Chapitre 20

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RIO

Les mots refusent de sortir de ma bouche.

J'aurais dû lui dire au moment où elle a passé la porte du salon, mais je refuse de ternir le sourire que je vois sur son visage. Les marques violacées sur sa gorge sont des rappels du calvaire qu'elle est en train de vivre. Comment suis-je supposé lui dire que l'homme qui a bousillé sa vie, celui qui a tué sa mère, n'est pas son père biologique, mais que son véritable géniteur est en vie et se trouve être mon patron ? Je sais qu'Athéna est forte, bien plus forte que moi, mais je suis persuadé que malgré ça une nouvelle de ce genre risque de lui faire du mal. Je ne peux pas lui cacher cette information. Elle a le droit et mérite de savoir qui est son vrai père. Mais une partie de moi refuse de lui dire et de la mettre au courant avant ce soir. Si elle sait ce qui se trame, elle ne sera pas dans l'état d'esprit nécessaire à une opération de ce genre. Je ne peux pas prendre le risque que les choses se passent mal et qu'il lui arrive malheurs.

J'ai pris ma décision, je lui dirais tout quand cette opération sera terminée.

Tout le monde est prêt. Daria est arrivée il y a trente minutes et s'est équipée d'un gilet pare-balles camouflé par ses vêtements et d'un micro. Le parc est désert hormis des agents et des policiers en civils. Ce soir, une seule personne sera blessée et ce sera Malik.

Je suis appuyée contre un arbre, une oreillette me rapportant les moindres paroles de notre groupe. Athéna est assise sur un banc avec Paris. Oslo promène un chien et Sydney discute avec un autre agent. Nous sommes tous à l'affut du moindre bruit, du moindre mouvement qui nous signalerait l'arrivée de notre cible. Daria fait tout ce qu'elle peut pour paraitre détendu, mais son regard inquiet et son tressaillement de la jambe sont des indications de son niveau de stress. J'espère que Malik ne le remarquera pas.

En observant la scène, je me souviens de mon coup de téléphone avec Max.

_ Elle est ma famille, il répète d'une voix plus ferme. Miranda et moi, nous nous connaissions depuis notre enfance et j'ai toujours su qu'elle serait la femme de ma vie, il raconte la voie devenue éraillée par le chagrin. John était l'un de mes amis et à cette époque, il est tombé sous le charme de Miranda. C'était réciproque et ils ne mirent pas longtemps à entamer une relation. Nous commencions notre carrière à l'Agence et pour évacuer le chagrin, je travaillais comme un fou. J'ai été promus à l'Agence de New York, je n'étais pas souvent là et je n'avais plus de contact avec elle. Lorsque je suis revenue à Los Angeles et que je l'ai trouvé, elle n'était plus aussi rayonnante, plus aussi heureuse. J'ai décidé de passer plus de temps dans les parages pour rester auprès d'elle. Les choses ont rapidement évolué entre nous.

Je prends note de chaque information.

_ John était-il violent à cette époque ? je demande.

_ Non. Il n'avait alors jamais levé la main sur Miranda. Il était cruel, mais pas violent. Il a changé... après avoir appris la vérité. À cette époque, j'étais pressentie pour devenir le nouveau patron de l'Agence alors pour apaiser les choses, je suis partie.

Je reste pétrifié.

_ Vous l'avez abandonné, je gronde.

Le silence au bout du fil ne fait qu'augmenter ma colère.

_ Vous avez choisi l'Agence au lieu de la femme que vous aimiez.

Je n'ai jamais éprouvé de dégout pour le patron dans le passé. Mais à cet instant, aucune autre émotion ne se distingue en moi, à part celle-ci. Il n'y a rien de plus blessant que de s'apercevoir que la personne qu'on admire le plus ne mérite pas d'être élevé aussi haut dans notre estime.

L'Agence 1.0Où les histoires vivent. Découvrez maintenant