Chapitre 20

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« Et nous y voilà ! » s'exclama avec soulagement Markus.

En contrebas, devant eux, s'étendait le grand port de Meztlian, tout au nord de l'île du même nom. Les trois voyageurs avaient stoppé leurs montures au bord de la route, bien fréquentée aux abords de la cité. On voyait le temple bleuté de Yemoya, la déesse des mers, le blanc lunaire de Meztli et la haute tour de l'horloge de l'hôtel de ville.

« Deuxième bonne nouvelle, reprit le vétéran en regardant ses compagnons, il est encore bien assez tôt pour aller déposer nos bagages et faire nos petites affaires avant la nuit.

– Merveilleux ! répondit joyeusement Alexei avant de se tourner vers Scalys qui contemplait la cité portuaire avec ses grands yeux curieux. Pas de troisième nuit dehors, vous avez entendu ça ?

– Vos ronflements vont presque me manquer... »

Alexei lui tira la langue et ils se remirent en marche.

La route était animée. Beaucoup de monde venait là vendre ses récoltes ou le produit de ses pêches et/ou acheter ce que, sur l'île, on ne pouvait souvent trouver que là : tout ce qui arrivait des continents.

Une fois n'était pas coutume, le trio avait décidé de se signaler pour loger dans le grand hôtel de ville du port. Le maire était un ancien militaire reconverti que Markus connaissait bien et qui était une personne sûre. Le vétéran était content à l'idée de le revoir et ils seraient tranquilles entre ces murs.

Ils franchirent sans difficulté les portes de la cité. Les gardes n'étaient ni très nerveux, ni très protocolaires. Ils regardaient les gens et les attelages passer avec bonhomie. Alexei en soupçonna même un de faire une petite sieste en douce, ce qui le fit sourire.

À cette heure du début de l'après-midi, bien chaude en ce milieu d'été, la ville elle-même était plutôt calme. Chacun vaquait à ses tâches dans une ambiance sereine. C'était très agréable.

Ils décidèrent donc de se rendre à l'hôtel de ville, désireux d'y laisser chevaux et bagages à l'abri avant de commencer leur petit tour.

L'endroit n'était pas dur à trouver, du fait de la haute horloge en son centre. Le bâtiment était large et sa façade sobre, au nord d'une grande place rectangulaire où se dressait une non moins monumentale fontaine dédiée à Meztli et à Yemoya. Les deux déesses se faisaient face, Meztli sur le dos d'une immense chouette effraie et Yemoya sur celui d'une orque, toutes deux gracieusement assises en amazone.

Scalys se signa en passant devant. Il fallait qu'il pense à aller saluer ses confrères et consœurs.

Les soldats qui gardaient le lieu étaient un peu plus réveillés que leurs collègues des portes. Ils toisèrent avec suspicion ces trois arrivants, dont deux étaient clairement bien armés, et lorsque Markus se pencha pour s'adresser au premier qui fut à portée, plusieurs autres s'approchèrent.

« Salut, la compagnie. Y aurait-il moyen de prévenir Jaroslaw le Borgne ?

– Euh... répondit prudemment le tout jeune soldat sur lequel il était tombé. Notre maire est là, oui... Mais euh... »

Un homme plus large et aussi plus âgé avait souri et vint tapoter l'épaule du garçon :

« Laisse, laisse, petit... »

Il était amusé et leva un grand sourire vers le cavalier :

« J'm'attendais pas à vous r'voir par ici, Lieutenant ! »

Markus avait froncé les sourcils et agita un index devant eux, cherchant dans sa mémoire.

« 'Tendez, 'tendez... Ludwig ?... Le sergent du Walzburg ? C'est ça ? »

Sur les traces d'une louve blancheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant