Après avoir accosté, nous dûmes encore marcher quelques jours avant d'enfin atteindre les terres des amazones.
Le peuple des amazones vivait dans une vaste forêt riche en plantes et en gibier. Les femmes qui composaient la tribu étaient très fortes pour chasser. La forêt leur offrait d'importantes ressources pour vivre. Elles ne manquaient de rien.
Après le silence de la mer, la cacophonie de la forêt me parut angoissante. J'avais les sens en ébullition et j'entendais le moindre craquement de branche. Nous marchâmes plusieurs jours. Les garçons avaient eux aussi tous leurs sens aux aguets. Nous n'avions pas encore trouvé où les amazones avaient établi leur campement. Elles avaient tendance à se déplacer régulièrement afin de se cacher des hommes.
Un soir, alors que nous étions couchés près du feu, je fis part à Alcide du fait que je nous sentais observés.
— Comment ça observés ?, me demanda-t-il de préciser.
— Je ne sais pas trop. J'ai l'impression que depuis un ou deux jours nous sommes suivis, que quelqu'un nous observe au travers de la végétation, expliquais-je.
Je craignais que mon mari se moque de moi. Qu'il pense que j'étais paranoïaque. Ce sentiment aurait pu provenir de n'importe quoi. Peut-être que ce n'était que les animaux qui nous observaient tout en restant à l'abri et hors de portée de nos armes. Mais non. Alcide ne se moqua pas. Il me prit au sérieux. En réalité, chose qui me surprit, il partageait mon ressenti.
Cette impression d'être observés ne tarda pas à se confirmer. Le lendemain de notre discussion, alors que nous nous apprêtions à reprendre la route, une jeune femme émergea des buissons qui entouraient notre modeste campement.
Ma première pensée fut que la femme qui se dressait devant nous était belle. Elle n'avait pas la beauté divine d'Artémis, mais une certaine majesté émanait de sa personne. Ses longs cheveux blonds étaient relevés en un arrangement complexe de tresses se réunissant en queue de cheval. Elle avait de grands yeux verts et un regard méfiant. Une lance à la main, un arc et un carquois à l'épaule. Tout dans sa posture indiquait l'hostilité qu'elle éprouvait à notre encontre. Elle examina longuement les hommes qui se trouvaient devant elle, et son regard finit par se poser sur moi. Je crus y déceler une pointe de surprise et je ne sais quoi d'autre. Son attitude changea légèrement et sans mot dire elle nous fit signe de la suivre.
La jeune guerrière nous guida jusqu'au camp. Nous passâmes à travers une petite grotte dont l'entrée était masquée par des buissons. Elle était totalement invisible si on ne savait pas qu'elle s'y trouvait. En émergeant de l'autre côté, nous fûmes éblouis par la luminosité. Mes yeux mirent quelques secondes à s'habituer à l'intense lumière du jour après l'obscurité de la grotte. Je fus subjuguée par le paysage qui se dressait devant mes yeux. Face à moi s'étendait une immense clairière avec dans le fond une cascade et une rivière. Des petites cabanes parsemaient le campement. Le tout grouillait de vie. Partout, des femmes qui s'affairaient à maintenir l'ordre au sein de cette petite société vivant en autarcie.
La jeune femme qui nous avait guidés jusque là nous conduisit jusqu'à une cabane située au centre du petit village. C'était la plus grande de toutes, et à n'en pas douter, celle d'Hyppolite, la cheffe des amazones.
La porte en bois s'ouvrit sur une pièce carrée au milieu de laquelle trônait un fauteuil. Cette pièce me fit vaguement penser à la salle du trône de Thèbes. Assise sur le fauteuil, Hyppolite, reine guerrière des amazones, ne semblait guère surprise par notre arrivée. Ses yeux bleus comme la glace, qui contrastaient fortement avec sa longue chevelure noire, nous jugeaient.
En signe de respect, Alcide et les autres s'agenouillèrent devant la cheffe de la tribu. Moi j'étais paralysée par le regard perçant que cette dernière me lançait. Je pouvais y lire un mélange de respect et d'interrogation. Elle devait certainement se demander ce qu'une femme pouvait faire en compagnie de quatre hommes.
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Még
General FictionTémoin oublié des événements de la mythologie, Mégara était pourtant là. Elle a tout vu des tragédies qui ont chamboulé la ville de Thèbes. De son enfance bouleversée par la maladie en passant par les révélations concernant son oncle, son adolescenc...