Chapitre 35

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RIO

Quand mon frère est mort, je me souviens avoir senti ma poitrine se contractait si fort que ça me faisait souffrir le martyre. C'est comme si mon corps essayait de me protéger de ce chagrin qui me menaçait. À son enterrement, j'étais vide, à peine vivant. Après trois mois, j'étais en colère. J'étais violent dans mes missions, dans mes relations avec les autres. J'ai gardé cette colère en moi depuis ce jour tout en la contrôlant à chaque instant. Mes amis m'ont beaucoup aidé durant cette période de ma vie.. Ils m'ont appris à vivre avec, il m'était impossible de la laisser tomber.

Mais avec Athéna, cette colère, la culpabilité, tout ça n'était plus aussi important. Elle me fait voir le monde d'une manière que je n'ai jamais aperçue.

J'ai l'impression de voir ce monde m'échappait.

À première vue, l'entrepôt est vide. Mais je sais que John dans sa perversité a dû choisir la même pièce ou j'ai retrouvé Athéna la première fois qu'elle est venue. C'est immédiatement là-bas que je me dirige. Je monte les escaliers un à un. Paris, Oslo et Sydney ne devraient pas tarder à nous rejoindre, ainsi qu'une ambulance et des policiers. Quoiqu'il se soit passé dans cet entrepôt, je sais que du sang a coulé. Je sens encore dans l'air son odeur âcre et répugnante.

Une fois devant la pièce, je suis pétrifié. Le monde autour de moi s'arrête. C'est comme si j'étais replongé un mois plus tôt, dans un cauchemar qui me hante encore certaines nuits.

J'essaye de courir. Je crois que j'y parviens. Je cours vers elle. Elle est sur le sol, gravement blessé. Une flaque de sang entoure son corps et celui de John. Tout le reste se passe au ralenti. J'ai l'impression d'être dans une boucle temporelle et de revivre mon cauchemar encore et encore. Je me souviens avoir hurlé. Je me souviens avoir tenté de stopper l'hémorragie. En quelques secondes, mes mains se couvrent de sang, son sang. Elle est vraiment très pâle et son visage est couvert de bleu mais malgré ça, elle souriait. Le sourire léger de la victoire. John était mort, pour de bon.

Je me souviens l'avoir supplié de rester avec moi. Je me souviens lui avoir hurlé que je l'aimais. Je me souviens lui avoir dit de ne pas m'abandonner.

Mon corps était là, mais mon esprit était ailleurs. Je voyais tous les moments de ces derniers mois partir en fumée. Pire encore, je voyais tous les moments que nous aurions pu avoir m'échapper.

Je me vois hurler de douleur.

Je hurle parce qu'à cet instant, j'ai vraiment le sentiment que le rayon de soleil de ma vie a disparu, la seule femme que j'ai jamais aimée, la seule âme capable de compléter la mienne est partie.

Je ne sais pas combien de temps se passe avant que les premiers pompiers ne débarquent. Des minutes ? Des heures ? Ils me hurlent des ordres, que je ne comprends pas. Je refuse de la lâcher, je refuse de la quitter du regard, mais je n'ai plus d'autre choix que de la voir être prise en charge par les secouristes. Je les vois la poser délicatement sur un brancard et tenter de comprimer la plaie. Quand ils la sortent et quittent les lieux, je suis déjà sur la moto d'Oslo, prêt à les suivre.


RIO

Les couloirs de l'hôpital sont bondés. Les heures défilent, encore et encore, sans qu'aucun médecin ne me donne de nouvelles. J'ai les vêtements et les mains couverts de sang. Je suis dans un état second. La journée tourne en boucle dans ma tête.

Athéna était inconsciente quand les pompiers l'ont emmené. Son cœur battait légèrement d'après ce que j'ai compris. Ils étaient inquiets qu'il ne tienne pas le coup et que la perte de sang lui soit fatale. John lui a tiré une fois dans le thorax. Aucun organe vital n'a été touché, par je ne sais quel miracle.

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