d'empêcher la prophétie de se réaliser, Laïos avait demandé à ce que le nouveau-né soit éliminé. Cependant, coup de chance pour le bébé, il fut sauvé et adopté par le roi d'une des cités voisines.

L'histoire aurait pu s'arrêter là, mais un jour, quand Oedipe était encore un jeune adolescent à peine plus âgé que moi à l'époque, quelqu'un remit en cause son ascendance. Afin de savoir s'il avait réellement été adopté, qu'est-ce qu'il fit ? Je vous le donne en mille : il alla consulter l'Oracle de Delphes ! Là, tout ce qu'il obtenu comme réponse c'est qu'il tuerait son père et épouserait sa mère.

Vous faites le lien maintenant ? Impossible pour Oedipe de rentrer chez lui avec ce qu'il venait d'apprendre, persuadé qu'il était d'être le fils naturel des personnes qui l'avaient élevé. Il prit donc la route de Thèbes. Sur le chemin il eut une altercation avec un homme. Le ton monta, les paroles passèrent aux gestes. Enfin bref, un coup de sang, une mauvaise chute, l'inconnu est mort. Enfin l'inconnu, ça c'est vite dit. L'homme était un anonyme pour Oedipe, mais le peuple de Thèbes le connaissait bien puisqu'il s'agissait ni plus ni moins que de Laïos.

Et voilà que la première partie de la prophétie s'accomplit. La suite vous la connaissez. Mon oncle libère Thèbes du Sphinx, épouse Jocaste, qui est en réalité sa mère, et nous nous retrouvons où nous en sommes dans mon récit.

Comme quoi, il ne sert à rien de défier les dieux. Ce qui doit arriver arrivera...

Oedipe avait donc promis l'exil au coupable. Il devait alors quitter Thèbes. Après avoir confronté sa version des faits avec celle de Jocaste, il n'y eut plus aucun doute. Le fils avait bien épousé la mère. Il était à la fois coupable d'inceste, de parricide et de régicide. Tu m'étonnes que les dieux étaient pas content et qu'ils ont frappé Thèbes avec le fléau ! Le roi devait en conséquence partir.

Bon alors, la vérité n'a pas été aussi simple à accepter. Je me souviens que pendant des jours mon père, mon oncle et ma tante se sont enfermés dans la salle du trône pour être absolument sûrs qu'Oedipe était le meurtrier. Et encore une fois, même si c'était lui qui avait ôté la vie à Laïos, il n'était pas sûr d'être le fils de Jocaste. Il me semble qu'un messager de Corinthe (la cité où Oedipe a été élevé) est venu apporter des nouvelles qui n'ont fait que confirmer ce que tout le monde redoutait.

Oedipe prépara donc ses affaires pour partir. Moi de mon côté je vivais ma vie d'enfant et passais le plus clair de mon temps avec ma cousine et ma mère.

— Il va vraiment partir ?, me demanda un jour Antigone.

— Je pense que tu es mieux placée que moi pour le savoir. Il me semble que oui, il a promis l'exil à l'assassin, la maladie ne cessera pas tant qu'il n'aura pas quitté les murs de la cité.

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