Chapitre 26

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Les trois voyageurs ne restèrent pas longtemps auprès du couple ducal. Ils le remercièrent un millier de fois et ne prirent que le temps de trouver une nourrice pour Theodora, d'étudier le trajet le plus rapide et ils filèrent, quittant les montagnes pour redescendre dans la vallée, pour gagner le port de Gory au plus vite. La nourrice s'appelait Maryam, c'était une jeune mère célibataire de 21 ans, heureuse maman d'une autre fillette et bien décidée à être aussi une mère pour ce bébé souriant aux drôles de yeux gris. Ils ne lui en dirent pas plus sur leur réelle identité pour le moment, gardant ça pour la capitale.

Alexei appréhendait, mais ils n'avaient pas le choix : rejoindre Walzburg par la mer était le plus rapide. Le prince devait cependant avoir une bonne surprise : il n'avait plus le mal de mer. Ce qui le mit d'excellente humeur pendant tout le voyage, bienheureux qu'il était d'enfin pouvoir en profiter.

Le Dieu des vents devait avoir envie d'aider les Elus de ses confrères : le bateau atteint Meztlian en un temps record. Après une courte escale, ils repartirent vers Walzburg où ils furent aussi très vite.

Une fois au port, ils trouvèrent un attelage pour pouvoir, encore, aller rapidement. Alexei et Markus se relayaient pour le conduire. Scalys chevauchait près d'eux, quand il ne tenait pas compagnie à Maryam et aux bébés, dans l'habitacle. Selena, Olia et Orion suivaient. La jument semblait sceptique, mais vivait moins mal le fait que son humain ne reste assis sur cette grosse boite roulante que sur le dos d'un autre cheval, fut-il le père de son poulain.

Theodora était une enfant vive et rieuse. Tout semblait l'intéresser et l'amuser. Déjà persuadé qu'il faudrait la surveiller comme le lait sur le feu dès qu'elle tiendrait sur ses petites jambes, Scalys était heureux que ça ne soit pas encore le cas. Pour l'instant, la fillette gazouillait et s'amusait avec sa grande sœur d'adoption, Sestra, une enfant éveillée aussi, un peu plus âgée, mais plus calme, et aussi Flammèche, qui leur servait souvent d'oreiller, quand pas aussi de duvet.

Sry, pour sa part, les suivait du ciel et semblait s'amuser à trouver de jolies pierres, feuilles ou autres pour les ramener aux enfants, ce qui les occupait aussi.

Lorsque le soir tombait, s'ils n'avaient pas trouvé d'auberge, ils faisaient un petit feu et regardaient le ciel nocturne. Et souvent, lorsqu'elle voyait la lune, Theodora la pointait du doigt en souriant.

« Ma-ma ! »

Ce qui intriguait Maryam et faisaient sourire les autres.

Alexei, peu habitué aux si jeunes enfants, était un peu maladroit au début. Mais, comme ils l'avaient présenté comme le père de Theodora à Maryam, cette dernière s'était mise en tête de lui apprendre, avec patience et douceur, mais sans lui laisser le choix, à s'occuper un minimum de sa fille. Il n'avait pas réussi à résister longtemps, surtout que Theodora savait y faire en lui tendant ses petits bras avec un grand sourire...

Un soir, donc, que le prince la berçait doucement pour l'endormir, au coin du feu, dans une campagne paisible, Markus, qui faisait griller les poissons qu'il avait pêché un peu plus tôt dans la rivière voisine, se pencha pour murmurer à Scalys qui était assis près de lui :

« Attends qu'elle l'appelle ''papa'' et il ne pourra plus rien lui refuser !

– Ouais, faudra le surveiller autant qu'elle.

– Je suis pas inquiet... Inna va être folle de joie, mais ce n'est pas elle que notre petite reine mènera en bateau !

– Ah ça, de ce que je sais de ta femme, j'en doute pas ! »

A nouveau, les paysages défilaient. Même en ligne aussi droite que possible, il y avait de la route.

Un matin, alors qu'ils allaient repartir, heureux de n'être plus qu'à quelques jours de leur destination, des bruits sourds, étranges, leur parvinrent. Comme un grondement lointain ? Alexei et Markus se regardèrent, identifiant ça sans mal, alors que Scalys et Maryam échangeaient un regard inquiet.

Sur les traces d'une louve blancheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant