Les ailes de la réinsertion [ DabiHawks ]

Chapitre 6

Après mon rendez-vous avec Madame Odaiji Ni de cette semaine, Hawks me propose à nouveau de manger chez lui.

-On mangerait bien un KFC, nan?

-Mec, tu veux pas bouffer autre chose que de la volaille pour une fois?

-Je ne sais pas alors... Des sushis ça te dirait?

Je grimace. Je déteste le poisson sous toutes ses formes.

-Ouais mais si t'es difficile aussi.

-Je suis pas difficile.

-Si tu le dis. Une pizza alors?

J'acquiesce. Il passe commande pour nous deux. Nous nous installons dans son canapé en attendant le livreur. Son téléphone sur la table se met à vibrer, je reconnais l'image du contact. C'est mon géniteur. Je sers les poings. Hawks s'excuse et prend l'appel dans sa chambre.

Une colère sourde monte en moi. Je bous tellement de l'intérieur qu'un instant j'ai l'impression de pouvoir utiliser mon alter. Je ne sais pas pourquoi ça m'affecte autant. L'autre jour quand il m'a parlé de leur dîner ça ne m'a pourtant rien fait. Dans le fond j'en viens à me demander ce que je fous sur ce canapé, pourquoi je sympathise avec ce mec au juste?

-Il en met du temps ce livreur. Je crève de faim. Réplique le piaf en revenant dans la pièce.

-Pourquoi tu fais ça?

-Pourquoi je fais quoi?

Il se rassoit à mes côtés.

-Ta mission elle consiste juste à m'accompagner toutes les deux semaines chez une psy. Pourquoi tu m'invites à manger, qu'on fasse des trucs ensemble et toute cette merde?

-Doucement l'ami. Je pensais qu'on avait dépassé ce stade, qu'est ce qui te prend?

-Arrêtes un peu. Je sais bien que tout est faux. T'as tout pour toi, qu'est ce que tu viendrais te faire chier avec une mission pareille? C'est parce que le gentil toutou dit oui à tout ce qu'Endeavor lui demande?

-À la base j'ai refusé à ton père de m'occuper de toi. Mais j'ai appris que si je ne le faisais pas ce serait à lui de le faire. Je ne sais pas lequel de vous deux je voulais protéger de cette situation. J'admire énormément le héros qu'il est, c'est grâce à lui que je dois ma vie. Mais je sais aussi ce que ça fait d'être abusé par son père, à ta place j'aurais refusé ma libération si ça impliquait de vivre à nouveau avec lui.  

Un mélange d'émotions contradictoires que je n'arrive pas à gérer se bousculent en moi. Ma respiration s'accélère.

-Je suis désolé de t'avoir trahit une première fois. Mais maintenant je ne joue plus un rôle, je veux sincèrement t'aider. Le Dabi que j'apprends à connaitre petit à petit, en même temps que lui même se découvre, je l'aime bien. T'es plus le mec sans coeur aveuglé par la rage. Je t'en ai voulu pour Twice que j'aurais voulu sauver, presque autant que ce que je me suis détesté moi de lui avoir infligé le coup de grâce. Mais t'as plus rien de ce Crématorium. Et moi je veux me battre main dans la main avec le mec qui est assis en face de moi pour qu'il aille mieux.

Je reste sans voix. Il approche sa main de mon visage et passe son pousse sur ma joue. Je vois qu'il y a du sang dessus, je ne me suis même pas rendu compte que je pleurais. Je cligne rapidement des yeux et me frotte les joues. C'est la première fois que je veux saisir la main qu'on me tend, je ne sais pas encore pour aller où, mais je veux avancer avec cet imbécile à mes côtés.

Son portable sonne, il répond rapidement un "Bonjour, merci. J'arrive." Puis il envoie ses plumes payer et récupérer nos pizzas. J'ai l'estomac noué, je mange péniblement ma part. Hawks reste silencieux, pour une fois. Le repas fini il me tend une manette, que j'accepte. L'atmosphère se détend au fur et à mesure des parties.

Quelqu'un sonne vers la fin de l'après-midi. Le piaf se lève en grommelant qu'il avait oublié. Je ne vois pas qui se tient derrière la porte d'ici, mais il ne l'invite pas à entrer.

-Salut ma belle, je suis désolé de ne pas t'avoir prévenu avant. Ça ne va pas le faire pour aujourd'hui, on remet ça à un autre jour, d'accord?

-Ah... Je... Oui d'accord, pas de soucis. Lui répond-elle déçue.

-Encore navré pour le déplacement inutile.

Il ferme la porte et reviens s'installer à mes côtés le plus naturellement du monde. J'explose de rire. Il m'offre une mine confuse.

-Je pouvais partir, hein. Te sentais pas obligé d'annuler ta partie de jambes en l'air pour moi.

-J'avais pas la tête à ça ce soir.

-T'es moche quand tu mens.

-Mais je mens pas.

-Alors pourquoi t'es moche? Dis je en l'attirant avec mon bras autours de sa nuque, je lui ébouriffe les cheveux de mon autre main.

Lorsque j'arrête mon geste, il laisse tomber sa tête sur mes genoux. Nous nous observons calmement un instant. Son expression n'est pas celle qu'il arbore habituellement, il a l'air triste. Je passe ma main sur sa joue, il appuie contre celle-ci en se frottant comme un chat, les yeux fermés. Je souris sans m'en rendre compte et une douce chaleur entoure mon coeur.  Je chéris cette étrange sensation.

-Même sans ton alter, tes mains sont encore chaudes en permanence.

-Comment tu sais qu'elles étaient chaudes avant?

-Tu ne te souviens pas?

Je fronce les sourcils en guise de réponse. Je récupère également ma main.

-J'avais oublié mes gants, j'avais super froid aux mains avec le vent en volant. J'arrivais pas à me les réchauffer en arrivant au repère, et tu les as réchauffer avec les tiennes...

-Je... C'est possible. J'ai du mal à me souvenir des bons moments quand je regarde vers le passé, je dois t'avouer.

-Si tu le considères comme un bon moment, c'est tout ce qui compte pour moi.

Je lève les yeux au ciel. Je ne sais pas où me mettre. Je décide de changer de sujet pour être plus à l'aise.

-Pourquoi t'as pas de copine?

Il s'étrangle. Un peu brusque comme changement peut-être, je l'admets.

-Pourquoi tu veux que j'ai une copine?

-T'as toutes les filles à tes pieds. T'es jeune, t'es le numéro deux, t'es plutôt pas mal. Et toi, tu te contente juste de les faire défiler dans ton lit. T'en as jamais trouver une assez bien pour plus?

-Je vois pas l'intérêt d'être en couple avec un métier pareil, chaque jour je pourrais potentiellement ne pas rentrer. À quoi ça servirait de s'attacher pour risquer de tout perdre en un claquement de doigts. Puis, tout le monde aime Hawks le héros. Mais qui aimerait réellement Keigo? Répond-il en détournant le regard.

-Moi je l'aime bien Keigo.

Il tourne vivement la tête, toujours posée sur moi, dans ma direction. Il a de grands yeux. Je me rends compte de ce que je viens de dire. J'ai parlé sans réfléchir.

-Efface de ta mémoire ma dernière phrase.

-Ça risque pas d'arriver, nan.

Je me cache le visage en riant. Il se lève et part en direction de la cuisine. J'expire un grand coup. Je suis passé de la colère, à la confusion, à la tristesse, à maintenant cette émotion que je ne comprends pas. C'est un gros bordel dans ma tête actuellement.

Hawks revient avec deux bières. Je ne refuse pas. Il est déconseillé de boire les jours qui suivent la prise de l'inhibiteur d'alter, il n'a pas l'air d'être au courant. Ma dernière perfusion date de ce matin, mais c'est qu'une seule bière. Au pire, je ne suis pas chez moi si je vomis.