Chapitre 8

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Je change rapidement de sujet, pour fuir les émotions que je ne veux pas décrypter.

-Il y a moyen de nager? Je demande en pointant la mer devant nous.

-Oui, si on descend de quelques mètres vers la droite il y a une petite plage.

-Il y a du monde?

-Autant qu'ici, on sera juste toi et moi.

Deux parties en moi se battent, une voulant continuer à ce que l'on soit juste tous les deux, et l'autre voulant mettre de la distance entre nous. Nous descendons à pied jusqu'à l'endroit. L'eau y est nettement plus calme.

Nous nous déshabillons pour faire plouf. Malgré la saison, je trouve l'eau à parfaite température, mais vu la tête du piaf il n'a pas l'air du même avis. Il grelotte.

-Chochotte.

-Comment tu-tu peux trouver ça agr-gréable?

Je l'éclabousse, il se protège de ses ailes. Il me renvoie le double. La guerre est déclarée. C'est à celui qui enverra le plus d'eau, ou qui arrivera à noyer l'autre le plus longtemps. Deux vrais gamins, mais nous nous marrons comme pas deux.

Sous l'eau j'observe son corps. Il est quand même bien foutu. Nous calmons doucement le jeu. Il a une tête de chien mouillé, mais je ne vois plus grand chose avec mes cheveux donc je ne vais pas trop la ramener.

Je regrette amèrement mon choix en sortant de l'eau. Nous n'avons rien pour nous essuyer. Il fait du vent avec ses ailes pour me sécher, là il fait glacial.

-Chochotte. Me balance-t-il à son tours.

-Mollo ou je te coule encore une fois.

-T'arriverais pas à m'attraper.

Je lève les sourcils, il me rend un sourire provocateur. Il ne m'en faut pas plus pour lui foncer dessus. Ce crétin va vite, il va voir à quel point ma détermination le surpasse. Après coup, je me rends compte que c'est impossible que je le rattrape. Mais il se laisse tout de même faire, et nous tombons à la renverse dans le sable. Son aile amortie ma chute, ainsi que ma cuisse amortie la sienne. Nous rions à plein poumon.

-Je n'ai plus froid.

En entendant ses mots, ma peau chauffe contre la sienne. Je brûle de l'intérieur. Aucun de nous deux n'a envie de se relever, je sens son souffle sur mon épaule nue. La tension monte.

Il tourne la tête vers l'horizon, brisant notre échange. Le soleil commence à décliner. Il soupire, c'est la première fois que je le vois déçu d'une situation.

-On va devoir y aller. Je dois être à l'agence tôt demain, pour rattraper aujourd'hui.

Nous nous redressons, et commençons à nous rhabiller.

-Je pensais que tu étais en repos.

-Pas du tout. Ce matin, j'avais juste une folle envie de venir ici. Je n'ai plus pris le temps depuis des mois. Je me suis dit que c'était l'occasion, comme la journée ne s'annonçait pas trop chargée, ils pouvaient bien se débrouiller sans moi.

-Et tu viens souvent accompagné?

-Tu es le seul. Déclare-t-il en faisant non de la tête.

Un soulagement m'envahi. Je suis content que ce moment n'appartienne qu'à nous deux.

Nous regagnons la moto. Il fait tenir la glaciaire comme il peut, m'expliquant qu'il n'aurait pas le courage de venir la rechercher en rentrant, même si il va plus vite en volant. Et nous prenons la direction de l'immeuble.

Les ailes de la réinsertion [ DabiHawks ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant