Chapitre 16

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RIO

J'ai merdé.

Je l'ai su au moment où ces mots sont sortis de ma bouche. J'aurais dû lui dire ce qui me préoccupait vraiment. J'aurais dû mettre des mots sur ce que je ressentais. Je ne l'ai pas fait.

C'est une mauvaise habitude que j'ai depuis l'enfance et avec la mort de Nail les choses ont empiré.

J'ai toujours les suspicions de Max dans la tête et ça m'embête. Et pour rien arrangeaient, je n'ai pas aimé la façon dont elle a dit le mot "ami". Elle était apprêtée et n'a jamais mentionné un garçon dans le passé. Je n'aime pas l'idée qu'un autre homme puisse être capable de la toucher ou de la faire rire. Je n'aime pas ça. Dans tous les cas, je n'aurais jamais dû utiliser ce que m'a appris Aristote contre elle. Après avoir eu toutes les informations que je voulais, j'étais préoccupé et surtout en colère. J'étais en colère contre son père pour lui avoir fait subir ces horreurs et en colère contre Max qui m'a demandé de la comprendre, mais qui ne la comprend pas lui-même. J'étais en colère contre elle aussi. Son tableau de chasse est bien plus important que ce que j'imaginais. Lorsque j'ai vu ces centaines de noms, j'ai pensé à ces familles qui avaient perdu un proche dans ces circonstances. J'ai pensé à ce que j'ai ressentit quand on m'a appris que mon petit frère était décédé. « Obéir aux ordres de John était mon seul moyen de rester en vie et de protéger ma mère. Je ne m'excuserai pas pour ça. »

J'ai vu la manière dont son regard s'est brisé quand elle s'est mise à rire. Elle était blessée quand elle a braqué son arme contre mon torse. Je haïs son père de l'avoir fait souffrir et je viens de faire exactement la même chose. Je ne vaut pas mieux que lui. 

_ Bordel, je grogne en passant une main dans mes cheveux.

_ Tu as raison mon pote, marmonne Sydney.

Il est toujours en pyjamas, un pantalon couvert de chaton. Avec ses cheveux blond et long et son torse ciselé et sa peau dorée, il est le parfait cliché du surfer australien.

_ Tu nous as entendus ? je demande en m'affalant sur le canapé.

_ Toute la ville, vous a entendu. Sauf, Paris, même un ouragan ne pourrait pas le réveiller.

_ J'ai merdé, Syd...

_ Oui, tu l'as fait, il confirme d'un hochement de tête.

_ Le patron a des suspicions sur elle et son père. Il pense qu'elle n'est pas vraiment de notre côté sur cette affaire et je ne sais pas quoi en penser.

Sydney sirote sa tasse de chocolat chaud.

_ Tu veux mon avis ? il demande et poursuis lorsque je hoche la tête. Athéna n'a jamais été de notre côté et elle l'a clairement répété des centaines de fois. Elle déteste les agents et c'est évident qu'elle n'a pas envie de travailler avec nous. Je ne connais pas tout de son histoire avec son père mais ce que je sais me suffit pour comprendre son aversion envers l'Agence.

Ça a du sens. Et pourtant...

_ Tu ne l'as pas vu Syd, je soupire. Cette part d'elle, sa façon de tuer des gens sans éprouver le moindre remords.

Sydney réfléchit un moment. J'oublie souvent, à cause de son humour léger et son esprit décontracté, que Sydney est l'un des meilleurs stratèges de l'Agence.

_ Athéna a eu une vie difficile, mais elle parvient tout de même à maintenir une amitié stable, à garder son travail et elle flirte même avec d'autre garçon. Je pense qu'il y a une différence entre ne rien montrer et ne rien ressentir.

L'Agence 1.0Où les histoires vivent. Découvrez maintenant