Chapitre 16 : Tout ira bien

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Le QG avait une ambiance sinistre. Le temps, dehors , n'arrangeait pas la situation : il tombait des cordes. Et la faible lumière qu'émettait la lune ne rompait pas l'obscurité de la nuit.

Dorcas ouvrit le placard, à la recherche de quelque chose à grignoter. Sirius arrivait à bout de l'héritage reçu de son oncle, et aucun d'entre eux n'avait de travail : les temps devenaient rudes, financièrement parlant.

Elle rejoint son colocataire dans la salle de réunion, où il s'assoupissait, assit sur la chaise du bout, la tête entre les bras.

Sirius, on se réveille, dit-elle en déposant son sandwich devant lui.

Il regarda cette nourriture comme si c'était le Graal. Il fallait dire qu'ils venaient tous deux de terminer une ronde dans leur ancienne école, et qu'ils avaient donc marché un long moment.

Miam, dit-il en se léchant les lèvres. Merci beaucoup Dorcas !

Elle lui sourit en guise de « de rien », et attaqua son propre repas avec enthousiasme. Ils mangèrent en silence, mais comme d'habitude quand ils ne parlaient pas, ce silence n'avait rien d'embarrassant. Il étaient là, tous les deux, et même si à l'instant présent ils n'avaient rien à se dire il leur permettait de se ressourcer.

Quand il eut finit d'engloutir son sandwich, Sirius se recula sur sa chaise, posant les mains sur son ventre.

— J'ai mangé trop vite, j'en ai mal à l'estomac.

Dorcas rigola et leva les yeux au ciel.

— Tu m'étonnes, se moqua-t-elle.

Son ami lui tira la langue, puis il se leva, débarrassant leurs assiettes.

Je vais nous faire des chocolats chauds. On est seuls au QG ce soir ?

Elle haussa les épaules.

Il faut croire.

d'ordinaire, il y avait toujours du monde, mais il fallait se rendre à l'évidence : à cause de ce temps pourri les membres de l'Ordre du Phénix étaient mieux au chaud chez eux. Et, depuis qu'Ila n'était malheureusement plus de ce monde, plus personne ne résidait de manière permanente dans les locaux : Benjy avait déménagé un peu avant la mort d'Ila.

Tu sais, je pensais inviter James et Lily à la maison, bientôt, dit Sirius en leur rapportant deux tasses pleines encore fumantes.

Pourquoi pas, répondit la jeune-fille en trempant ses lèvres pour goûter sa boisson.

Elle regretta d'avoir été aussi impatiente : elle se brûla et manqua sous la surprise de renverser tout le contenu de sa tasse.

Elle remua donc lentement son chocolat chaud pour tenter de le refroidir, d'un air absent.

— ça fait longtemps, que tu n'as pas pu passer un moment avec James, non ? demanda-t-elle.

Il hocha la tête d'un air triste.

La faute à la guerre, avoua-t-il en soupirant. Lorsque je ne suis pas en mission, c'est lui qui l'est.

Hum. Dis leur de passer demain soir. Ça te fera du bien, de le voir.

Sirius approuva en buvant une gorgé de sa boisson, et à nouveau la pièce se plongea dans le silence.

Dorcas regarda longuement son meilleur ami, tentant vainement de discerner quelques traits de son insouciance passée. Sirius n'avait que dix-neuf ans, pourtant il en paraissait dix de plus. De toutes les recrues arrivées en même temps qu'elle, il avait été celui le plus sincèrement impacté psychologiquement par la guerre.

Les maraudeurs : l'entrée en guerreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant