[O&P] 10. Etre qui on veut

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24 novembre 1994 

Depuis quelques semaines, la vie de Simon virait au vert.

Il accusait la Marque de Ténèbres. Cette horrible marque, cette monstrueuse marque qui s'était mise à flotter au-dessus du bois et du stade de Quidditch. La panique déjà bien présente chez les sorciers réfugiés entre les arbres s'était décuplé. Les cris qui lui avaient percé les tympans résonnaient encore dans ses cauchemars. Octavia s'était caché le visage entre les mains pour masquer un visage qui avait perdu toute couleur. Sa sœur avait hurlé, un son strident qui s'était fondu dans les autres cris. Simon, lui, avait contemplé la marque à s'en dessécher les yeux, les poings serrés. Ça n'avait pas empêché ses mains de trembler. Son corps de trembler. Tout entier, il avait frémi comme une feuille reliée à son arbre de façon précaire, balayée par les vents.

Depuis, il avait l'impression que la lumière glacée s'était incrusté dans sa rétine. Ce n'était pas visible tout le temps. Souvent, c'était dans ses rêves. Ils étaient arrosés de lueurs sinistre d'un vert poison et il se réveillait haletant, au bord des larmes, le poing resserré contre son cœur qui battait la chamade. D'autres cris chantaient quand la lumière dansait, et il en oubliait la musique sitôt les yeux ouverts. C'était insupportable.

Mais la plupart du temps, les lueurs se dissipaient. Ce qui lui avait été insoutenable chez lui, à Terre-en-Landes où elles étaient si vivaces, était plus supportable avec le retour à Poudlard. Le quotidien simple, les cours de Sortilège qui prenaient une tournures plus techniques qui lui plaisaient, Emily la tornade l'avait emporté et sa vie était allée si vite que les lueurs avaient semblé disparaître.

Et puis bien sûr il y avait le Tournoi des Trois Sorciers.

Dont Cédric était champion.

Tout comme Harry Potter – comme l'avait souligné Victoria, on savait ce qui allait lui arriver cette année.

Et Victoria, justement. Victoria, Victoria, toujours Victoria. Malgré la chaleur qui régnait dans la salle commune et sa proximité avec les flammes qui brûlait dans l'âtre sous le portrait d'Helga Poufsouffle. Ses doigts se crispèrent sur sa guitare et il riva son regard sur les braises rougeoyantes. Leur crépitement semblait susurrer à son oreille des mots qu'il aurait préféré oublier.

Remember, remember, the fifth of November. Gunpowder, trahison and plot.

Tout s'hérissa chez lui, comme si une partie de sa chair se souvenait de cette soirée d'hiver où Victoria était apparue, sur les marches enneigées de son perron. « Je l'ai brûlé » avait-t-elle péniblement articulé. « Je ne l'ai pas fait exprès ... mais je l'ai brûlé ». Mille gargouilles, il fallait qu'elle lui ressorte ça, maintenant. Alors que la Marque des Ténèbres avait brillé dans le ciel cet été, alors qu'il sentait l'inquiétude et la tension dans sa famille à chaque lettre qu'il recevait, alors qu'à présent, Cédric était champion de Poudlard et nécessitait toutes leurs ressources. Vraiment, c'était le moment de sortir de sa poche ce fichu parchemin déchiré parcouru du premier vers du poème suivi d'un sinistre et terrifiant « your turn to burn ». A ton tour de brûler. Maintenant, Victoria Bennett ? Simon poussa un profond soupir face aux flammes.

-I know of no reason why the Gunpowder treason should ever be forgot, murmura-t-il amèrement, complétant ainsi la partie la plus célèbre du poème.

-Pardon ?

Simon sursauta devant la surprise manifeste de Mathilda Morton à côté de laquelle il était assis sur le canapé. L'éclat des flammes s'amoindrit pour que la scène autour de lui se recompose. Les voix extatiques de ses camarades, le tintement des bouteilles de bièraubeurre. Un éclat doré attira son attention et ses yeux retombèrent sur l'œuf d'or que Cédric venait de récupérer dans une arène de dragon. La chaleur des flammes fut presque insoutenable lorsqu'il se souvint de celles du Suédois à museau court qui, quelques heures plus tôt, léchaient le visage de son meilleur ami. Tout allait bien, à présent, se rassura-t-il et il tourna les yeux vers Cédric pour s'en persuader. Son visage était couvert d'une étrange pâte grise et il devait composer avec une Emily qui s'était pendu à son cou en tremblant et une foule de Poufsouffle survolté prêts à fêter leur champion. Mais il était en vie, et pour l'heure c'était ce que Simon décidait de retenir. De façon très honnête, il avait douté un nombre incalculable de fois dans l'arène et c'était souvent sentir proche de la quitter. Il ne serait jamais resté jusqu'au bout sans la main d'Emily qui avait serré la sienne à lui couper la circulation.

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