La bataille d'Orchomène

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Nous étions tous rentrés ensemble à Thèbes maintenant que nous savions que les hommes d'Erginos ne viendraient pas cette année-là.

À peine avions-nous passé les murs de la ville qu'une foule vient s'amasser pour fêter le retour d'Alcide. Des bergers avaient déjà fait se répandre la nouvelle de ses récents exploits dans la campagne qui avait permis d'épargner le peuple de Thèbes de la tyrannie des hommes d'Erginos. Toute l'attention se portait sur le jeune héros.

Quand nous atteignîmes enfin le palais, mon père, et Étéocle qui régnait alors, nous attendaient dès l'entrée.

— Alcide !, commença Créon en écartant les bras pour accueillir le jeune homme. Quel plaisir de te revoir parmi nous !

— Tout le plaisir est pour moi Créon, répondit alors Alcide avant de s'incliner face à mon cousin. Étéocle, j'ai appris pour ton père, j'en suis désolé.

— Pas moi, répondit froidement le roi.

Le ton de la réplique fit tiquer Antigone qui se trouvait à mon côté. Oedipe était un sujet sensible entre eux. Étéocle et Polynice lui reprochaient toujours la mort de leur mère. Antigone quant à elle était rongée par l'inquiétude que la prophétie d'Oedipe s'accomplisse et mette fin à la vie de ses frères. À la moindre tension entre eux, elle essayait de faire barrage afin d'assurer la paix à Thèbes et de protéger la vie des deux hommes.

Étéocle fit comme s'il n'avait pas remarqué le malaise de sa sœur et poursuivi ses retrouvailles avec Alcide. Tout le monde finit par rentrer dans le palais.

— J'y crois pas !, résonna une voix. La rumeur était donc vraie, l'enfant prodige est de retour.

Iphiclès se tenait au milieu du couloir menant à la grande salle où un banquet était en train d'être organisé en l'honneur du héros du jour.

Alcide s'illumina tout entier en apercevant son frère qu'il n'avait pas vu depuis plus de dix ans. Les deux hommes se prirent dans les bras, ravis de se retrouver.

Cela me donna l'occasion de pouvoir les détailler. À les voir côte à côte, jamais on ne penserait qu'il s'agisse de jumeaux. Alcide dépassait son frère d'au moins une tête. Sa carrure était bien plus large en raison de l'entrainement intensif qu'il avait enduré ces dernières années.

Les cheveux noirs d'Iphiclès contrastaient avec la chevelure d'or de la montagne humaine qui le serrait dans ses bras. Seuls leurs yeux, d'un bleu azur ravissant, laissaient deviner un air de famille.

Nous finîmes par nous retirer et laisser les deux frères se retrouver entre eux. Ils devaient avoir un tas de choses à se dire. Iolaos, le fils d'Iphiclès, allait enfin rencontrer cet oncle dont on lui avait déjà tant parlé.

Les jours passèrent et la vie à Thèbes se poursuivit. L'été était chaud donc Antigone et moi allions régulièrement nous rafraichir à la rivière. Parfois mes frères nous accompagnaient, mais le plus souvent ils restaient au palais avec nos cousins, Iphiclès et Alcide.

Quelques semaines après notre retour, Antigone et moi croisâmes des messagers Minyens alors que nous nous rendions à la rivière.

— Que se passe-t-il ?, me demanda ma cousine.

— Je n'en ai pas la moindre idée ! Viens, on va aller voir, dis-je alors en l'entrainant vers le palais.

— Még non ! S'ils sont là pour récupérer les bêtes, comme ils auraient déjà dû le faire, ton père et Étéocle ne voudraient pas que nous soyons dans l'enceinte de la ville. Allons à la rivière comme prévu, nous saurons après pourquoi les hommes d'Erginos sont venus.

MégOù les histoires vivent. Découvrez maintenant