Chapitre 15 : le seigneur des ténèbres

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Regulus alluma une cigarette en soupirant, assit sous le porche de la maison de son frère. Et celle de Dorcas, aussi.

Il savait qu'il jouait à plus fort que lui, en revenant ici. Il ne savait pas encore lequel des deux il croiserait en premier. Il ne savait pas lequel des deux il lui valait mieux croiser.

Sirius...

Sirius le tuerait, sans aucun doute. Et après tout, ce serait mérité. Regulus lui avait ôté Ila, la fille qu'il aimait. Et quelles que fussent ses motivations, c'est bien lui qui avait tendu la baguette qui lui avait prit la vie. C'est sa bouche qui avait prononcé le sort mortel.

Regulus ferma les yeux en repensant à ce jour. Ce jour ou il avait prit une vie.

Depuis, il vivait comme séparé de son corps.

Il aurait tant voulu changer le cours des choses.

Pour se faire pardonner. Pour se pardonner lui-même.

Et quant à Dorcas...

Il ne savait pas qu'en penser. La dernière fois qu'il l'avait vu, elle lui avait fait comprendre qu'il n'était plus rien pour elle. Pire, qu'il était comme mort pour elle.

Oui, Dorcas lui en voulait, sans doute tout autant que Sirius lui en voulait.

Mais une chose était sure : elle ne pouvait pas lui en vouloir autant qu'il s'en voulait lui.

Il soupira à nouveau.

Sa vie était devenue un chaos. Difficile.

Il termina sa cigarette en un rien de temps, et l'écrasa à même le sol avant de se lever. Il jeta un dernier regard à la maison de son frère et de Dorcas. Des deux personnes qu'il connaissait le mieux au monde. Des seules deux personnes pour qui il serait peut-être un jour prêt à changer.

Des deux seules personnes qui lui donnaient envie d'essayer, au moins.

Même si ces deux personnes n'avaient même plus l'envie d'entendre son prénom.

Alors, il agit tel un lâche, et il s'en alla avant qu'ils n'arrivent.


°


Kreattur était en train de préparer le dîner quand il rentra chez lui, alors que le ciel s'obscurcissait à vue d'oeil.

Bien qu'il n'ait pas eut une enfance des plus heureuses, à cause des violences - verbales ou non - de ses parents, il avait toujours aimé son manoir. C'était chez lui. Sa maison. Le seul endroit où il se sentait lui-même. Pas obligé de jouer à jeu de rôle, pas obligé de camoufler ses émotions.

À présent, il haïssait cet endroit. Non seulement était-ce là où l'absence de son frère se faisait ressentir, mais c'était aussi là qu'Ila avait été retenue captive. Ici qu'il avait tué pour la première fois.

Il se rendit dans la pièce où la tapisserie de l'arbre généalogique des Black se trouvait, et il s'approcha de l'endroit où fut jadis peint le portrait de Sirius. Il effleura du doigt son nom, son expression demeurant interdite. Il se refusait à ressentir quoi que ce soit.

À devenir faible.

Quand il avait rejoint l'ordre des Mangemorts, il avait prêté serment. Pas de sentiments.

Pour qui que ce soit.

Mis à part de la haine pour les nés-moldus.

À présent, il entrevoyait la futilité de cette guerre. Il avait longtemps cru en ce que le seigneur des ténèbres leur racontait. À présent, s'il restait dans ses rangs, c'était pour rendre ses parents fiers. Et par peur. Peur de devenir un déserteur. Peur de s'attirer les foudres du seigneur des ténèbres.

Les maraudeurs : l'entrée en guerreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant