Chapitre 22

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Alexei alla seul voir la duchesse, par souci de discrétion. C'était une femme de 53 ans, aux traits doux et aux cheveux grisonnants relevés en un élégant chignon, vêtue joliment sans que sa tenue ne déborde de richesse.

Pas si surprise, car elle avait été avertie, comme la plupart des nobles se situant sur leur trajet potentiel, du voyage du prince et du prêtre, mais tout de même flattée qu'il ait pris la peine de venir la voir, elle l'emmena dans ses jardins fleuris pour qu'ils puissent y parler en paix.

Intriguée, surtout, de ne pas l'avoir vu plus tôt, elle l'écouta avec intérêt lui expliquer que le chemin initial avait été quelque peu modifié et rallongé au fil de leurs péripéties.

Elle lui confirma aussi que son duché se portait bien et lui proposa d'envoyer un courrier à leur ami commun, le duc Arseny de Gory, pour le prévenir de leur arrivée. Le domaine de ce dernier couvrait tout le sud de la péninsule. Presqu'entièrement montagneuse, la zone était connue pour être difficilement accessible par voie terrestre. Elle s'enquit donc de s'ils allaient reprendre la mer pour y accéder par leur port, la cité nommée Gory, coincée entre les montagnes, à l'embouchure du fleuve qui en descendait. A noter cependant que ce n'était pas la résidence principale du duc, qui n'y vivait qu'au plus fort de l'hiver, habitant le reste du temps plus loin dans les montagnes, pour garder un œil sur les mines.

Alexei n'ayant bien sûr aucune intention de s'imposer un voyage maritime de plus, il lui expliqua que non, ils allaient plutôt tranquillement prendre la route, n'étant, de fait, toujours pas pressés. Elle hocha la tête :

« Les plaines sont très belles en cette saison, mais vous arrivez un peu tard... Vous devrez vous hâter si vous voulez avoir atteint Gory avant les premières neiges. Certains de nos mages les annoncent précoces, cette année.

– Merci de cette information.

– Je vais écrire à ce brave Arseny pour l'avertir de votre venue. Nous avons coutume de communiquer par pigeons voyageurs, c'est aussi efficace que discret !

– C'est vrai, c'est une méthode qui a fait ses preuves... Merci infiniment, en tout cas.

– Je vous en prie, c'est normal... Autant tirer tout ce que nous pouvons de votre petit voyage imposé... Visiter vos terres pacifiquement doit vous changer.

– J'avoue, oui... Ça fait du bien de pouvoir se balader un peu tranquille au lieu d'être appelé à venir guerroyer en urgence... Pour voir les choses et parler un peu aux gens, c'est plus pratique... Et Scalys n'avait jamais eu l'occasion de se promener si loin, il en est très content aussi.

– Tant mieux, profitez-en bien. Saluez-le de ma part et n'hésitez pas à revenir me voir avec lui lors de votre retour, si votre route repasse par ici.

– Merci, nous n'y manquerons pas. »

Les pigeons quittèrent Goriaberg le jour-même, alors que les voyageurs restèrent encore deux jours.

Ils partirent au matin, à la fraîche, décidés à longer la côte vers l'ouest, car c'était le plus court chemin et ainsi en plus, ils ne risquaient pas de se perdre. De plus, il y avait un certain nombre de petites bourgades qui jonchaient le bord de mer, ce qui leur permettrait de faire des haltes régulières sans trop devoir dormir à la belle étoile.

Ce qu'ils ne se privèrent tout de même pas de faire, en particulier une nuit où Scalys savait qu'il allait y avoir une éclipse lunaire. C'était un moment de recueillement pour lui, mais ils furent tout de même très contents de pouvoir contempler ce phénomène et de prier ensemble.

La nuit suivante, Alexei rêva encore de cette belle louve blanche qu'il poursuivait sans savoir pourquoi. Ça faisait un petit moment qu'il n'avait pas fait ce rêve... Il se réveilla de bonne humeur, bien qu'un peu dubitatif.

Sur les traces d'une louve blancheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant