Chapitre 14

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Le bateau fendait les vagues depuis quelques heures et Scalys avait noté avec curiosité que les oiseaux les avaient suivis un moment avant de repartir. Sous le soleil estival, la mer étincelait. Elle était calme, tout comme le ciel, parfaitement bleu.

L'embarquement s'était passé sans heurt, si on exceptait la mauvaise volonté de Selena. L'idée d'être enfermée en cale, même dans un espace confortable, avec de la paille et tout le nécessaire, n'avait pas l'air de beaucoup lui plaire et il avait fallu toute la patience de son prince pour parvenir à la faire monter à bord. Le navire avait quitté Walzburg un peu après midi et profitait depuis d'un vent d'est bienvenu pour le pousser dans la bonne direction.

Scalys s'était installé sur le pont, à même le plancher, contre des tonneaux, pour lire un des livres qu'il avait emmenés, bien content de ne pas se sentir malade. Jusqu'ici, ça allait pour Alexei, apparemment. Sry, très curieux de tout ça, visitait le bateau, volant autour, se posant parfois dans les cordages, ou allant surveiller ce que faisaient les marins que ça amusait beaucoup.

Entendant des bruits métalliques à sa droite, Scalys leva le nez pour aviser Markus qui, le voyant, le rejoignit. Le vétéran portait un sac à l'épaule, leurs épées et aussi le très long objet emballé dont Scalys se demandait toujours ce que c'était, car il n'avait pas servi depuis leur départ. C'est donc avec une curiosité certaine que le jeune prêtre le regarda s'asseoir à ses côtés avec son bazar.

« Accepteriez-vous de me tenir compagnie pendant que je m'occupe de ces lames ?

– Je vous en prie.

– Merci.

– De quoi s'agit-il ? »

Le jeune homme avait refermé son livre sur son doigt en se redressant et son air fit sourire Markus.

« Oh, vérifier leur état, huiler et aiguiser un peu si besoin... Vous avez besoin, pour votre canif, d'ailleurs ?

– Ah oui, peut-être, vous faites bien de me demander... »

Scalys posa son livre et fouilla dans sa sacoche, posée très de lui, pour en sortir son couteau. L'objet était vraiment petit, sa lame pas plus longue qu'un des doigts de son propriétaire. Markus avait eu l'occasion de voir Scalys s'en servir et de constater le soin qu'il en prenait. Soin qui ne manqua pas à ce moment, Scalys retirant avec attention la petite lame de son petit fourreau en cuir et tâtant son tranchant.

« Elle est un peu émoussée... »

Markus, qui sortait son matériel de la besace qu'il avait emportée, hocha la tête et lui tendit sa pierre à aiguiser. Scalys le remercia et se mit à l'œuvre alors que le soldat commençait à déballer le fameux objet.

Scalys découvrit avec incrédulité la chose et resta bête, clignant des yeux.

« C'est une épée... ? » bredouilla-t-il en se penchant.

Markus, qui la dégageait avec un grand soin, tenant sa longue poignée d'une main en écartant la toile de l'autre, le regarda, surpris de sa perplexité :

« Euh... Oui... ? »

Scalys eut un petit rire :

« J'étais persuadé que c'était une lance, vu sa taille... »

Markus sourit, amusé :

« Ah, elle en aurait quasi la longueur...

– Vous arrivez vraiment à manipuler une lame aussi grande ?...

– Oui, oui, ça se fait... Ça s'apprend... »

Il examina la lame, puis se mit à la huiler avec soin, content de son état. Scalys lui rendit la pierre à aiguiser en le remerciant. Le jeune homme rangea son couteau et reprit son livre.

Sur les traces d'une louve blancheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant