Chapitre 27

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 RIO

Dans le salon, une odeur d'épices me met l'eau à la bouche.

Daria, Paris et Sydney se sont surpassés. Nous n'avons pas souvent l'occasion de tous manger à table. Généralement, on fait cet effort quand la famille de Paris ou celle de Sydney nous rendent visite. Mais Daria a expliqué que ce genre de repas se partagent autour d'une table et pas sur un canapé devant la télé. Personne n'a osé la contredire.

À table, je m'installe au côté d'Athéna qui n'a pas cessé de rougir au moindre contact avec moi. Je fais parfois intentionnellement un mouvement de la jambe pour frôler la sienne, juste pour voir ses joues devenir cramoisis. Lorsqu'elle comprend mon petit jeu, Athéna ne se laisse plus avoir. On échange sur des sujets banals à table. Personne ne parle de la mission de cet après-midi, du kidnapping ou de John. Apparemment Daria a un réel talent et une passion pour la cuisine qu'elle n'a pas osé suivre.

_ Ce n'est pas trop tard, l'encourage Athéna. Tu peux encore t'inscrire à ce stage à Londres et faire de ta passion ton métier.

_ Londres ? demande Paris.

_ Daria a reçu une offre pour un stage de deux mois avec l'un des meilleurs cuisiniers au monde, elle explique.

Daria rougit face aux compliments.

_ Ce n'est pas grand choses et en plus c'est beaucoup trop loin. Je ne peux pas abandonner mon poste à la clinique.

Son regard se tourne une fraction de seconde vers Athéna, mais je sais qu'elle l'a vue aussi. Elle se crispe légèrement. Daria ne reste pas ici seulement pour son travail. Elle reste pour Athéna également.

Sydney change de sujet, mais je reste sur cette idée. Je comprends mieux la culpabilité qu'éprouve Athéna envers sa meilleure amie. Je suppose que Daria a un rôle bien plus important que celui que j'imaginais quant aux meurtres. C'est évident après tout, une amitié comme celle qu'elle partage ne nait pas de manière anodine.

En tout cas, Daria devrait réellement tenter sa chance, car son plat est exquis.

Le reste de notre soirée improvisée se passe sans drame. Athéna s'est rapproché de moi de manière presque instinctive et je me suis rapproché d'elle de manière parfaitement consciente. Personne ne fait de commentaires, mais je sais que les garçons attendent simplement le moment où les filles ne seront plus là, pour me demander ce qu'il en est. Ce moment, c'est lorsque les filles s'éclipsent dans ma chambre et que nous sommes tous les quatre de corvée de vaisselles. Sydney et moi, on se charge de laver tandis qu'Oslo et Paris sèchent.

_ Quand est-ce que tu comptais nous le dire ? demande Paris.

_ Vous dire quoi ? je renchéris.

_ Que tu sors avec ta protégée, intervient Oslo.

Je lui tends une assiette.

_ Je ne sors pas avec elle. Pas encore, j'ajoute.

_ Pas encore, répète Paris, un sourire ravi sur le visage. Elle est au courant ?

Je lui lance un regard sombre.

_ Bien sûr, crétin.

_ Et qu'est-ce qu'elle a dit ? demande Oslo, soudainement très intéressé par ma vie amoureuse.

_ Elle n'a rien dit, je réponds. Je lui ai dit qu'on reparlerait de ça une fois que son père ne sera plus qu'un lointain souvenirs. Je crois... qu'elle ne pourra pas s'engager dans quoi que ce soit tant que John sera en vie.

Sydney me tend un verre.

_ C'est compréhensible. Mais tu es prêt à t'investir pleinement dans une relation amoureuse. Je ne t'ai jamais vu en couple et je suis certain t'avoir entendu dire distinctement que tu ne voudrais jamais te caser.

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