Chapitre 23

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Les trois hommes avaient finalement passé presque trois jours dans ce lieu, le temps de se reposer un peu de leur trop longue course poursuite. Flammèche et Sry avaient sympathisé avec les singes, plus que leurs humains, même s'il y avait eu des tentatives d'approches, surtout de quelques jeunes assez curieux.

Trois jours durant lesquels Markus, s'il ne disait rien, voyait bien que ses deux protégés s'étaient encore rapprochés. Alexei lui avoua vite qu'il avait expliqué à Scalys la vraie nature de son mariage et qu'il était soulagé que le prêtre l'ait si bien pris. Markus n'en fut pas surpris, pour sa part. Il se doutait de longue date que leur jeune ami était plutôt ouvert là-dessus et aussi qu'il jugerait bien plus sain un faux mariage de ce genre que le fait de mentir à son époux ou son épouse en faisant semblant de l'aimer pour mieux le ou la tromper en cachette.

Le vétéran regardait donc avec autant d'intérêt que d'amusement ces deux gamins qui se plaisaient tout de même beaucoup, mais n'osaient pas l'admettre et donc encore moins se l'avouer.

De son point de vue, ils allaient finalement plutôt bien ensemble. Leur amitié était déjà une excellente nouvelle pour l'avenir du royaume, plus que ça ne poserait pas de souci.

Markus observait donc sans rien dire, curieux de la façon dont tout cela allait tourner.

En réétudiant les cartes, Markus et Alexei avaient pu identifier dans quel sanctuaire ils se trouvaient. Ce qui leur avait permis d'estimer que, s'ils n'étaient pas aussi loin qu'ils pensaient de leur but, ils avaient par contre bien dévié et qu'un nouvel itinéraire était à étudier. Ce qu'ils firent sans trop de mal, prévoyant même des alternatives si besoin. Dans tous les cas, ils en avaient encore pour quatre à cinq jours de voyage.

Scalys remis de son excès de magie, leurs forces retrouvées après deux bonnes nuits au chaud et des repas consistants, et après un dernier bain et des salutations polies aux singes, les voyageurs repartirent.

A cette altitude, les neiges devenaient fréquentes et un des cols qu'ils devaient traverser se révéla ainsi déjà bien blanc. Mais ils purent le passer sans trop de mal, ne perdant que du temps.

Ils pensaient être réellement débarrassés des assassins et, s'ils observaient parfois, au loin, des loups qui les suivaient, ceux-ci restaient à distance et ne semblaient pas vouloir les attaquer. Leur but se rapprochait, ils avaient bon espoir d'accéder enfin à des zones habitées quelques jours plus tard.

La montagne restait dangereuse. La neige devenant pluie lorsqu'on se trouvait trop bas rendait le sol parfois instable. C'est ainsi qu'un après-midi, alors qu'ils longeaient une paroi terreuse bien imbibée, à flanc de falaise, sur un terre plein suffisamment large, sursautèrent tous en entendant un hurlement lupin très proche. Stoppant leurs chevaux, alarmés, ils regardèrent tout autour d'eux pour voir enfin, à leur hauteur sur la pente d'en face, à, peut-être, 20 ou 30 mètres d'eux, un loup si blanc qu'il semblait scintiller.

L'animal les regardait sans agressivité et hurla à nouveau. Flammèche, qui avait sorti son nez de sous le poncho d'Alexei, la regarda et glapit.

Scalys et Alexei étaient médusés et ils sursautèrent encore quand, à quelques pas devant eux, un éboulement de terrain, dû à un vieil arbre déraciné par les pluies, emporta le chemin qu'ils allaient emprunter.

Selena, qui était en tête, comme souvent, recula un peu, plus de contrariété que de peur. Il y avait cependant un peu de distance, elle ne rentra pas dans Soles qui avait juste fait un petit bond.

Markus n'était pas moins étonné. Il regarda immédiatement par réflexe si autre chose risquait de tomber, mais tout semblait calme.

Il allait donc proposer de faire demi-tour quand il vit Scalys porter ses mains jointes à son visage et hocher la tête pour saluer le loup qui les regarda une dernière fois avant de filer en un clin d'œil.

Sur les traces d'une louve blancheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant