Chapitre 13

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Athena

Le chocolat dans ma bouche est la seule chose qui me permet de tenir debout.

Mon père ne s'est jamais trouvé aussi proche est aussi loin de moi. Daria et Paris sont partis il y a quelques minutes vers son appartement pour récupérer des affaires étant donné qu'elle ne peut plus rester là-bas. Oslo et Sydney sont partis depuis plus longtemps. Apparemment, ils ont plusieurs contacts dans la police qui pourront les aider à trouver quelques choses de tangibles à travers les caméras de sécurité. C'est gentil de leur part d'aider Rio dans sa mission.

Avec les informations à mon sujet qui sont désormais entre les mains de mon père, je ne peux pas retourner chez moi, non plus. Rio m'a proposé de rester chez lui cette nuit et de trouver une solution demain. C'est pour cette raison que je me retrouve assise sur son balcon, vêtu de ses vêtements, ce qui signifie, un t-shirt beaucoup trop grand pour moi et un short de basket à l'effigie des Chicago Bulls.

_ Tu vas tomber malade, me prévient Rio qui dépose un plaid sur mes épaules.

Il s'appuie contre la rambarde et croise les bras, la mine soucieuse.

_ Il y a quelques choses que tu refuses de me dire Athéna, il continue.

C'est étrange de l'entendre m'appeler par mon prénom et pas ce stupide surnom. Les choses entre nous ont évolué rapidement. J'ai mal de l'admettre, mais Rio n'est pas si mal pour un agent. C'est peut-être pour ça et surement à cause de cette soirée ratée que j'ai envie de lui révéler des choses que je devrais garder pour moi. 

_ Quand j'avais douze ans, mon père m'a emmené en expédition. Ma mère était à l'hôpital et je pensais qu'il voulait créer des liens et passer plus de temps avec moi, je ris nerveusement. Quand nous sommes arrivés au milieu d'une forêt, mon père m'a abandonné avec une bouteille d'eau et une arme. C'était la première fois que je tenais un flingue dans les mains. Elle était petite et à peine plus lourde que la bouteille. Je me rappelle m'être demandé comment une si petite chose pouvait provoquer autant de dégâts.

Je joue avec la lanière de mon short pour éviter de croiser son regard. Je ne sais même pas pourquoi je lui raconte tout ça.

_ Avant de s'en aller, il m'a donné des instructions. Je devais monter le flanc de la colline et le retrouver au sommet. J'ai marché toute la journée et quand la nuit est enfin tombée et que je suis arrivée à notre point de rendez-vous, il m'attendait et il n'était pas seule, je soupire. Il avait attaché cette fille à un grand chêne. Elle était maigre, les cheveux gras et avaient des traces de piqures sur les bras.

Je tremble et ce n'est pas lié à la température ambiante. Je revis cette nuit dans les moindres détails. Le vent qui soufflait de plus en plus fort à mesure que la nuit avancée. L'odeur du feu allumé par mon père. Les râles de la fille dont le regard terrifié passait de moi à mon père, sa tentative d'amadouer John en lui affirmant qu'elle avait une famille et qu'ils avaient besoin d'elle. La fin tragique qu'elle a connue et mon innocence disparut à jamais. Beaucoup de choses sont morte sur le sommet de cette colline.

_ La fille m'a supplié de l'aider et mon père m'a dit que si j'étais vraiment une gentille fille, obéissante et bien élevée, je la tuerais. J'ai refusé. J'étais prête à me faire taper dessus des jours entiers, mais je refusais d'être violente. Je refusais d'être comme lui.

Ma voix ne tremble pas. Je raconte cette histoire comme quelqu'un qui aurait assisté de loin ce spectacle, alors que j'en avais le rôle principale.

_ Après plusieurs minutes à le supplier de la laisser s'en aller mon père a perdu patience. Il a pris son arme et lui a tiré une balle dans la cuisse et dans le bras. Il savait exactement où viser pour éviter à sa victime de mourir trop vite. Il voulait s'amuser, je murmure. Il m'a posé cette question des heures durant. Pendant des heures, je le suppliai d'arrêter et à chaque fois que la réponse ne lui plaisait pas, il tirait sur cette pauvre fille. Des heures après avoir été criblé de balle, je me demandais encore comment elle pouvait être encore en vie. Je me souviens avoir croisé son regard... elle me suppliait de la tuer.

L'Agence 1.0Où les histoires vivent. Découvrez maintenant