Chapitre 14

847 70 20
                                    

Après 59 heures sans voir de plumes rouges, je me décide à aller toquer chez lui, comme il n'a pas répondu à mon dernier SMS. Et même si je sais que nous nous verrons demain. Je suis clairement devenu accroc à sa présence, je m'en rends bien compte. Il n'a pas l'air d'être là. Je l'appelle, il ne répond pas non plus.

Je rentre dépité. Une demi heure plus tard il me rappelle. Je décroche au quart de tours.

-Allo? Ça va? Tu as un soucis? Demande-t-il d'une voix inquiète.

-Non, tout va bien. J'avais juste envie de quelqu'un avec qui jouer à la play.

J'ai juste purement envie de le voir.

-Je suis en route, j'arrive.

J'entends des bruits de rails en fond.

-Tu prends le tram?

-Oui.

-Pourquoi tu ne voles pas? Je demande, en fronçant les sourcil même si il ne peut pas me voir.

-Quand mes ailes sont trop petites, la trajectoire du vol est pas top.

-Pourquoi tu n'as pas toutes tes plumes? Je demande confus.

Il soupire lourdement.

-Je t'expliquerai en rentrant.

Je décide de l'attendre devant sa porte. Plus les minutes s'enchainent, plus l'inquiétude commence à me ronger. Je réalise subitement que je n'avais plus ressenti ce sentiment depuis très longtemps, que ce soit vis-à-vis de quelqu'un d'autre, ou de moi-même. 

En entendant la porte de l'ascenseur, je le cherche immédiatement du regard. Il a la tête basse, son visage est caché par une casquette et il porte sa grosse veste pour cacher ses plumes. Quand il relève la tête pour me regarder, je vois apparaitre un oeil au beurre noir.

Son visage est dénué de toute joie, il a l'air épuisé. Il lève une main tremblante vers la serrure, il a des bandages sur deux doigts. J'attrape la clef de sa main pour l'aider.

-Merci. Me dit-il en posant sa tête sur mon épaule.

Nous rentrons. Il retire avec précaution sa veste, comme si tout son corps le faisait souffrir. Il a un dispositif d'attelle qui remplace les plâtres pour les doigts cassés sur son autre main. Il est dans un sale état.

-Tu veux boire ou manger quelque chose?

J'aimerais l'assaillir de questions, mais je pense qu'il n'a pas besoin de ça actuellement.

-Je veux bien une tisane, s'il te plait. Elles sont dans le tiroir du bas à droite du four. Explique-t-il d'une voix faible.

J'acquiesce et pars lui concocter sa demande. Il est assis dans le canapé, la tête contre le dossier avec les yeux clos. Je frôle sa joue intacte de mes doigts pour pouvoir lui donner sa tasse. Il me remercie et commence à boire.

Il se laisse glisser sur mon torse, mes jambes de chaque côté de son corps et il ferme les yeux. Je passe une couverture sur lui et le laisse dormir dans cette position. Il se réveille un peu plus de trois heures après.

-Désolé, j'ai pas été d'une grande compagnie.

-Ne t'en fais pas. Dis-je en l'enlaçant doucement de mon deuxième bras.

-Merci.

-Tu veux m'en parler?

-La commission n'apprécie pas particulièrement que je leur désobéisse.

Un sentiment de culpabilité m'envahit.

-Ils ont le droit de massacrer un de leurs éléments comme ça?

Les ailes de la réinsertion [ DabiHawks ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant