Chapitre 33

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J'ai évité chaque échange un peu trop charnel qui aurait pu avoir lieu ces dernières semaines. Même lorsque je suis revenu dans le bureau de son agence et qu'il a commencé à me chauffer. Pourtant Dieu seul sait à quel point j'étais excité rien qu'à l'idée de le faire dans un endroit pareil.

Je mens depuis un petit moment sur le fait que je ne sais toujours pas maitriser mon alter. Ça fait au moins trois semaines que je peux faire tout ce que je veux avec. Pourtant, j'ai quand même peur de perdre le control si on le refaisait. Je ne pourrais jamais me pardonner de le blesser, encore.

Après des mois à me supplier pour faire un repas en famille, au complet, j'ai enfin accepté la requête de Fuyumi. J'ai demandé à Keigo si il voulait bien m'accompagner, c'est sans hésitation qu'il a accepté. J'enfile mes vêtements, les mains tremblantes.

-Tu penses que si j'annule maintenant, ils vont me rayer de l'héritage?

-Ils ne vont pas t'enlever de la liste, puisque tu vas y aller. Et que ton charmant et splendide petit-ami sera là pour te soutenir. M'explique Keigo, un air de divas sur la face.

-C'est pas un peu bizarre cette réunion de... Famille? Comme si tout était tout beau, tout rose. Comme si mon père n'avait jamais abusé de sa femme, de ses gosses. Comme si j'avais jamais massacré personne, ou voulu les tuer eux.

Je détourne le regard. J'ai toujours du mal à comprendre comment ils ont fait pour tous réussir à me pardonner. J'ai l'impression d'être un monstre en comparaison pour avoir mis autant de temps à y arriver. Pourquoi tout ça à l'air si simple pour eux, alors que pour moi c'est ce qu'il y a de plus difficile sur terre?

-Toutes les familles sont bizarres. Et tout le monde à des cadavres sous le paillasson. Je te promets que tout se passera bien, et que tu as le droit d'être avec eux. Okay? Dit-il en passant ses bras autours de ma nuque. Je pose mon front contre le sien.

-Merci.

Nous voilà en route pour chez mon père. À chaque croisement, j'hésite à tourner le guidon pour rentrer. La présence rassurante de Kei dans mon dos m'en empêche.

Je me gare devant la maison. J'ai la boule au ventre. Nous ne nous sommes pas revus depuis l'hospitalisation du piaf avec mon père. Keigo entremêle ses doigts aux miens, nous marchons ensemble dans l'allée. Je lève mon doigt vers la sonnette, mais j'attends un instant.

-On peut toujours partir en courant, il est encore temps. Dis-je dans une dernière lueur d'espoir.

La porte s'ouvre sans même que mon doigt n'ait pressé le bouton. C'est foutu. Endeavor se tient dans l'encadrement de la porte.

-Salut, les garçons.

Keigo entre comme si il était chez lui. C'est dingue que je sois plus gêné d'aller chez mon père, que lui. Nous arrivons dans la salle à manger, toujours main dans la main. Tout le reste de la famille est déjà là, nous sommes les derniers. Un certain malaise m'envahit.

-Ah tu as ramené Hawks... Commence Fuyumi. Non pas que j'ai quelque chose contre toi hein, loin de là. C'est juste que c'est la première fois depuis des années que notre famille est réunie au complet. Du coup je pensais que nous ne serions vraiment que nous, tu vois... Reprend-elle.

-C'est pour ça que Keigo est là, c'est aussi un membre de la famille. Intervient mon père, passant son bras autours de l'épaule du piaf.

Il a des étoiles dans les yeux. Son idole vient de lui dire qu'il faisait parti de la famille. À croire qu'il a attendu ce moment toute sa vie. Ma mère m'enlace, puis elle fait de même avec lui.

Nous nous installons à table. Je secoue frénétiquement ma jambe, de stresse. Kei passe sa main sur ma cuisse pour me faire stopper. Il la caresse doucement du pouce pour me rassurer. Je le regarde en souriant légèrement, il est toujours absorbé par la conversation. Je ne sais même pas si il s'est rendu compte de ce qu'il faisait.

Les ailes de la réinsertion [ DabiHawks ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant