Chapitre 9

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Athéna

Le Lion d'Or n'a de brillant que son nom.

La musique rock  émane de grosses enceintes posées à même le sol sur la piste de danse où se trémousse un tas de personnes qui empestent l'alcool. Les murs jaunis, les différentes traces marrons douteuses ainsi que le sol collant et l'odeur immonde de transpiration et de fumée me donne la nausée. Des hommes sont attablés dans de petit box au fond du bar et observent les filles se déhanchaient, le regard malsain. L'atmosphère est différente ici. Il fait chaud et lourd. Je suis heureuse de ne porter qu'une robe pour ne pas étouffer. Mon arme dans mon sac et une lame sous ma chaussure, je me sens moi-même. Le danger est partout autour de nous et me donne des frissons. C'est comme si je me tenais au bord d'un précipice sous une tempête et que seulement quelques centimètres me séparent de la chute. J'ai toujours eu tendance a flirter avec la mort.

Cette partie de moi me fait penser à mon père et je la déteste, mais pas ce soir. Ce soir, je veux qu'elle s'empare de moi. C'est le seul moyen de rester en vie un peu plus longtemps. Le seul moyen de le retrouver, le seul moyen d'en finir pour de bon.

_ Ne sois pas aussi ravie d'être ici, on a du travail, grommèle Rio.

Lui aussi a l'air à sa place ici. Il observe tout le bar avec un œil avisé. Il s'approche et rajoute sa chaleur à celle ambiante.

_ Tu reconnais quelqu'un ? il demande contre mon oreille. 

J'ignore les frissons qu'il provoque un peu partout dans mon corps. J'étudie chaque personne dans le bar, mais aucun de ces visages ne m'est familier. Je ressens la vague de déception comme un séisme. Je secoue la tête. Je ne suis plus une enfant et pourtant j'ai l'impression que rien n'a changé depuis ce temps-là.

Tu es toujours un échec, Athéna.

Je prends une profonde inspiration.

Tu as toujours été une erreur, et tu resteras toujours une erreur.

Tu es une bonne a rien. Tu es pathétique. Regarde ce que tu me fais faire. Tout va bien se passer, ma colombe. 

Je suis à bout de souffle devant les souvenirs qui prennent place derrière mes paupières. Ma poitrine se comprime sans mon accord, j'ai le regard vacillant et les mains moites. J'ai du mal à faire entrer de l'air dans mes poumons. Cependant, je le cache bien parce que personne dans ce bar ne voit la pauvre fille en train de faire une crise de panique au milieu de la piste de danse.

Soudainement Rio pose sa main sur le bas de mon dos et tout ce à quoi je peux penser c'est ce contact léger sur ma peau. C'est tout ce qu'il me faut pour m'ancrer de nouveau dans la réalité, alors je ne lui demande pas de l'enlever, pas tout de suite. 

_ Détends-toi, mon trésor, on va trouver quelques chose.

Il est charmant quand il est inquiet. C'est étrange, je n'ai jamais pu me reposer sur quelqu'un quand je suis en mission. Je pourrais m'y habituer. Je prends une autre profonde inspiration et je m'en vais. Il faut que je mette de la distance entre lui et moi. Je m'assois au bar et fait un signe à la serveuse, une jolie rousse aux yeux marron.

_ Un verre d'eau, s'il vous plait.

Rio s'installe sur le siège à mon côté et elle le mate sans vergogne comme chacune des femmes que l'on a rencontrées jusque-là. Elle lui laisse même son numéro quand elle revient avec mon verre sans me jeter un regard. Bravo, la sororité ! Il pourrait être mon copain ou mon mari. Soudainement ça me frappe, personne n'emmène sa moitié dans un endroit comme celui-ci. Il n'empêche pas que son comportement m'agace.

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