Les ailes de la réinsertion [ DabiHawks ]

Chapitre 7

Je sonne chez Hawks à l'heure convenue. Il m'ouvre la porte vêtu d'une serviette de bain, tout en se brossant les dents. Il me fait signe d'entrer.

-Jolis piercings.

Malgré ses t-shirts moulants, ils ne se voient jamais. Il regarde ses tétons.

-Merfi. Répond-il, toujours avec sa brosse en bouche.

Je me laisse tomber dans le canapé en attendant qu'il finisse de se préparer. Je n'ai même pas pensé à lui demander dans quel club nous allons. Je serai rapidement fixé, enfin si il se magne le cul. Il apparait enfin. Il porte une veste en cuir noir qui cache ses ailes à l'intérieur et une casquette gris foncé.

-Tu veux la jouer incognito? Je demande amusé de sa tenue.

-Mon nouveau style te plait pas?

J'enfonce un peu plus son couvre chef devant ses yeux, ce qui me vaut un petit bruit de mécontentement. Nous prenons le tram, qui est bondé à cette heure. Je retiens un gars qui manque d'écraser le piaf.

-Merci, mon chevalier servant.

-Je ferais tout pour voler au secours d'une demoiselle en détresse telle que vous, voyons.

Nous rions en coeur. Le trajet ne dure pas excessivement. Et une fois devant les portes du club, je reconnais cette grosse caisse répétitive.

-Attends, attends. C'est un club de Tekno?

-Monsieur est connaisseur à ce que je vois.

-Mais on a même pas de Rave au Japon, et ça doit être le seul club du pays à en passer.

-C'est pour ça qu'il faut en profiter. M'explique-t-il en me tirant par la main.

Je me laisse emporter par les boum boum enivrants du son, Hawks en fait de même. Je ne vois pas les heures défiler. Je n'ai jamais été en telle symbiose avec une personne et une musique en simultané. J'ai l'impression de plané sans avoir rien pris, c'est magique.

Le piaf me fait des yeux de merlans fris en voyant une fille sur les épaules d'un gars, en train de brasser l'air avec ses points au rythme des basses. Je refuse d'abord, mais je finis par accepter en me disant qu'il vibre surement plus avec les sons si il est en hauteur, comme si il volait. Et c'est ainsi que je me suis retrouvé avec Hawks assis sur mes épaules pour une bonne partie de la nuit.

La soirée se termine quand le club annonce la fermeture des portes. Me sentant toujours euphorique je propose à Keigo d'aller boire un verre, ce qu'il accepte. Nous trouvons un bar non loin de la station de tram. Je commande un whisky coca, et lui simplement un coca.

-Du soft?

-Techniquement, je suis en mission là. Je ne peux pas boire en bossant, sauf cas d'une infiltration.

-T'as bien bu une bière l'autre jour avec moi.

-Chez moi c'est different, on est comme des potes dans ces cas là. Répond-il simplement en haussant les épaules.

-Je te proposerai de boire un verre à l'appart la prochaine fois alors.

Il me sourit sincèrement, ma proposition à l'air de le toucher plus que ce qu'elle ne devrait. Ou c'est peut-être parce que je n'ai pas relevé sur notre soit disant amitié, pour une fois. Je m'enfile plusieurs verres. L'oiseau tourne toujours au coca. Il a pourtant l'air tout aussi joyeux que moi en ce moment.

Puis nous finissons par gagner la sortie pour rejoindre la station de tram. Mais il pleut des cordes. Je tire la tronche contre moi même pour avoir mis une veste sans capuche. Hawks enlève sa veste, je l'observe perplexe. Il déploie ses ailes, il en place une au dessus de ma tête comme un parapluie. J'apprécie silencieusement le geste.

En atteignant le tram, le piaf ne remet pas sa veste puisque ses plumes sont trempées. Ce qui ne manque pas d'attirer quelques groupies. Je soupire en posant ma tête contre la vite. Un ressenti étrange monte en moi. C'est comme si ça me dérangeait que notre moment à tous les deux soient interrompues par des pouffiasses, qui finiront certainement dans son lit dans les prochaines semaines. Je sers les dents.

Quand elles s'éloignent enfin, nous sommes pratiquement arrivés à notre arrêt. Nous descendons et marchons dans les rues, il ne pleut plus. Il heurte mon épaule de la sienne pour attirer mon attention.

-Oh le ronchon, elle était pas chouette notre soirée?

Je hausse les épaules. Il vole pour se placer devant moi, m'obligeant à le regarder.

-T'avais l'air d'apprécier jusque là pourtant, c'est parce que c'est déjà fini?

-Non, c'est juste qu'on ira à moto la prochaine fois. Dis-je en énumérant le premier véhicule qui me soit venu en tête.

-Tu sais rouler à moto? Parce que si tu comptes sur moi on va se cracher au premier virage. Explique-t-il en riant.

-De toute façon si c'est toi qui va devant, tes ailes vont faire chier.

-Donc tu sais vraiment rouler à moto. C'est trop stylé!

Ses grands yeux et son sourire pétillant finissent par me décrocher un sourire.

Quelques jours plus tard, je constate qu'il m'a pris au sérieux. Il est venu me chercher en me disant que nous devions sortir, et me voici devant une bécane qui déchire. Je la contemple sous toutes ses formes. Il me lance un casque et les clefs.

-On va où au fait?

-Tu verras, je te guiderai.

Je ne me fais pas prier plus longtemps et je m'installe. Il observe la place qu'il lui reste derrière moi.

-Tu vas relooker mon cul encore longtemps? Monte.

Ses lèvres s'étirent vers le bas en un sourire contenu. Je m'amuse en le sentant essayer de se coller le moins possible, c'est complètement raté. Je suis ses indications. Au premier virage il s'agrippe à moi comme si sa vie en dépendait, pourtant je roule doucement.

Je n'ai pas pensé à lui demander si il était malade à moto aussi. Même si je pense que c'est la première fois qu'il pose ses fesses sur une bécane, donc il n'en connait surement pas la réponse. Par précaution j'essaie d'avoir la conduite la plus propre qu'il soit. Enfin, j'essaie de ne pas écouter le démon sur mon épaule qui me dit de me déchaîner.

Nous sommes sortis de la ville, ça fait un moment que nous roulons sur l'autoroute. Hawks est nettement moins crispé qu'en partant, il a trouvé son équilibre naturel. Il me fait quitté l'autoroute, puis nous traversons les petites routes de campagnes. Nous arrivons sur une falaise perdue au milieu de nul part, la mer vient frapper les rocher en dessous de nous.

Il rit de bon coeur quand j'enlève le casque. Je fronce les sourcils. Il passe la main dans mes cheveux pour leur redonner leur aspect sauvage. Les siens n'ont pas eu besoin de mon aide.

Il s'enfonce dans une petite cachette, me demandant de l'attendre ici. Il revient avec une couverture et une glacière. Je l'observe installer notre pique-nique, puis tapoter la couverture pour que je le rejoigne.

Je suis surpris de voir qu'il sort de la bière. Il m'explique qu'ici c'est comme si il était chez lui, accompagné d'un clin d'oeil. Puis il me raconte tout un tas de choses sur cet endroit, je l'écoute parler comme souvent.

Nous mangeons des snacks de volaille accompagné de quelques bières. C'est calme, il n'y a pas âme qui vive à des kilomètres. Je caresse son plumage sans trop faire attention à ce que je fais.

-Elles sont belles, hein?

-C'est dommage qu'elles ne résistent pas au feu, j'étais leur seul point faible.

-Tu veux dire, tu es mon seul point faible. M'avoue-t-il en s'approchant un peu plus.

Mon coeur accélère subitement. Je me redresse en me raclant la gorge. Qu'est ce qu'il m'arrive?